Au président de la République
2011, année des outre-mer : Les ultramarins de Métropole en colère.
Paris le 12 décembre 2012
Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République Française
55 Faubourg Saint Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président,
Aujourd’hui via le satellite et l’ADSL, six chaînes africaines, 14 chaînes chinoises, 4 chaînes indiennes, et bien d’autres, sont désormais disponibles en direct dans l’Hexagone.
Tous ceux qui, venus de pays étrangers, habitent sur notre sol, qu’ils soient Français ou non, peuvent recevoir chaque jour des images en provenance de leur pays d’origine.
En revanche, les 2 millions de Français originaires des territoires français d’outre-mer qui vivent en Métropole, en majorité des antillo-guyanais, sont de plus en plus privés d’images des régions où ils sont nés parfois, où vivent une partie de leur famille et de leurs proches, où bat toujours très fort leur cœur.
En 1998 Pour répondre à une absence criante d’images de l’outre-mer français sur nos écrans nationaux, Jean-Marie Cavada, ancien président de RFO, avait lancé un projet ambitieux, via RFO-Sat : soit 4 heures de programme des Outremer destiné à servir de vitrine de l’outre-mer en Métropole.
En 2009, à la suite des Etats généraux de l’outre-mer, vous, Monsieur le Président de la République aviez retenu dans ses conclusions la diffusion nationale de cette chaîne, rebaptisée France ô, via la TNT, pour faire connaître, découvrir et valoriser ces territoires français, mais aussi pour répondre à une attente très forte de nos ultramarins de Métropole, musiciens, artistes, écrivains, politiques, intellectuels, étudiants, familles, vivant dans l’Hexagone.
Aujourd’hui l’ensemble de la communauté d’outre-mer vivant en métropole est en colère. Elle ne se reconnaît plus dans ce qu’est devenue cette chaîne. Les informations de leur territoire sont reléguées à des heures impossibles. Le contenu s’éloigne chaque jour un peu plus des outre-mer. Elle serait, nous dit-on, devenue la chaîne de la diversité.
Un constat cruel, partagé par tous, s’impose : France Ô est devenue la chaîne de toutes les identités, peut-être, sauf de la nôtre. Nous sommes en train d’être éliminés de notre propre chaîne au mépris de l’autorité du chef de l’Etat et de la représentation parlementaire.
Les originaires d’outre-mer se trouvent ainsi doublement punis : non seulement les chaînes nationales ne présentent aucun programme régulier en provenance des outremer français susceptibles de nous intéresser, nous les ultramarins de la métropole, mais aussi l’ensemble de la population qui ne nous connaît que par les catastrophes ou d’autres informations peu valorisantes, voire négatives, mais de plus, la seule chaîne qui nous était dédiée nous échappe pour s’ouvrir à des populations qui n’ont pas besoin de France ô puisqu’ils disposent de leurs propres canaux d’information.
Nous voulons garder ce contact charnel que permet la télévision avec nos régions d’outre-mer, maintenir le lien avec nos familles, nos proches, nos amis, rester en prise avec l’actualité de nos pays. Cet échange est indispensable pour que la confiance se maintienne entre l’Hexagone et ses régions ultramarines, pour que la connaissance réciproque dissipe les préventions et les préjugés. Nous ne voulons pas être plus mal traités que d’autres. Nous voulons garder notre chaîne. Non pas que nous soyons hostiles à ce qu’elle s’ouvre à d’autres peuples ou à d’autres identités. Nous appartenons à des cultures qui ont été, de tout temps, métissées, ouvertes aux autres. Mais cette ouverture ne peut conduire à nous reléguer à la portion congrue et même à l’invisibilité.
Au moment ou nous nous apprêtons à fêter les outremer dans l’Hexagone, à travers « l’Année de l’outre mer en France », nous demandons de toute urgence, une réunion avec les instances concernées (Elysée et Ministère de l’Outre-mer) pour qu’une réflexion de fond se mette en place sur l’avenir de France ô.
Dans les semaines à venir, nous lancerons une pétition auprès des 500 associations qui regroupent les ultramarins d’Ile de France et nous organiserons une série de colloques avec et pour les ultramarins de Métropole, pour élaborer des propositions qui soient conformes à la promesse du Président de la République de faire de cette chaîne la chaîne des outre-mer.
Mais auparavant, Monsieur le Président, entendez notre appel pour empêcher que cette vielle ancienne des faubourgs de Paris qui veut qu’elle n’ait pas de pratique ne devienne un proverbe chez les ultramarins.
Dans l’attente d’une action favorable, nous vous prions, Monsieur le Président d’agréer l’expression de nos sentiments respectueux.
Pour le collectif
José Vatin
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