C’est une arnaque imparable, qui fait des ravages sur Internet depuis samedi. Les victimes? Les internautes qui surfent sur des sites de streaming, permettant de regarder en direct une vidéo ou un événement, sans avoir à télécharger un fichier sur son ordinateur.
« Je regardais samedi soir le match Real de Madrid FC Barcelone sur Internet, raconte Laurent, parisien de 34 ans.
Une page est apparue, ornée d’un logo gendarmerie nationale. » Le message fait apparaître à la fois l’adresse IP de l’ordinateur (son numéro d’identification sur le réseau) et le nom de son fournisseur d’accès Internet. Surtout, il mentionne que plusieurs infractions ont été relevées, dont le téléchargement de contenus illégaux, et notamment « de matériels informatiques impliquant des mineurs ».
Un virus qui bloque l’ordinateur
Bien évidemment, il n’en est rien, et Laurent flaire immédiatement l’escroquerie. Sauf que son ordinateur est alors complètement bloqué. Pour pouvoir en reprendre la maîtrise, il n’a d’autre choix que de régler « une amende de 200 € ». « J’ai bien cru que mon portable était foutu. Dès que je le rallumais, la page réapparaissait., décrit-il. C’est un ami informaticien qui a réussi à enlever ce virus. » Sur les forums, ils sont des dizaines à avoir vécu la même mésaventure. « La gendarmerie ne s’adresse pas aux citoyens en leur envoyant des messages par Internet, rappelle pour sa part Eric Freyssinet, chef de la division de lutte contre la cybercriminalité de la gendarmerie nationale. Et encore moins pour leur demander d’effectuer un quelconque paiement. » Ce spécialiste explique que, pour se protéger, il faut mettre à jour son navigateur ainsi que le logiciel Flash, et précise qu’il ne faut porter plainte que si le paiement de cette fausse amende a été effectué. Certains internautes rechignent pourtant à le faire, souvent par crainte que le streaming soit illégal.
A l’heure actuelle, il ne l’est pas, mais les choses pourraient changer rapidement. Alors que la loiHadopi s’est attaquée aux téléchargements, beaucoup d’internautes ont renoncé à enregistrer des films ou de la musique, préférant regarder ou écouter vidéos et musique en streaming.
Un phénomène contre lequel Hadopi souhaite désormais lutter. « Certains sites de streaming se sont spécialisés dans l’exploitation massive de contenus illicites, dont ils tirent des profits à leur seul bénéfice, détaille l’organisme. Il est temps désormais d’entrer dans une phase active de lutte contre ce comportement mercantile. » Une première évaluation du phénomène va être dressée, dont les résultats sont attendus pour la fin du premier trimestre 2012.
Nicolas Jacquard et Florian Loisy (avec Thibault Raisse)
Le Parisien
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