L'ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier a été auditionné mardi matin par le commissaire du gouvernement Aristidas Auguste, à l'hôtel Karibe Convention Center où il réside depuis son arrivée dimanche dans le pays, avant d'être conduit presque deux heures après au parquet du Tribunal de première instance de Port-au-Prince pour « communication du dossier ». Il y a suivi son audition durant toute la journée. Accusé de corruption, de concussions de fonctionnaires, de détournement de fonds, d'associations de malfaiteurs, M. Duvalier est cependant retourné chez lui (hôtel Karibe) en homme libre, mais reste à la disposition de la justice haïtienne. Le fil des événements.
Haïti: Mardi 18 janvier 2011. 9 h 48 a.m. Hôtel Karibe, à Pétion-Ville, où réside l'ancien dictateur haïtien qui a gouverné le pays de 1971 à 1986. Des unités spécialisées de la Police nationale et des soldats népalais de la Minustah occupent toute l'entrée de l'hôtel. Une pléiade de journalistes locaux et étrangers sont déjà sur place. Certains sont même en direct. Mais il n'y a encore rien. La rumeur fait croire qu'on allait procéder à l'arrestation de Jean-Claude Duvalier à l'hôtel.
10 h 15. Une voiture immatriculée ''Officiel'' arrive. Le commissaire du gouvernement du tribunal civil de première instance de Port-au-Prince, Aristidas Auguste, accompagné du juge de paix du tribunal civil de la section Est, Gabriel Ambroise, descendent du véhicule, sous forte escorte policière. Le commissaire de police de Pétion-Ville, Varnel Lacroix, est bien là, lui aussi. Empressement et bousculade des journalistes pour arracher un mot de ces autorités commencent à surchauffer l'ambiance. Les officiels, ne voulant pas donner de détails, pénètrent à l'hôtel. On continue d'attendre.
10 h 36. Des avocats commencent à arriver. Le fameux Reynold Georges s'apprête à franchir l'entrée principale de l'hôtel où sont massés les journalistes. « Je ne peux rien vous dire pour le moment. On m'a appelé pour apporter une assistance légale à ce dossier », lance l'avocat avant d'entrer.
Il est 10 h 44. Le chef de police de Pétion-Ville sort de l'hôtel et crée brusquement l'événement, car tous les journalistes affluent vers lui, en lui demandant si le président va être arrêté. M. Lacroix ne parle pas d'arrestation. « On est là pour assurer la sécurité de l'espace », pipe-t-il. Suspense.
10 h 52. L'une des personnalités qui ont parlé au nom de Jean-Claude Duvalier après son arrivée en Haïti, l'ancien diplomate Henri Robert Sterlin, arrive. Il dit ne pas s'attendre à un tel événement à l'hôtel. « J'assiste au spectacle comme tout le monde. Nous sommes en train d'assister à un très grand événement historique démocratique », se contente-t-il de dire.
Les minutes s'égrènent ! 11 h 28. Le bâtonnier de l'ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Gervais Charles, avocat principal chargé d'assister Baby Doc. « Je vais voir de quoi il s'agit exactement, mais pour moi, c'est un scandale, car il n'y a aucun dossier constitué à cet effet », lance-t-il d'emblée aux journalistes.
Ça commence à chauffer. Des supporteurs de l'ancien président massés aux abords du Karibe créent l'ambiance par des petites manifestations. Ils lancent des propos acerbes contre le chef de l'Etat René Préval, qui, selon eux, comploterait pour faire arrêter l'ancien dictateur rentré au pays après 25 ans d'exil en France.
« On veut arrêter Jean-Claude aalors que je ne vois pas les progrès réalisés dans le pays depuis sa chute en 1986 », tempêtent beaucoup de ses supporteurs aux cris de « Vive Jean-Claude !!! »
11 h 55, le commissaire de police Varnel Lacroix, bien escorté de policiers dont la plupart sont cagoulés, entre à nouveau dans l'hôtel. Les caméramen prennent place. La bousculade recommence. Cinq minutes plus tard, on aperçoit enfin Jean-Claude Duvalier accompagné de sa femme Véronique Roy cachée derrière ses lunettes de soleil. Le couple s'apprêter à quitter le Karibe à destination du parquet de Port-au-Prince. Ils descendent les escaliers sous garde serrée.
