Sans brandir drapeau, ni blanc ni aux couleurs qui en "vaillent les peines", descendante de ceux et celles qui m'ont donné souffle de vie sur cette île, j 'ouvre bouche pour que paroles s'envolent comme pollen au vent et plantent ce qu'elles pourront à l'entour de la terre.
J'ouvre lèvres pour dire que je comprends et ressens comme indispensable un assainissement relationnel sociétal ... Ici ou ailleurs. Comme nombre d'entre nous.
J'y aspire comme tout être inspure et expire... aspire à une révolution humaine indispensable ...
Il ne s'agirait pas d'une démarche "ardoise-effaceur".
C'est bien plus délicat que cela !
Il s'agit d' un geste inédit ... attendu ou inattendu...
Une pulsion profonde d'en-vie.
Une démarche profondément créative ou re-créative, régénérante, qui s'éleverait, lasse
de "taires" toxiques
au sein de familles aux sangs entremêlés plus ou moins harmonieusement.
Il s'agirait d'un formidable "lasotè" pour "fouiller-assainir-planter" sur cette île nôtre, et qu'il émane de la démarche quelque chose de plus digeste pour "l'unis-son".
Car l'histoire - et les humains qui la font - sêment parfois des fruits indigestes.
Pour cela pourquoi ne pas s'asseoir sur les bois dressés de la yole-péyi pour qu'elle s'élève au dessus des vagues et avance sans prendre l'eau, en visant l'horizon du "yonn a lot" espéré.
Ce serait comme une poussée irrésistible en "avents", une pulsion montée de nos tréfonds pour que justice soit enfin faite.
Non. Personne n'est obligé d'accepter les avantages acquis d'un système inique, d'un patrimoine entrelacé des fils inextricables du vermicelle-diable et des rhizomes d'attitudes dominatrices et condescendantes.
Les descendants de "profiteurs de guerre" peuvent aspirer à entreprendre de se délester du poids de "l'injustement acquis".
Démarche libératrice souhaitable qui leur ferait leur plus grand bien s'ils souhaitent un "respirer" librement dans un monde débarrassés des sables venant de régions désertiques où les coeurs ne poussent aucun espoir d'avenir serein.
Que les uns jouissent de moins de superflu pour que d'autres aient un quotidien décent.
Est-ce inenvisageable ? Est-ce trop exiger ?
" Pani balans pou pézé lanmori, pani balans pou pézé makriyo"...
Es i ni an balans pou pézé la "chair humaine" ?
Rééquilibrer la balance pour peser la "chair humaine"c'est ce dont il s'agit, non ?.
Avant de fumer "le calumet d'une paix mémorielle", avant de reposer en paix dans la terre qui nous a vus naître il semble nécessaire de poser quelques étapes essentielles.
Passer par la "case" des "gestes de bonne foi", paroles de reconnaissance de ce qui a été et de ce qui demeure comme séquelles, de délestage ou dépassements d'égos... actes d'entraide en terre de 'jardins" à partager .
D'aucuns diront "Je ne suis pas responsable de ce qui a été posé par le passé !"
Le chemin de l'éveil des consciences est plus ou moins long et il faudra bien commencer...en attendant qu'ils s'éveillent et viennent rejoindre les coeurs vaillants des premiers lancés, les coeurs qui ont compris que l'argile des jours troubles repose le jour où l'eau tumul-tueuse s'apaise.
Effacer les rancoeurs les plus enracinées passe par là ;
Notre créativité multidimensionnelle....
Un art de vivre à nos images, aux images qui nous parlent.
Un art de nous Aimer très fort, tout simplement.
Un art d'ouvrir les bras de nos rivières et de l⁷es préserver des poisons émotionnels.
Un art de choyer les mangroves de notre île, becs et ongles, tels des coqs au combat.
Il ne me semble pas juste de demander aux descendants des esclavagisés, dont l'ADN à été marqué par maintes mal-menances de l'état et des colonisateurs, de prendre l'initiative d'effacer d'eux ce qui a été. D'un coup de baguette magique, mais il faut bien commencer quelque part, par un bout ou l'autre...
Un lot de souffrances se sont déposées de génération en génération et de nouvelle souffrances (dont l'empoisonnement au chlordécone...) se sont ajoutées.
Refuser tout acte touchant à l'intégrité des nôtres, s'opposer à ce que "l'humanité" soit bafouée à nouveau, s'allier dans les combats de réparation,
défiler ensemble lors des dates clefs marquant notre histoire, ce sont là des actes concrets, clairement identifiables par tous. Des actes à poser, qui aident à adoucir les angles aigus de notre histoire. Ce sont des actes qui démontrent nos volontés d'être présents les uns aux autres et prêts à discuter dans le respect mutuel de nos projets d'avenir ! Prêts à essuyer les oppositions, les résistances à cette demande de pardon clairement formulée...
La confiance à retrouver est à ce prix.
Tomber, se relever, supporter crachats, ne rien lâcher sur ce chemin de croix pour les uns, surmonter le poids de son karma pour les autres.
Rien de simple.
De la sueur.
De la conviction dans la justesse de la victoire à venir. Pour la libération des chaînes de nos esprits.
Des actes plus forts sont à poser, qui affirmeraient la volonté de s'alléger des avantages hérités de ces actes d'injustice, de s'alléger des bénéfices pesants dont l'histoire les a arbitrairement gratifié.
Un pays est à construire - au dépassement des brisants de l'histoire - un pays auto-suffisant alimentairement.
Un petit pays fier de sa victoire contre l' inéluctable pourrissement et la rouille paralysante.
La reconsidération de l'utilisation des terres serait un acte fondateur.
Le bétonnement des terres est de l'auto-destruction.
Nul besoin de maîtres à penser, de chef de parti, examiner nos consciences avec sincérité.
Notre survie à tous passe principalement par cette terre nourricière, notre terre à tous et non clôturée et détenue par quelques privilégiés.
La terre, l'eau, l'accès à la mer devraient être propriété de la collectivité.
La propriété privée des terres cultivables est
inique. Produire les fruits et légumes à un prix décent et surtout accessible aux plus démunis est une priorité, pas de la charité.
Regardons tout au fond de nous. Ce qui a été posé par un roi, par l'Etat, par le passé, n'est pas toujours juste. Réfléchir aux changement souhaitables pour rééquilibrer la balance de la justice n'est pas de l'angélisme...
C'est être lucide.
Tout chemin commence par une trace !
La trace à suivre est spirituelle, celle initiée par Lakou Zémi mais bien d'autres....
La trace naît en chacun de nous, en dialogue sincère avec nous-mêmes.
Jocelyne Mouriesse
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