lundi 8 août 2011

Spider-Man: tisser des liens entre Noirs et Latinos



Spider-Man viendra-t-il à la rescousse de Barack Obama, au plus bas dans les sondages? Pas sûr. Mi-noir, mi-latino depuis la semaine dernière, le super héros américain hésitera l’an prochain à sauver un président que les minorités racia­les et ethniques, premières victimes de la récession, lâchent tous les jours un peu plus.

Avec Batman, l’homme- araignée est le grand héros d’Obama. Mais, avant de sortir le président du pétrin, il cherchera sans doute à rapprocher les deux communautés dont il est issu. Elles ne filent pas le parfait amour, contrairement aux parents de Miles Morales, le nouveau personnage de Marvel qui enfile le costume de Spider-Man.

Noirs et Latinos s’étaient unis en 2008 pour faire entrer Obama à la Maison-Blanche, mais dans la vie de tous les jour,s ils se regardent en chiens de faïence. Pas vraiment ennemis, mais loin d’être amis.

Les Africains-Américains ne sont plus la minorité la plus importante aux États-Unis. Les hispaniques les ont dépassés. Les revenus de ces derniers sont même supérieurs de 10 % en moyenne à ceux des Noirs, et la latinisation de la société américaine va bon train. 

L’Amérique noire a souvent vu d’un mauvais œil l’immigration. Chaque nouveau venu est un «voleur de job» en puissance : il accepte des petits boulots à n’importe quel salaire. 

Dans un pays qu’ils ont contribué à construire dans la sueur et le sang, les Noirs estiment que leur longue et difficile lutte contre la ségrégation devrait servir de modèle à l’intégration des hispaniques. Ces derniers ne forment cependant pas un bloc aussi monolithique que les Noirs et ne font pas du discours antiraciste leur cheval de bataille. 

Leur histoire et surtout leur culture ne sont pas celles des anciens esclaves américains. Même les Noirs hispaniques refusent de s’identifier par la couleur de leur peau. Seuls un peu plus de 2 % le font. Ils sont d’abord et avant tout latinos.

Les Afro-Américains ne comprennent pas. Regardons ce qui nous unit, et non ce qui nous divise, répètent-ils. Une coalition arc-en-ciel représentant les 75 millions de Noirs et de Latinos ferait la pluie et le beau temps dans le paysage politique américain. Le révérend Jesse Jackson en rêvait déjà il y a une trentaine d’années. 

Il faudra avant tout que les deux minorités se côtoient davantage. Dans les grandes villes du sud et de l’ouest des États-Unis, où Noirs et hispaniques sont souvent majoritaires, c’est le mur de Berlin : chacun vit enfermé dans son quartier. Les mariages interraciaux sont moins fréquents qu’entre blancs et asiatiques. 

Spider-Man aura fort à faire pour tisser des liens solides entre les «deux grandes solitudes».



Antoine Char

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