dimanche 20 février 2011

AMERIQUE/HAITI – La reconstruction ne décolle pas et la population vit dans l’insécurité alimentaire



Port-au-Prince (Agence Fides) – Haïti a besoin de près d’un milliard de dollars pour réaliser les projets de reconstruction approuvés par la Commission ad intérim pour la reconstruction d’Haïti (CIRH). C’est ce qu’a annoncé le Premier Ministre haïtien, Jean Max Bellerive, au cours d’une conférence de presse tenue au terme d’une réunion avec l’ancien Président des Etats-Unis, Bill Clinton, arrivé dans l’île en qualité d’Envoyé spécial de l’ONU. Il s’agit de projets préparés pour les huit prochains mois qui concernent l’instruction, la santé, les habitations, l’énergie, le ramassage des déchets, le travail et l’agriculture. 


Selon les informations parvenues à l’Agence Fides, la situation du pays demeure malheureusement difficile : les nombreuses ONG présentes ne réussissent pas à coordonner le travail commun à tel point qu’Evel Fanfan, Président de l’organisation Aumohd (Action des Unités Motivées pour une Haïti de Droit), une organisation d’avocats qui, depuis 2002, s’occupe de la défense des droits de l’homme et des droits civils de la population a indiqué : « Il est impossible que, bien qu’un milliard de dollars ait été dépensé pour Haïti, la situation soit encore celle que nous voyons et que l’épidémie de choléra ne soit pas encore contrôlée ». Selon une évaluation du Ministère haïtien de la Santé publique et de la population, 225.668 personnes seraient infectées par la maladie dont 121.883 ont demandé à être hospitalisées. A Haïti, on a par ailleurs enregistré 4.452 décès dus à l’épidémie de choléra qui afflige le pays depuis octobre dernier, un chiffre qui augmente à chaque nouveau rapport des autorités. Le dernier en date a été publié le 3 février. 


La région la plus touchée par l’épidémie continue à être Artibonite où était apparu le premier cas de choléra et où l’on compte 683 décès. Malgré les efforts faits pour contenir la diffusion de l’épidémie, cette dernière s’est propagée également dans la République dominicaine, qui partage avec Haïti l’île de La Espagnola. Sur le territoire dominicain, on compte plus de 325 cas et 3 décès ont pour l’heure été enregistrés : il s’agit d’un homme et de deux enfants, tous trois haïtiens. 

Plus de trois millions d’haïtiens, soit près d’un tiers de la population, vivent encore dans une situation d’insécurité alimentaire. C’est ce qu’indique un organisme haïtien, la Coordination nationale pour la sécurité alimentaire (CNSA), précisant que ce ne sont pas seulement les personnes déplacées à cause du séisme à souffrir de problèmes alimentaires mais également les populations du nord-ouest et du sud du pays. Selon la CNSA, le prix du riz a augmenté de 25% au cours des derniers mois, mais nombreuses sont les denrées alimentaires qui ont subi, elles aussi, une notable augmentation de leurs prix. Le marché a sûrement subi les répercussions de l’épidémie de choléra (de nombreux consommateurs et commerçants ont choisi d’éviter les produits provenant de la région centrale d’Artibonite, foyer de l’épidémie) mais il est également vrai que certaines terres sont exploitées par des consortiums étrangers en vue de productions destinées essentiellement à l’exportation.

(CE) (Agence Fides, 18/02/2011)

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