Le premier de Turquie est un homme qui un siècle plus tard, n'accepte toujours pas le compromis historique ayant mis fin à la première guerre mondiale, parce qu'il a mis fin également à la toute puissance de ce qui fut l'empire Ottoman...
Il se considère confusément comme étant celui qui doit continuer l'entreprise de reconquête territoriale engagée par Mustapha Kemal dit "Ataturk", qui n'avait pas accepté le traité de Sèvres de 1920 qui avait vu l'empire ottoman réduit en miettes tout comme l'empire Austro-hongrois, et qui était parvenu à reprendre par la force armée quelques provinces, pour parvenir finalement à une Turquie définie en ses frontières d'aujourd'hui, par le traité de Lausanne en 1923...
Cet homme fort d'Ankara voudrait visiblement aller plus loin, d'où son incartade en Syrie. Il tente en ce moment de ravir les espaces de Zone Economique Exclusive (ZEE), de la Grèce dont les îles se trouvent à quelque encâblures seulement de la côte turque, espaces définis selon un découpage établi sur la base des dispositions du traité de Montégo Bay aux négociations duquel la Turquie n'a justement pas adhéré. Ceci en tentant un fait accompli qui pourrait être un forage d'exploitation dans cette zone, qui ne déclencherait pas contre sa nation une riposte guerrière...
Une grande partie de sa popularité tient à la terrible humiliation que ressent le peuple turc, du fait que la candidature d'adhésion de ce pays à l'Union Européenne date déjà de 1987, et que durant ces trente trois longues années, tous les prétextes ont été avancés par les Européens pour refuser cette adhésion, ce par quoi les Turcs ont bien fini par comprendre que le reproche essentiel qui leur était fait, était d'être de confession musulmane...
C'est donc en se drapant en plus d'un messianisme religieux, qu'il conforte auprès des siens ses options nationalistes et aventureuses, ce qui le rend particulièrement dangereux...
Mais son atout majeur, c'est qu'il comprend bien que sa politique ne peut que recevoir l'adhésion tacite des Russes et des Américains, parce qu'elle confine à la déstabilisation de l'Union Européenne, qui a vu certains de ses membres le soutenir et d'autre dont la France, le combattre, et à la diminution précisément de l'influence de cette France par son isolement, ce qui s'inscrit parfaitement dans les options espérées, tant par les Russes que par les Américains...
Le président de la république quant à lui se trouve dans une faveur historique inattendue, mais tout à fait logique de ce qui constitue la vocation de la France, en étant dans la situation de pouvoir prendre un ascendant définitif sur toute l'Union Européenne, en montrant la détermination de la France à protéger deux nations de l'Union Européenne menacées, la Grèce et Chypre, en étant la seule nation a avoir la détermination de le faire, et surtout la seule a posséder la capacité militaire pour le faire...
Parviendra-t-il à exploiter cette occasion...?
C'est ce que nous verrons, mais en attendant, la Frégate la Fayette et le Bpc Tonnerre, qui sont des bâtiments très puissamment armés avec des dispositifs les plus modernes, le Bpc disposant de plus de moyens amphibies permettant un débarquement local de 450 hommes de troupe, accompagnés de plus par quelques avions Rafales, sont en position sur la zone...
Cela suffira-t-il à calmer l'Imam d'Ankara...?
Rien n'est moins sûr, donc affaire à suivre...
Richard Pulvar