lundi 28 février 2011

New York : la pub pro-vie qui dérange…



C’était spectaculaire : un énorme placard publicitaire en plein SoHo, Manhattan dénonçait depuis mardi les avortements dont est prioritairement victime la population afro-américaine aux Etats-Unis. Dès jeudi, après une campagne orchestrée par la municipalité de New York, l’affiche a été démontée. Elle avait été dénoncée comme « raciste ».
Raciste ? C’était précisément la « préférence ethnique » pour la procuration d’avortements dans des zones plus pauvres à forte population afro-américaine qui était dénoncée dans cette campagne financée par le groupe pro-vie Life Always : « L’endroit le plus dangereux pour un Africain américain est le sein maternel. » L’affiche, montrant une jolie petite fille noire, renvoyait vers le siteThatsAbortion.com. Son emplacement était stratégique : au cœur d’un quartier noir, à quelques centaines de mètres d’un des trois avortoirs du Planning familial à New York, qui, ensemble, ont réalisé environ 17.000 avortements l’an dernier.
L’affiche n’était pas choquante et encore moins obscène. Leticia James, conseillère municipale noire, l’a pourtant qualifiée d’« affront » à l’égard de la population noire et une autre a dénoncé son exploitation de la peur. « Elle frise le racisme, mais toutes les personnes de bonne conscience devraient se considérer comme offensées, a déclaré Christine Quinn. Elle minimise les émotions que doivent confronter les jeunes femmes qui se trouvent dans cette mauvaise passe. »
Et pourtant… 60 % des grossesses afro-américaines se terminent par l’avortement dans les cinq zones administratives de New York City. Le Planning familial (Planned Parenthood) qui est le plus important pourvoyeur d’avortements aux Etats-Unis a implanté 78 % de ses avortoirs au cœur des communautés noires. Tandis que les Noirs représentent 12,8 % de la population des Etats-Unis, les femmes noires y subissent 36 % des avortements. « Life always » signale que le but n’est pas seulement de dénoncer toutes ces morts d’enfants noirs, mais le grand tort fait aux femmes noires à travers l’avortement. « Notre avenir est dans la balance alors qu’un plan génocidaire est mis en œuvre à travers l’avortement », a déclaré un pasteur afro-américain, Stephen Broden, responsable de l’association.
Pour Alveda King – nièce de Martin Luther King et figure éminente du mouvement pro-vie américain qui a rejoint le mouvement catholique « Priests for Life » – l’affiche disait la stricte vérité. « Le fait que ce placard ait été démonté constitue un acte de censure insupportable. Cette affiche devrait être placardée dans toutes les villes de ce pays. Et elle devrait provoquer la colère de la communauté afro-américaine, non parce qu’elle est raciste, mais en raison de la vérité qu’elle révèle : cette vérité qu’on cache à la communauté afro-américaine. »
L’affaire s’est compliquée du fait que la mère de l’enfant montrée par l’affiche s’est insurgée contre cette utilisation de l’image de sa fille : Tricia Fraser avait proposée ses enfants pour des photos professionnelles et avait accepté que leur image puisse être utilisée pour des campagnes publicitaires, mais elle s’est déclarée « offensée » par la campagne de Life Always. Elle exige des excuses et la promesse que l’image de sa fille ne sera plus utilisée par cette association.
Jeanne Smits

A Haïti, la célébration du carnaval suscite la polémique

La période carnavalesque débute en Haïti. La ville de Jacmel, qui a le défilé le plus réputé du pays, ouvre ce dimanche 27 février les festivités qui s'achèveront avec le carnaval de Port-au-Prince du 6 au 8 mars. Plus d'un an après le séisme qui a tué plus de 250 000 personnes, la vie culturelle reprend timidement dans le pays mais tous ne sont pas favorables à ce carnaval 2011. Vu le contexte difficile dans lequel se trouve toujours Haïti, la polémique enfle sur la décence de tels défilés.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron

Comment peut-on faire une si grande fête alors que près d'un million d'Haïtiens vivent toujours dans les rues ? Les détracteurs du carnaval critiquent avant tout l'engagement du gouvernement dans le financement des défilés. Le coût du carnaval est estimé à plus de 90 millions de gourdes dont 40 millions, soit un peu plus de 700 000 euros, sont payés par l'Etat. Une somme qui aurait pu, expliquent les opposants à la fête, servir pour combattre le choléra ou pour aider au relogement des sinistrés du séisme.

Les autorités annoncent agir pour soutenir la création culturelle et permettre au pays d'avoir un temps de distraction, de retrouver une vie normale. Mais le message ne passe pas et les principaux groupes de la diaspora, qui d'ordinaire sont les têtes d'affiche du carnaval à Port-au-Prince, ont annoncé qu'ils ne composeraient aucune nouvelle chanson pour l'occasion.


Le défilé ne pourra, par ailleurs, pas se tenir comme d'ordinaire sur le Champ de Mars, car la place est toujours occupée par des dizaines de milliers de personnes qui vivent sous les tentes.


