jeudi 14 janvier 2010

Dans Newsweek : Haïti, plein d’espoir hier, replonge soudain dans le chaos


Haïti qui avait consolidé sa stabilité économique et sociale vient de plonger dans un gouffre humanitaire et économique.
> Article paru sur le site internet de Newsweek le 13 janvier 2010.


Haïti était déjà le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental lorsqu’un tremblement de terre de magnitude 7.0 a hier totalement dévasté l’île. Au cours de la dernière décennie, une déforestation massive avait laissé le pays dépourvu de sources d’approvisionnement stables, et très vulnérable aux glissements de terrain. En 2004, une tempête tropicale avait frappé Haïti et fait 2 500 victimes. C’était aussi l’année où la rébellion avait renversé le président Jean-Bertrand Aristide (lui-même remis au pouvoir par les Marines américains en 1994), laissant à la mission de maintien de la paix des Nations Unies le soin de réparer les dégâts. Puis, en 2008, c’est l’ouragan Gustav qui touchait l’île, suivi à peine une semaine plus tard par l’ouragan Hanna, puis quelques jours après par l’ouragan Ike, faisant plus de 800 morts et des milliers de sans-abri.

Haïti était sur la voie de la guérison


Et pourtant, en dépit de cette succession de catastrophe, Haïti était sur la voie de la guérison. Avec de l’assistance et des conseils, le pays aurait même pu atteindre une certaine normalité. Voici ce que déclarait la Banque Mondiale en septembre :
Depuis 2004, Haïti a consolidé sa stabilité économique et sociale, élu un président et un parlement, et mis en œuvre un ambitieux programme de réformes. Néanmoins, le pays continue d’être confronté à d’énormes défis dans ses efforts visant à améliorer sa gouvernance, stimuler sa croissance, réduire la pauvreté, maîtriser la criminalité et la violence, et réduire sa vulnérabilité aux désastres naturels et autres chocs extérieurs. Relever ces défis exigera de nombreuses années d’aide internationale constante ainsi que des efforts massifs de la part du gouvernement et du peuple haïtien.

Pauvreté la plus extrême


L’essentiel de la population du pays, de 8,8 millions d’individus, vit dans la pauvreté la plus extrême. En 2001, 54 % de Haïtiens vivaient avec moins d’un dollar par jours, et 78 % avec moins de deux dollars. La PIB par tête était en 2008 de 728 dollars. Les infrastructures, les indicateurs sociaux et de santé sont les pires de la zone Amérique, souvent inférieurs à ce qu’on observe en Afrique subsaharienne. L’environnement connaît une sévère dégradation, et laisse le pays tout particulièrement vulnérable aux inondations, glissements de terrain et ouragans.
De là, la situation semblait sur la voie de l’amélioration. La semaine dernière seulement, Hedi Annabi, haut représentant des Nations Unies en Haïti indiquait à la presse que la sécurité et l’économie avaient progressé en 2009, le pays ayant évité la crise politique en dépit du renvoi d’un énième premier ministre. Selon Annabi, le développement économique et le progrès démocratique dépendraient des élections législatives et présidentielles qui étaient prévues pour cette année — le premier de ces scrutins devait se tenir le 23 février.

Un futur atrocement sombre

Hier, toutefois, Annabi est peut-être mort avec son secrétaire, plus de 150 membres de leur équipe et des milliers — voire des dizaines de milliers — de citoyens haïtiens. Si les progrès accomplis au niveau politique ne s’évaporent pas, le pays vient néanmoins de plonger dans un gouffre humanitaire et économique. Le président René Preval a survécu, mais les infrastructures de l’état ont été détruites. "Le parlement s’est effondré, l’hôtel des impôts s’est effondré, les écoles se sont effondrées, les hôpitaux se sont effondrés" déclarait Preval, évoquant les morts qu’il fallait enjamber ce matin-là. La mission des Nations Unies — responsable des 9 000 soldats de la force de maintien de la paix, garante de la stabilité du pays — étant décimée et les institutions, déjà faibles, du président Preval réduites en miettes, le futur d’Haïti, qui hier encore semblait teinté d’espoir, est aujourd’hui atrocement sombre.

Par Katie Paul

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