mercredi 24 août 2011

Le Compte de Sinclair : Chronique hebdomadaire de Philippe Randa



La comparaison entre Dominique Strauss-Kahn, ancien patron du FMI et Edmond Dantès, personnage né sous la plume d’Alexandre Dumas(1), est non pas seulement excessive, mais parfaitement inconvenante.

Le premier n’a goûté les geôles de Rikers Island que durant quatre nuits, tandis que le second fut emprisonné dans celles du château d’If durant quatorze ans.

Grâce à l’argent de son épouse, DSK a pu attendre son procès dans une luxueuse résidence surveillée, moyennant une liberté sous caution certes fort draconienne, mais à la hauteur de la fortune de Madame… Edmond Dantes, lui, ne deviendra riche que parce qu’il se sera lié d’amitié avec son voisin de cellule.

Cette semaine, toutes les charges retenues contre Dominique Strauss-Kahn ont été levées parce que des avocats renommés, parmi les plus redoutables du barreau américain et dont les honoraires ne sont évidemment pas à la portée du premier inculpé venu, ont assuré sa défense… Le personnage de fiction d’Alexandre Dumas ne gagnera sa liberté que par une spectaculaire évasion et restera ensuite un éternel fugitif, tout comte de Monte-Cristo qu’il soit devenu.

Si Dominique Strauss-Kahn a gagné un titre dans cette “épreuve terrible et injuste”, selon ses propres affirmations, c’est bien celui, à jamais, de Compte de Sinclair… et gageons qu’aucun romancier, aussi talentueux soit-il, ne prenne en exemple l’ancien patron du FMI pour en faire un personnage de légende…

Alexandre Dumas avait écrit fort justement dans son célèbre roman : “Il n’y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d’un état à un autre, voilà tout.”

L’affaire DSK, plus d’un siècle et demi plus tard, en est la confirmation.

Note
(1) Le Comte de Monte-Cristo a été écrit avec la collaboration d’Auguste Maquet et achevé en 1844 ; il est inspiré de l’histoire de Pierre Picaud, un cordonnier de Nîmes qui, victime d’une machination politico-judiciaire sous le Premier Empire, entreprend de se venger dès sa libération grâce à un trésor caché à Milan et légué par son voisin de cellule.

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