mardi 13 avril 2010

Faire face au défi de la santé des femmes dans les camps


La santé des femmes dans les campements provisoires demeure une des grandes préoccupations des intervenants du secteur sanitaire. Les menaces d’infections entre autres y sont bien réelles. Aussi le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) en collaboration avec ses partenaires intervient-il afin d’éviter que la santé des femmes déplacées ne soit en danger.

La spécificité de la santé de la femme n’est plus à démontrer. Comme l’affirme, le directeur technique de la Fondation pour la santé reproductrice et l’éducation familiale (FOSREF), Dr Harry Beauvais « la femme a un corps qui est très vulnérable aux anomalies de son environnement ».

Ainsi, les jours qui ont suivi le séisme du 12 janvier, le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) s’est dépêché de rendre disponible des kits hygiéniques aux femmes et jeunes filles qui s’étaient installées dans les campements provisoires. Ces kits, dénommés « dignité », contiennent des produits de base tels serviettes, brosses à dents, savons et autres produits d’hygiène féminine.

« Il s’agissait d’envoyer le maximum de kits à travers notre réseau de partenaires pour permettre aux femmes malgré leur nouvelle réalité de maintenir un certain niveau d’hygiène », explique Herlande Egalité, chargée de projet au FNUAP.

Et à voir les conditions de vie des femmes dans les campements provisoires, les dangers sont réels. Promiscuité, latrines inexistantes, insuffisantes ou en mauvais état, manque d’eau traitée, précarité des femmes, toutes ces conditions constituent une menace pour leur santé.

Les agents déployés sur le terrain confirment ces risques. Les femmes et les jeunes filles en âge de procréer présentent souvent des infections vaginales non sexuellement transmissibles dues à un problème d’hygiène.

Mme Mireille Gabriel Paul, infirmière au campement provisoire du « Pétion-Ville Club » fait état d’une situation loin d’être réjouissante. « La plupart des femmes, y compris des fillettes, qui viennent en consultation présentent de graves infections», indique-t-elle. Pour Mme Paul, l’eau distribuée n’est pas suffisamment traitée pour la toilette intime des femmes et cause problème.

Pire encore, le manque d’éducation de la gente féminine aggrave les risques. A en croire l’agent de santé, les femmes ne sont pas réellement imbues des principes d’hygiène féminine.

Opinion partagée par des membres de l’organisation « Mouvman Fanm pou yon lòt Ayiti » (MOFA), active dans ce camp de déplacés. Pour Marie Sainvil, une des responsables du MOFA, les femmes doivent être très prudentes et doivent être les premières à se protéger.

« Les kits d’hygiène qu’on nous a distribués sont très utiles, mais il faut savoir bien s’en servir. Par exemple, le seau utilisé pour la toilette devrait être réservé uniquement à cet effet, or ce n’est pas toujours le cas », explique-t-elle.

La santé sexuelle des femmes dans les installations provisoires est aussi source de préoccupation. Des cas de violences sexuelles à l’égard des femmes et des fillettes sont rapportés, mettant en autres, en danger la santé des femmes et des filles.

Des responsables d’organisations travaillant dans ce secteur et sur le terrain affirment que les cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) peuvent se multiplier. La promiscuité dans les camps et la précarité des femmes favorisent les contacts sexuels non protégés.

Les rapports sont impromptus, parfois avec des partenaires non réguliers. La femme n’a pas toujours le temps de négocier l’utilisation d’un préservatif lorsqu’il est disponible.

Pour faire face à cette situation, le FNUAP diversifie ses interventions. Ainsi, outre les kits hygiéniques, dont 20.000 ont déjà été distribués, l’organisation internationale fournit, toujours à travers ses différents partenaires, d’autres types de kits plus spécifiques à la santé sexuelle et de la reproduction. La disponibilité des préservatifs est aussi un grand souci. Le FNUAP entend en faire une priorité.

Le défi ne sera pas facile à relever, notamment à cause de la complexité de la réalité des campements provisoires. A titre d’exemple, alors que des kits hygiéniques ont été distribués au camp « Pétion-Ville Club », très peu de femmes interrogées sur place affirment en avoir reçu.

Des problèmes de ce genre, et d’autres ne manqueront pas de faire obstacles aux efforts des différents acteurs. Des réponses efficaces devront être envisagées afin d’atteindre les objectifs fixés.

Rédaction : Martine Denis Chandler

Edition : Hugo Merveille

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