mercredi 16 novembre 2011

Après Patrick Chamoiseau, Serge Letchimy répond à Contact-Entreprise


Monsieur le président de Contact-Entreprises,

J’ai pris connaissance de votre lettre ouverte et de votre interprétation des chiffres publiés par l’IDEDOM et l’INSEE. Je vous sais gré de cette initiative, car, dès ma prise de fonction j’ai rappelé l’importance que j’accorde au monde de l’entreprise : véritable partenaire des orientations politiques générales. Cette perspective demande que les avis soient donnés, que des initiatives soient prises de part et d’autre, et que tout soit fait pour que nos mondes, faces convergentes d’un même pays et d’une même ambition, puissent s’écouter, se comprendre et instaurer une synergie positive entre différentes logiques.
J’ai perçu votre inquiétude. Elle rejoint celle qui est la mienne depuis le début de cette mandature où j’ai immédiatement pris des mesures pour enrayer l’extraordinaire ralentissement de notre économie, et ses effets désastreux sur le chômage hors-norme qui structurellement malmène notre pays. Le Plan de relance 1 (PR1) nous a permis de générer globalement plus de 2000 emplois. Nous poursuivons, cet effort par la mise en place d’un nouveau plan (PR2) qui devrait lui aussi porter ses fruits et instaurer une dynamique précieuse dans notre espace économique.

Comme vous le savez, nous avons créé deux zones d’attractivité régionale majeure, qui s’inscrivent dans le long terme, et qui devraient, par leur multi dimensionnalité, leur niveau d’investissement et d’ambition, amorcer un épanouissement durable du grand Nord et du Sud.

Nous avons inauguré récemment la première des 15 zones d’activités que nous prévoyons de faire, afin de permettre de faciliter l’accès à l’immobilier d’entreprise, mais surtout engranger une dynamique de production locale en relation avec le monde agricole, l’ébénisterie, et d’autres activités qui permettraient de baser notre développement sur la production locale.
En ce moment, en concertation avec les socioprofessionnels, nous préparons un Plan d’Action pour le Développement de la Martinique (P.A.D.M) dans lequel nous définirons les voies et moyens pour de nouveaux possibles, quitter les spirales négatives de l’importation consommation, et du surcoût opaque du mécanisme, donner de nouvelles bases au port maritime. Nous travaillons (comme nous le faisons pour le tourisme, avec le contrat d’excellence qui sera bientôt signé avec l’Etat) sur les questions tellement essentielles, de la fiscalité, de la rénovation des hôtels, du financement bancaire, des énergies nouvelles, de la géothermie, du logement social, des nouvelles techniques de l’information et des communications (T.I.C), de la restauration des filières agricoles et celles de la pêche, toutes susceptibles de nous rapprocher d’une autosuffisance alimentaire et de conforter les plus indispensables de nos capacités productives. En tout et pour tout c’est plus de 60 millions d’euros investis en un an dans les hôtels, plus de 300 millions de relance dans le BTP. Plus de 20 millions d’euros d’augmentation de la contrepartie régionale sur les projets structurants du Contrat Etat Région Département alors même que les autres contreparties diminuent de façon significative. Le budget d’investissement de la collectivité régionale a augmenté en un an de plus de 100 millions d’euros. Alors oui, aucune piste n’est abandonnée et la collectivité régionale se bat sur tous les fronts à vos côtés.

Malheureusement, nous ne pouvons effacer d’un tour de main les stigmates d’une politique de guichet qui aura duré 12 ans. Cela demande du temps et de la concertation. Je dirais surtout : une mobilisation de nos intelligences et de nos capacités à innover dans une conjoncture pour le moins défavorable. Néanmoins, cette dernière ne saurait faire perdre, au-delà de notre vigilance créatrice, de notre culture projets, confiance en notre capacité collective à surmonter les plus graves difficultés. Le travail doit continuer à se faire au niveau de l’Europe comme le montre la dernière conférence des Présidents des RUP qui s’est tenue chez nous. Il doit continuer à se faire au niveau de l’Etat dans une coordination des élus de nos régions, et en concertation avec l’ensemble des partis qui composent le paysage politique de la France. Nous ne négligeons rien.
Reste maintenant le travail des martiniquais par des martiniquais. Nous devons le faire ensemble, en pleine marche confiante vers la responsabilité. Nous avons à parer aux urgences, traiter l’indispensable, veiller à l’essentiel, trouver des solutions nouvelles pour que des horizons encore insoupçonnés se dégagent en face de nos jeunes et de tous nos enfants.
C’est, paradoxalement, là où se trouvent la misère, la paupérisation, le désarroi des jeunes, les préoccupations des entreprises, la qualité de vie de nos aînés, que se trouvent en réalité les bases déterminantes de n’importe quel pays ; et pour la Martinique c’est à ces endroitslà que je me trouve.
J’ai confiance en nous.

Je poursuivrai donc les initiatives qui m’incombent pour que nous ne cédions ni aux lamentations, ni au défaitisme, mais que nous trouvions ensemble, en nous-mêmes, et pour nous mêmes, les voies neuves vers des élans décisifs et adaptés aux mutations du monde. Soyez assuré, monsieur le Président, de mon attentive et parfaite considération.

Serge Letchimy, Président du Conseil Régional de Martinique

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