Marine Le Pen table sur une sortie de l'euro et un coup d'arrêt à l'immigration pour ramener la France à l'équilibre budgétaire au terme du quinquennat dont elle espère avoir la charge.
Le chiffrage du projet présidentiel de la candidate du Front national, qu'elle a présenté jeudi au siège de sa formation à Nanterre, près de Paris, est étalé sur cinq ans et se propose de ramener le déficit public à zéro à l'horizon 2018.
Le retour à une monnaie nationale, couplé à des mesures protectionnistes comme une taxe de 3% sur les importations, permettrait d'économiser plus de 200 milliards d'euros sur cinq ans, a-t-elle dit lors d'une conférence de presse.
Quant à la réduction drastique de l'immigration, elle rapporterait à l'Etat plus de 40 milliards sur la même période, a-t-elle ajouté.
"Mon ambition est d'aller jusqu'à désendetter la France", a dit Marine Le Pen.
Pour rembourser les intérêts de la dette, la fille de Jean-Marie Le Pen, qui place les questions économiques en tête de son programme, propose d'avoir recours à la monétisation en empruntant chaque année à taux zéro 45 milliards d'euros à la Banque de France, soit 225 milliards sur la période 2012-2017.
Ce recours à la "planche à billets" promet, comme d'autres mesures du projet de Marine Le Pen, d'être jugé simpliste par la plupart des économistes mais Marine Le Pen a déjà la parade.
UN FORT ÉCHO DANS L'OPINION
"J'entends déjà la horde d'économistes et d'experts patentés du système (...) venir m'expliquer que ce plan de désendettement est impossible, absurde, isolationniste ou encore fou", a-t-elle dit. "Pour ma part, plutôt que de paroles et d'incantations stériles, j'invite ces experts à nous démontrer scientifiquement que ce dispositif n'est pas viable."
Les propositions de Marine Le Pen pourraient cependant rencontrer un fort écho dans l'opinion.
Près d'un tiers des Français approuvent en effet les idées défendues par le Front national, un niveau encore jamais atteint à l'approche d'une élection présidentielle, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour Le Monde, Canal+ et France Info et publié jeudi.
D'après les résultats de ce sondage, 31% des personnes interrogées se disent "d'accord avec les idées" du parti d'extrême droite contre 22% il y a un an.
Vêtue d'un tailleur sombre et flanquée des deux experts de sa cellule de réflexion, Thibault de la Tocnaye, membre du bureau politique du FN, et Jean-Richard Sulzer, son conseiller économique, Marine Le Pen a disserté pendant une heure et demie, défrichant sans fléchir une forêt de tableaux multicolores.
Assis tout près de l'estrade, Jean-Marie Le Pen, désormais président d'honneur du FN et guère porté sur l'économie, a prédit après l'exposé de sa fille qu'elle arriverait en tête du premier tour de la présidentielle, le 22 avril.
HAUSSE DES PETITS SALAIRES
A la tribune, la benjamine des filles Le Pen a vanté un "plan de vigueur" pour "trancher le noeud gordien de la dette" et son "modèle économique patriotique" qu'elle a opposé aux propositions de Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou, jetés dans le même sac pour l'occasion.
Le projet est bâti sur des hypothèses de croissance économique qualifiées de "réalistes" par Marine Le Pen, qui table sur 0% de croissance en 2012 et près de 3% en 2017, une augmentation qui traduirait, selon elle, l'efficacité de ses mesures de redressement.
La candidate a profité de l'occasion pour distiller une série de propositions comme la création de 40.000 places de prison, l'augmentation de 200 euros net pour les salaires inférieurs à 1,4% du smic, soit environ 1.500 euros net par mois, et le versement d'un revenu parental équivalent à 80% du smic pendant trois ans à partir du deuxième enfant.
En matière d'immigration, thème traditionnel du FN, la candidate a annoncé son intention de réduire le nombre d'immigrants légaux de 200.000 à 10.000 par an.
L'Europe n'est pas oubliée puisque la France sous la présidence de Marine Le Pen ne se contenterait pas de revenir au franc mais ramènerait également progressivement à zéro sa contribution nette au budget de l'Union européenne - la France recevrait exactement ce qu'elle met dans la caisse commune.
"J'ajoute que la fin de l'expérience désastreuse de l'euro permettrait aussi de mettre fin aux coûteux plans de renflouement à répétition des pays victimes de l'euro tout en stimulant une économie.
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