Baby Doc, l'air très pâle, s'approche du balcon et salue ses supporteurs qui l'attendaient de très tôt sur la cour. L'euphorie commence par une cacophonie dans les messages de ces derniers. « Vive Jean-Claude ! Vive Jean-Claude ! » crient-ils à l'unisson.
10 h 15. Une voiture immatriculée ''Officiel'' arrive. Le commissaire du gouvernement du tribunal civil de première instance de Port-au-Prince, Aristidas Auguste, accompagné du juge de paix du tribunal civil de la section Est, Gabriel Ambroise, descendent du véhicule, sous forte escorte policière. Le commissaire de police de Pétion-Ville, Varnel Lacroix, est bien là, lui aussi. Empressement et bousculade des journalistes pour arracher un mot de ces autorités commencent à surchauffer l'ambiance. Les officiels, ne voulant pas donner de détails, pénètrent à l'hôtel. On continue d'attendre.
10 h 36. Des avocats commencent à arriver. Le fameux Reynold Georges s'apprête à franchir l'entrée principale de l'hôtel où sont massés les journalistes. « Je ne peux rien vous dire pour le moment. On m'a appelé pour apporter une assistance légale à ce dossier », lance l'avocat avant d'entrer.
Il est 10 h 44. Le chef de police de Pétion-Ville sort de l'hôtel et crée brusquement l'événement, car tous les journalistes affluent vers lui, en lui demandant si le président va être arrêté. M. Lacroix ne parle pas d'arrestation. « On est là pour assurer la sécurité de l'espace », pipe-t-il. Suspense.
10 h 52. L'une des personnalités qui ont parlé au nom de Jean-Claude Duvalier après son arrivée en Haïti, l'ancien diplomate Henri Robert Sterlin, arrive. Il dit ne pas s'attendre à un tel événement à l'hôtel. « J'assiste au spectacle comme tout le monde. Nous sommes en train d'assister à un très grand événement historique démocratique », se contente-t-il de dire.
Les minutes s'égrènent ! 11 h 28. Le bâtonnier de l'ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Gervais Charles, avocat principal chargé d'assister Baby Doc. « Je vais voir de quoi il s'agit exactement, mais pour moi, c'est un scandale, car il n'y a aucun dossier constitué à cet effet », lance-t-il d'emblée aux journalistes.
Ça commence à chauffer. Des supporteurs de l'ancien président massés aux abords du Karibe créent l'ambiance par des petites manifestations. Ils lancent des propos acerbes contre le chef de l'Etat René Préval, qui, selon eux, comploterait pour faire arrêter l'ancien dictateur rentré au pays après 25 ans d'exil en France.
« On veut arrêter Jean-Claude aalors que je ne vois pas les progrès réalisés dans le pays depuis sa chute en 1986 », tempêtent beaucoup de ses supporteurs aux cris de « Vive Jean-Claude !!! »
11 h 55, le commissaire de police Varnel Lacroix, bien escorté de policiers dont la plupart sont cagoulés, entre à nouveau dans l'hôtel. Les caméramen prennent place. La bousculade recommence. Cinq minutes plus tard, on aperçoit enfin Jean-Claude Duvalier accompagné de sa femme Véronique Roy cachée derrière ses lunettes de soleil. Le couple s'apprêter à quitter le Karibe à destination du parquet de Port-au-Prince. Ils descendent les escaliers sous garde serrée.
Baby Doc, l'air très pâle, s'approche du balcon et salue ses supporteurs qui l'attendaient de très tôt sur la cour. L'euphorie commence par une cacophonie dans les messages de ces derniers. « Vive Jean-Claude ! Vive Jean-Claude ! » crient-ils à l'unisson.
