Les études publiées dans le Journal of Psychopharmacology font rarement la une des grands médias mais celle-ci fait exception. Selon une équipe de l’université d’Oxford, « le propranolol réduit les préjugés raciaux négatifs implicites ». Le propanolol est un bêta-bloquant, qui diminue l’arrivée des influx nerveux sur le cœur. Il est utilisé contre l’hypertension et surtout en prévention des migraines et du trac ; le ministère de la défense américain a récemment étudié son usage pour soigner les soldats de retour du combat.
Concrètement, 36 étudiants blancs volontaires ont reçu, les uns une dose de 40 mg de propranolol, les autres un placebo. Au bout de deux heures, ils ont été soumis à « un test d’association implicite », consistant à associer des mots comme « joie », « mal », « heureux », « glorieux », avec des visages blancs et noirs. Ceux qui avaient pris du propranolol ont obtenu un résultat « d’attitudes raciales subsconscientes » nettement plus bas que ceux qui avaient pris un placebo.
Selon Sylvia Terbeck, principal auteur de l’étude, « les préjugés raciaux implicites peuvent se produire même chez des personnes qui ont une croyance sincère en l’égalité. Étant donné le rôle clé que jouent de telles attitudes implicites dans la discrimination contre d’autres groupes ethniques, et l’usage très répandu du propranolol pour raisons médicales, nos découvertes sont d’un intérêt éthique considérable ».
Julian Savulescu, professeur d’éthique pratique à l’université d’Oxford, co-auteur de l’étude, a déclaré de son côté: « Une telle recherche ouvre la possibilité fascinante que nos attitudes raciales inconscientes pourraient être modifiées en utilisant des médicaments, une possibilité qui demande une analyse éthique soigneuse ».
Le Professeur Savulescu s’est signalé par ses conceptions particulières de l’éthique. Il a notamment soutenu que les parents avaient le devoir de sélectionner les meilleurs enfants qu’ils puissent avoir, en pratiquant la fécondation in vitro et le diagnostic préimplantatoire, pour déterminer l’intelligence des embryons. Il a justifié toutes les recherches sur l’embryon, ainsi que la destruction de fœtus « comme source d’organes et de tissus pour la transplantation aux adultes ».
Le Dr Chris Chambers, du Département de Psychologie de l’université de Cardiff, estime pour sa part que les résultats doivent être traités avec une « extrême précaution ». Pour lui, « nous ne savons pas si le médicament influence seulement les attitudes raciales ou s’il altère le système mental plus généralement. Nous ne pouvons exclure la possibilité que les effets soient dus au fait que le médicament réduit le rythme cardiaque ».
Personne ne semble avoir relevé, en fait de préjugés, que les cobayes de l’étude étaient exclusivement des étudiants blancs. Comme si les Blancs étaient les seuls susceptibles d’avoir des « attitudes raciales subconscientes » ou les seuls, en tout cas, qu’il faille absolument en guérir. Par tous les moyens.
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