jeudi 1 décembre 2011

ETRANGE « PRINTEMPS ARABE »…




Des islamistes sont désormais au pouvoir en Tunisie et en Libye. Aux prochaines élections en Egypte, les Frères musulmans ne manqueront sans doute pas de rafler la mise. Tout cela avec la bénédiction de l’Occident, ses avions de combat, ses drones et ses missiles.
Or, une première constatation s’impose : la révolte arabe a fait chuter, ou est sur le point de faire chuter, des régimes républicains et parfois laïques. Dans le même temps, cette même révolte, dans les monarchies rétrogrades n’a eut aucun écho dans les médias occidentaux et le roi du Maroc est toujours en place malgré des manifestations journalières. L’émir de Bahreïn a maté dans le sang avec l’aide militaire de l’Arabie Saoudite les velléités de soulèvement de sa population et le sultan d’Oman en a fait de même en toute tranquillité !!! Quant à la Jordanie, qui a entendu parler des manifestations de masse qui s’y sont déroulées ?
Le tableau est net et clair :
. régimes républicains renversés : Tunisie, Libye, Egypte et bientôt Yémen et Syrie.
. régimes monarchiques consolidés : Jordanie, Maroc, Bahreïn, Oman, Arabie Saoudite.
Certes, Ben Ali, Kadhafi ou Moubarak n’étaient pas des démocrates au sens occidental du terme et Bachar El-Assad ne l’est pas non plus. Oui, ils s’en sont mis plein les poches en s’appuyant sur un système clientéliste et brutal qui empêchait l’expression de toute forme d’opposition et d’abord de l’opposition islamiste. Mais tout de même : à qui fera-t-on croire que la femme tunisienne sous Ben Ali était moins libre qu’en Arabie saoudite où elle n’a même pas le droit de conduire une voiture ? A qui fera-t-on croire que les prisonniers de droit commun sous Kadhafi étaient plus maltraités que dans les monarchies du golfe où l’on coupe la main des voleurs en place publique ? A qui fera-t-on croire que les chrétiens étaient davantage ostracisés en Syrie qu’en Arabie saoudite où il est tout simplement interdit de pratiquer la religion du Christ sous peine de mort ?
Grâce (ou à cause) de l’impérialisme occidental, on assiste donc, dans le monde arabe, à une inversion des lois historiques, à une remise en cause même des Sciences politiques. En effet, partout à travers le monde, l’évolution naturelle, normale, des régimes politiques est d’aller de la monarchie vers la république. Jamais l’inverse ! Les monarchies, quand elles subsistent, comme en Espagne, en Angleterre ou au Japon, ne sont plus que des décorums, des attractions pour touristes, le roi ou la reine n’ayant strictement aucun pouvoir. La seule fois où quelqu’un a essayé de rétablir la royauté, ou plutôt l’empire, ce fut en République Centrafricaine, avec Bokassa, et l’on sait comment cela s’est terminé. Les Arabes sont-ils désormais condamnés à marcher à rebours de l’histoire ?
Ou plutôt, la malédiction du pétrole ne les y condamnent-ils pas ? L’Occident n’a-t-il pas intérêt à soutenir militairement des régimes monarchiques rétrogrades et obscurantistes qui lui garantissent son approvisionnement pétrolier en lieu et place de trublions républicains du genre Kadhafi qui ne cessaient de lui chercher des poux dans la tête ? Quitte à prendre le risque d’installer des régimes islamistes et donc proches de facto d’Al Quaida lequel s’est d’ailleurs bruyamment félicité de la chute des « tyrans » Kadhafi, Ben Ali et autres ! Régimes islamistes qui commencent à voiler les femmes en Libye, qui trouvent que l’usage du français est trop répandu en Tunisie, qui brûlent des églises chrétiennes en Egypte et qui feront voler en éclats le fragile équilibre confessionnel qui règne en Syrie.
Comprenne qui pourra !
En tout cas, ce qu’a fait l’Occident dans cette affaire porte un nom : jouer avec le feu. Car partout dans le monde, les islamistes se sont sentis revigorés, regonflés même. Et d’abord en Afghanistan et en Irak où ce même Occident est pourtant censé les combattre !!! Islamistes qui, dans ce même Irak, sont en train de faire disparaître la communauté chrétienne qui fuit par milliers le pays alors que sous Saddam Hussein, celle-ci n’avait aucun problème. Tarez Aziz, le numéro 2 du régime de Saddam, n’était-il pas un chrétien ?
L’Occident et le trio infernal Obama-Sarkozy-Cameron paieront très cher dans les années qui viennent leur sordide manipulation du « Printemps arabe », pourtant expression d’un vrai désir de liberté. Ils le paieront cash !
Raphaël Confiant

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