Square du 23 Mai |
Le CM98 et le Collectif du 23 mai organisaient la
commémoration du souvenir des victimes
de l’esclavage et de la traite négrière
dans la ville de Saint- Denis
(93).
Aux premiers
abords, la foule m’apparut relativement nombreuse, quoique lâche par rapport à
l’espace disponible, les gens venaient et partaient, d’autant que le 23 mai est
un jour ouvré. In fine, on pouvait
considérer que la manifestation connut un engouement et un certain succès qui
doivent être amplifiés.
Les
cérémonies du 23 mai débutèrent par une « grande fresque humaine représentant la cale
d’un bateau négrier sur le Parvis de la Basilique de Saint-Denis »
(voir le programme de la manifestation).
Je ne m’appesantirai pas sur tous les
aspects de cette commémoration mais simplement sur l’inauguration du square du 23 mai 1998 et les discours qui
s’ensuivirent.
P. Braouezec, V. Romana, D. Paillard, J-P. Huchon |
Le square du
23 mai fut inauguré en présence de Monsieur le maire Didier Paillard, du
président de la région d’île de France
Jean-Pierre Huchon, qui à l’occasion
informa l’auditoire de son
grand-père martiniquais, du président du conseil général, le député Patrick
Braouezec, du délégué inter-ministériel à
l’égalité des chances des ultramarins, Claudy Siar et de nombreuses
personnalités politiques ou associatives : Serge et Viviane Romana,
Françoise Verges, Jocelyn Obertan…
En prémices de leurs discours, les politiques rappelèrent l’attachement qu’ils portent aux
Outres-mers, ainsi qu’aux populations émanant de ces territoires. Toutefois,
leurs paroles ont été convenues, quand il s’est agi de relater l’ignominie que fut l’esclavage
transatlantique, des afflictions passés, qu’un peuple en raison de sa couleur
de peau, eut à subir une des plus
grandes avanies, une des plus grandes abjections, une des plus sordides
ignominies que l’homme eut à commettre
envers son semblable, tant soit peu, que nous le fûmes, leurs semblables, à ce
moment de l’histoire et non des bêtes de somme.
Françoise Verges et Serge Romana |
Mais
reconnaissons, que c’est un exercice difficile pour ces personnalités
politiques, car porteur d’une hérédité historiquement culpabilisante, donc
d’une responsabilité historique dans cette tragédie pluricentenaire. Admettons
aussi, qu’il n’est guère commode de s’auto flageller pour des fautes ayant été
commises par des aïeux.
Quelques-uns
des politiques comparèrent l’Esclavage
avec la Shoah, citant du Primo Levi (je crois que les Antillais se gardent
dorénavant de telles comparaisons, car reproche leur étant systématiquement
fait de raviver la guerre des mémoires ou
de hiérarchiser les souffrances).
D’autres
intervenants à la tribune firent le parallèle, de ce qui se passe encore dans
certains pays, tels que le Niger, le Soudan et la Mauritanie où l’esclavage
perdure où des marchés aux esclaves se tiennent encore en place publique et ce
au grand jour.
Toutefois,
les propos n’eurent comme point focal que le passé, il eut été fait mention des
formes insidieuses de l’esclavage moderne, et les conséquences pernicieuses
(racisme, discrimination, préjugés) de l’esclavage sur les descendants de ce
crime, influant que si la traite
négrière transatlantique et l’esclavage des Nègres aux Amériques est un fait du
passé, les incidences négatives sur les
descendants des populations esclavagées sont encore présentes dans nos
sociétés actuelles et obèrent bien des perspectives, tuent bien des
potentialités, freinent bien des réussites.
Claudy Siar |
L’ordre
protocolaire voulant que ce soit l’état qui clôt les discours, ce fut le délégué
interministériel Claudy Siar, qui
discourut avec l’emphase que nous lui connaissons, parlant de générations
sacrifiées, de ses combats, de la première
marche (la Fête des nègres marrons) qu’il organisa en 1993, il parla avec son cœur et
fut entendu par la foule.
Il
s’attarda plus que les autres sur Christiane Taubira, ministre de la justice et
Gardes des Sceaux, qui en ce moment fait face à des critiques nauséabondes de
la part de l’UMP et de son président Jean François Copé, des nervis de l’extrême droite, ainsi que de
personnalités qui par leurs propos en sont idéologiquement proches, comme Eric
Zemmour dont le nouveau credo est la défense de l’Homme Blanc, que madame
Taubira menacerait.
Et
justement, à travers les attaques ad hominem contre la ministre de la justice,
nous mesurons que les chemins de l’égalité sont encore loin et l’intérêt de
telles commémorations, car les mentalités sont empreintes de racisme.
Tony Mardaye
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