mercredi 14 décembre 2011

SUICIDE CHEZ LES AGRICULTEURS : LES CHIFFRES EXPLOSEN


On en parle peu. Pourtant, la souffrance en milieu agricole est une réalité. Le mal-être, le stress, la déprime voire le suicide sont monnaie courante dans les campagnes. Les chiffres officiels n’existent pas. Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, parle de 400 suicides par an. Plus de un par jour ! L’association des producteurs de lait indépendants (Apli) donne de son côté le chiffre de 800 suicides en 2009 ! Seule certitude, le taux de suicide chez les agriculteurs est beaucoup plus élevé que pour n’importe quelle autre catégorie socioprofessionnelle de l’Hexagone.
  
« Nous sommes conscients que le monde agricole vit dans un contexte bien particulier », explique Claude Guglielmina, directeur de la Santé à la MSA Lorraine (Moselle, Meurthe-et-Moselle et Vosges). « Aux difficultés purement professionnelles s’ajoutent d’autres facteurs comme l’isolement, le célibat, l’éloignement des centres de décision, des structures de soins, des lieux de loisir… »
On sait bien que le revenu moyen des agriculteurs est en chute libre depuis de nombreuses années. La spéculation sur les marchés agricoles, les crises alimentaires à répétition, la surproduction, la sécheresse ont eu raison des exploitations les plus fragiles.
Derrière les chiffres, il y a des familles en détresse. Beaucoup de paysans travaillent sans compter, ne partent jamais en vacances. Sur 800.000 exploitants français, un tiers ne peut pas s’offrir de revenu décent. « Les paysans sont souvent montrés du doigt à cause des crises sanitaires », explique le Dr Patrick Allard, médecin-chef de la MSA Lorraine. « On les accuse aussi de polluer les terres avec les engrais. » Pas valorisant en effet.
Face à l’ampleur du phénomène, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire a demandé à la MSA, en mars dernier, de mettre en place un plan de prévention contre le suicide des agriculteurs. Organisé autour de trois axes :
 1- mieux connaître la réalité du suicide dans le monde agricole ;
 2- mettre en place des dispositifs d’écoute pour les agriculteurs en situation de détresse ;
 3- créer des cellules de prévention dans chaque caisse régionale de la MSA pour repérer les agriculteurs en difficulté.
Claude Guglielmina a participé, lundi, à une journée de travail organisée par la caisse nationale de la MSA.
« En tant qu’organisme de sécurité sociale protégeant le monde agricole, exploitants ou salariés, il est de notre devoir de nous impliquer dans la prévention des risques », souligne le directeur de la Santé de la MSA Lorraine. « Il s’agit de mettre en place des cellules pluridisciplinaires pour suivre les populations à risque. Nous sommes beaucoup sur le terrain avec des conseillers en protection sociale, des travailleurs sociaux, des médecins du travail, des conseillers en prévention des risques professionnels… Mais nous n’avons pas attendu le plan national de lutte lancé par le ministre pour être vigilants. Nous sommes proches de nos assurés (60.000 en Lorraine pour la seule Assurance Maladie). »

 Marcel GAY

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