Les unités spécialisées de la police nationale tentent de sécuriser la porte par laquelle l'ex-président va sortir. Les militaires népalais, munis de boucliers, se mettent aussi de la partie. Baby Doc est prêt à sortir mais l'ambiance ne le permet pas. Les autorités évitent donc l'entrée principale où sont massés les journalistes et sortent par une porte à l'arrière de l'hôtel. Précipitation pour voir l'ex-président monter à bord du véhicule transforme le lieu en un véritable théâtre. On dirait une course à pied mal organisée. On court par ci, on court par là. Personne ne peut plus voir le président, à moins que l'on fût déjà au Karibe.
En signe de colère, les supporteurs de Jean-Claude Duvalier, portant t-shirts et exhibant photos de l'ancien dictateur, continuent de manifester et tentent de bloquer le passage. Après quelques minutes, un cortège sortant de l'arrière de l'hôtel se met en route pour le parquet de Port-au-Prince. L'ancien président, lui, est à bord d'un véhicule privé, une Nissan Patrol bleue immatriculée AA 03689.
Jean-Claude Duvalier au parquet
12 h 50. L'ambiance est maintenant au Parquet. Car Jean-Claude vient d'y arriver pour poursuivre son audition et faire connaissance de son « dossier ». « Le commissaire du gouvernement s'est rendu sur les lieux accompagné d'un juge de paix pour constater la présence physique de l'ancien président à l'hôtel Karibe. On a procédé à une première audition pour lui notifier s'il est au courant des actions entreprises contre lui qui sont pendantes devant les autorités judiciaires. Ce qu'il a nié, prétextant que la signification n'a pas été faite », a expliqué l'un de ses avocats, Me Alix Aurélien Jeanty.
« Ainsi on a pris comme mesure de nous rendre au parquet aux fins de lui communiquer que les copies de certaines pièces du dossier, notamment le réquisitoire d'informer daté du 29 avril 2008. L'action publique a été mise en mouvement à partir de ce réquisitoire d'informer. Et le juge Bernard St-Vil a été désigné pour mener une enquête et instruire le dossier », a poursuivi l'homme de loi.
Arriver au parquet, l'ancien président a été auditionné par la suite par le juge d'instruction, Carvès Jean, qui vient à peine de faire connaissance du dossier actualisé en date du 18 janvier 2011. Jean-Claude Duvalier a été accusé de concussions, de corruption, de forfaiture, de concussions de fonctionnaires, de détournement de fonds, de vols et d'associations de malfaiteurs. Cependant, selon l'un des avocats, la majorité des questions posées à l'accusé n'étaient pas en rapport avec les faits qui lui sont reprochés.
Les heures passent et les manifestations en support à Jean-Claude Duvalier s'amplifient. Les manifestants dressent des barricades de pneus enflammés sur le boulevard Harry Truman, communément appelé Bicentenaire, où se trouve désormais le parquet, qui, avec le tribunal de Première instance et la Cour d'appel, est logé dans l'ancien local de la USAID.
« Sous le règne de Jean-Claude Duvalier, le pays n'était pas si sale et si misérable. On vivait en toute sécurité, le pays était calme », avance un sexagénaire portant un t-shirt de son ancien président qu'il dit « adorer ».
En signe de colère, les supporteurs de Jean-Claude Duvalier, portant t-shirts et exhibant photos de l'ancien dictateur, continuent de manifester et tentent de bloquer le passage. Après quelques minutes, un cortège sortant de l'arrière de l'hôtel se met en route pour le parquet de Port-au-Prince. L'ancien président, lui, est à bord d'un véhicule privé, une Nissan Patrol bleue immatriculée AA 03689.
Jean-Claude Duvalier au parquet
12 h 50. L'ambiance est maintenant au Parquet. Car Jean-Claude vient d'y arriver pour poursuivre son audition et faire connaissance de son « dossier ». « Le commissaire du gouvernement s'est rendu sur les lieux accompagné d'un juge de paix pour constater la présence physique de l'ancien président à l'hôtel Karibe. On a procédé à une première audition pour lui notifier s'il est au courant des actions entreprises contre lui qui sont pendantes devant les autorités judiciaires. Ce qu'il a nié, prétextant que la signification n'a pas été faite », a expliqué l'un de ses avocats, Me Alix Aurélien Jeanty.
