jeudi 24 mai 2012

En ce 23 mai, le 10 mai et la loi Taubira furent présents dans les discours et les pensées


Square du 23 Mai

Le CM98   et le Collectif du 23 mai organisaient la commémoration  du souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite négrière  dans la ville de  Saint- Denis (93).

Aux premiers abords, la foule m’apparut relativement nombreuse, quoique lâche par rapport à l’espace disponible, les gens venaient et partaient, d’autant que le 23 mai est un jour ouvré. In fine,  on pouvait considérer que la manifestation connut un engouement et un certain succès qui doivent être amplifiés.

Les cérémonies du 23 mai débutèrent par une « grande fresque humaine représentant la cale d’un bateau négrier sur le Parvis de la Basilique de Saint-Denis »  (voir le programme de la manifestation).

Je ne m’appesantirai pas sur tous les aspects de cette commémoration mais simplement   sur l’inauguration du square du 23 mai 1998 et les discours qui s’ensuivirent.

P.  Braouezec, V. Romana, D. Paillard, J-P. Huchon

Le square du 23 mai fut inauguré en présence de Monsieur le maire Didier Paillard, du président  de la région d’île de France Jean-Pierre Huchon, qui à l’occasion  informa  l’auditoire de son grand-père martiniquais, du président du conseil général, le député  Patrick Braouezec, du délégué inter-ministériel à l’égalité des chances des ultramarins, Claudy Siar et de nombreuses personnalités politiques ou associatives : Serge et Viviane Romana, Françoise Verges, Jocelyn Obertan…

En prémices de leurs discours,  les politiques rappelèrent l’attachement qu’ils portent aux Outres-mers, ainsi qu’aux populations émanant de ces territoires. Toutefois, leurs paroles ont été convenues, quand il s’est agi de relater  l’ignominie que fut l’esclavage transatlantique, des afflictions passés, qu’un peuple en raison de sa couleur de peau, eut à subir  une des plus grandes avanies, une des plus grandes abjections, une des plus sordides ignominies  que l’homme eut à commettre envers son semblable, tant soit peu, que nous le fûmes, leurs semblables, à ce moment de l’histoire et non des bêtes de somme.
Françoise Verges et Serge Romana

Mais reconnaissons, que c’est un exercice difficile pour ces personnalités politiques, car porteur d’une hérédité historiquement culpabilisante, donc d’une responsabilité historique dans cette tragédie pluricentenaire. Admettons aussi, qu’il n’est guère commode de s’auto flageller pour des fautes ayant été commises par des aïeux.

Quelques-uns des politiques  comparèrent l’Esclavage avec la Shoah, citant du Primo Levi (je crois que les Antillais se gardent dorénavant de telles comparaisons, car reproche leur étant systématiquement fait de raviver la guerre des mémoires ou  de hiérarchiser les souffrances).

D’autres intervenants à la tribune firent le parallèle, de ce qui se passe encore dans certains pays, tels que le Niger, le Soudan et la Mauritanie où l’esclavage perdure où des marchés aux esclaves se tiennent encore en place publique et ce au grand jour.

Toutefois, les propos n’eurent comme point focal que le passé, il eut été fait mention des formes insidieuses de l’esclavage moderne, et les conséquences pernicieuses (racisme, discrimination, préjugés) de l’esclavage sur les descendants de ce crime, influant que si  la traite négrière transatlantique et l’esclavage des Nègres aux Amériques est un fait du passé, les incidences négatives sur les  descendants des populations esclavagées sont encore présentes dans nos sociétés actuelles et obèrent bien des perspectives, tuent bien des potentialités, freinent bien des réussites.

Claudy Siar

L’ordre protocolaire voulant que ce soit l’état qui clôt les discours, ce fut le délégué interministériel Claudy Siar,  qui discourut avec l’emphase que nous lui connaissons, parlant de générations sacrifiées, de ses combats, de la première  marche (la Fête des nègres marrons) qu’il organisa en 1993, il parla avec son cœur et fut entendu par la foule.

Il s’attarda plus que les autres sur Christiane Taubira, ministre de la justice et Gardes des Sceaux, qui en ce moment fait face à des critiques nauséabondes de la part de l’UMP et de son président Jean François Copé,  des nervis de l’extrême droite, ainsi que de personnalités qui par leurs propos en sont idéologiquement proches, comme Eric Zemmour dont le nouveau credo est la défense de l’Homme Blanc, que madame Taubira menacerait.

Et justement, à travers les attaques ad hominem contre la ministre de la justice, nous mesurons que les chemins de l’égalité sont encore loin et l’intérêt de telles commémorations, car les mentalités sont empreintes de racisme.


 Tony Mardaye

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