« Ainsi on a pris comme mesure de nous rendre au parquet aux fins de lui communiquer que les copies de certaines pièces du dossier, notamment le réquisitoire d'informer daté du 29 avril 2008. L'action publique a été mise en mouvement à partir de ce réquisitoire d'informer. Et le juge Bernard St-Vil a été désigné pour mener une enquête et instruire le dossier », a poursuivi l'homme de loi.
Arriver au parquet, l'ancien président a été auditionné par la suite par le juge d'instruction, Carvès Jean, qui vient à peine de faire connaissance du dossier actualisé en date du 18 janvier 2011. Jean-Claude Duvalier a été accusé de concussions, de corruption, de forfaiture, de concussions de fonctionnaires, de détournement de fonds, de vols et d'associations de malfaiteurs. Cependant, selon l'un des avocats, la majorité des questions posées à l'accusé n'étaient pas en rapport avec les faits qui lui sont reprochés.
Les heures passent et les manifestations en support à Jean-Claude Duvalier s'amplifient. Les manifestants dressent des barricades de pneus enflammés sur le boulevard Harry Truman, communément appelé Bicentenaire, où se trouve désormais le parquet, qui, avec le tribunal de Première instance et la Cour d'appel, est logé dans l'ancien local de la USAID.
« Sous le règne de Jean-Claude Duvalier, le pays n'était pas si sale et si misérable. On vivait en toute sécurité, le pays était calme », avance un sexagénaire portant un t-shirt de son ancien président qu'il dit « adorer ».
« Vive Jean-Claude, arrêtez Préval ! » crient d'autres manifestants devant le parquet.
Il est 3 h 35. L'audition est apparemment terminée, car on prépare la sortie de l'ancien président. Mais ce n'est pas aussi facile. Ses supporteurs, plusieurs dizaines, menacent d'entrer dans l'enceinte du parquet. Les forces de l'ordre les calment avec du gaz lacrymogène. « Nous sommes ici jusqu'à ce que Jean-Claude sorte du parquet librement pour retourner chez lui », lancent les protestataires.
Chose faite. « Jean-Claude Duvalier va retourner chez lui. Il est libre mais reste à la disposition de la justice haïtienne », a fait savoir l'un de ses avocats.
5 h 15. L'ancien président s'apprête à sortir. Les minutes s'écoulent et les journalistes, fatigués, s'impatientent. Les bousculades recommencent, mais cette fois provoquées par des policiers et des gardes du corps de Baby Doc qui n'a, jusqu'à aujourd'hui, pipé mot à la presse. Sous des cris de joie, le cortège reprend le chemin de l'hôtel Karibe Convention Center où l'ancien président, qui a reçu un soutien populaire remarquable pendant son audition, réside... ou séjourne. « Je reste à la disposition de la justice de mon pays », a déclaré Jean-Claude Duvalier, rapporté par ses avocats.
Il est 3 h 35. L'audition est apparemment terminée, car on prépare la sortie de l'ancien président. Mais ce n'est pas aussi facile. Ses supporteurs, plusieurs dizaines, menacent d'entrer dans l'enceinte du parquet. Les forces de l'ordre les calment avec du gaz lacrymogène. « Nous sommes ici jusqu'à ce que Jean-Claude sorte du parquet librement pour retourner chez lui », lancent les protestataires.
Chose faite. « Jean-Claude Duvalier va retourner chez lui. Il est libre mais reste à la disposition de la justice haïtienne », a fait savoir l'un de ses avocats.
5 h 15. L'ancien président s'apprête à sortir. Les minutes s'écoulent et les journalistes, fatigués, s'impatientent. Les bousculades recommencent, mais cette fois provoquées par des policiers et des gardes du corps de Baby Doc qui n'a, jusqu'à aujourd'hui, pipé mot à la presse. Sous des cris de joie, le cortège reprend le chemin de l'hôtel Karibe Convention Center où l'ancien président, qui a reçu un soutien populaire remarquable pendant son audition, réside... ou séjourne. « Je reste à la disposition de la justice de mon pays », a déclaré Jean-Claude Duvalier, rapporté par ses avocats.
Valéry DAUDIER
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