Ce carnaval 2011 est vraiment source d'inquiétude. Lors des défilés pré-carnavalesques, les danseurs et groupes musicaux ont été les cibles de jets de pierres par ceux qui refusent de voir des foules s'amuser non loin des camps de fortune.

dimanche 27 février 2011

La danse macabre du cynisme



La politique de pillage imposée par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN au Moyen-Orient est entrée en crise. Et cette crise est due, forcément, à la hausse des cours des céréales dont les retombées ont été plus fortes dans les pays arabes où la rareté de l’eau, les zones désertiques et la pauvreté du peuple généralisée contrastent avec les revenus très élevés des secteurs privilégiés liés aux énormes ressources pétrolières.

Alors que les prix des aliments ont triplé, les fortunes immobilières et les trésors de la minorité aristocratique se chiffrent à des billions de dollars.
Le monde arabe, de culture et de religion majoritairment musulmane, s’est en plus senti humilié par la mise en place, à feu et à sang, d’un État qui n’a respecté aucune des obligations élémentaires ayant présidé à sa création dans le cadre de l’ordre colonial qui existait à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qui permit aux puissances victorieuses de fonder l’ONU et d’imposer les règles du jeu régissant le commerce et l’économie mondiaux.

La trahison de Anwar El-Sadat à Camp David a empêché l’existence de l’État arabe palestinien visé dans les accords de l’ONU de novembre 1947, si bien qu’Israël est devenu une forte puissance nucléaire alliée des États-Unis et de l’OTAN.

Le complexe militaro-industriel étasunien a livré des dizaines de milliards de dollars tous les ans à Israël et même aux États arabes que celui-ci soumettait et humiliait.

Le génie s’est échappé de la bouteille, et l’OTAN ne sait pas comment le contrôler.

Il va s’efforcer de tirer le plus gros profit des regrettables événements libyens. Nul n’est capable de savoir actuellement ce qu’il se passe dans ce pays. L’Empire a fait publier par ses médias toutes sortes de chiffres et de versions, jusqu’aux plus saugrenus, afin de semer le chaos et la désinformation.

De toute évidence, une guerre civile se déroule en Libye. Pourquoi et comment a-t-elle éclaté ? Qui en paiera les conséquences ? L’agence Reuters, se faisant l’écho d’une banque japonaise bien connue, la Nomura, a signalé que les cours du pétrole pourraient battre tous les records :
« "Si la Libye et l’Algérie arrêtaient leur production pétrolière, les cours pourraient dépasser 220 dollars le baril, et l’OPEP verrait réduite sa capacité inutilisée à 2,1 millions de barils par jour, similaire aux niveaux de la guerre du Golfe, et au record de 147 dollars le baril établi en 2008", a affirmé la banque dans une note. »

Qui pourrait payer des prix pareils ? Quelles en seraient les conséquences en pleine crise alimentaire ?
Les principaux leaders de l’OTAN jubilent. Le Premier ministre britannique, David Cameron - selon ANSA - « ...a admis dans un discours au Koweït que les pays occidentaux avaient fait erreur d’avoir soutenu des gouvernements non démocratiques dans le monde arabe. » Félicitons-le du moins pour sa franchise.

Son collègue français Nicolas Sarkozy a déclaré : « La poursuite de la répression brutale et sanglante contre la population civile libyenne est répugnante. »

Le ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini, a jugé « crédible » la quantité de mille morts à Tripoli, et a parlé de "chiffres tragiques" et de "bain de sang".

Selon Hillary Clinton, le « bain de sang » est « absolument inacceptable » et « doit cesser ».

Pour Ban Ki-moon, « le recours à la violence dans ce pays est absolument inacceptable... le Conseil de sécurité agira en accord avec les décisions de la communauté internationale... nous envisageons une série de variantes. »
En fait, ce qu’attend Ban Ki-moon, c’est qu’Obama dise le dernier mot.
Le président étasunien a parlé ce mercredi après-midi. Il a fait savoir que sa secrétaire d’Etat partirait en Europe afin de décider avec les alliés de l’OTAN des mesures à prendre. À le voir, on constatait qu’il ne voulait pas laisser filer l’occasion de se colleter avec le sénateur républicain d’extrême droite, John McCain, avec le sénateur pro-israélien du Connecticut, Joseph Lieberman, et avec les dirigeants du Tea Party, et de garantir son investiture par le Parti démocrate.

Les médias de l’Empire ont préparé le terrain en vue d’une action. Une intervention militaire en Libye n’aurait rien de surprenant, ce qui garantirait par ailleurs à l’Europe les presque deux millions de barils par jour de pétrole léger qu’elle importe, si des événements qui mettraient fin au leadership ou à la vie de Kadhafi n’intervenaient pas avant.

De toute façon, le rôle d’Obama est plutôt compliqué. Comment réagira le monde arabe et musulman si une telle équipée faisait couler à flot le sang libyen ? La vague révolutionnaire déclenchée en Égypte freinera-t-elle une intervention de l’OTAN en Libye ?
L’invasion de l’Iraq déclenchée par Bush sous de faux prétexte - mission remplie ! s’était-il exclamé - a coûté la vie à plus d’un million d’Arabes innocents.

Nul dans le monde n’acceptera jamais la mort de civils innocents, en Libye ou ailleurs. Je me demande : les États-Unis et l’OTAN appliqueront-ils un jour ce même principe aux civils désarmés que leurs drones et leurs soldats tuent tous les jours en Afghanistan et au Pakistan ?

C’est vraiment la danse macabre du cynisme !

Fidel Castro Ruz
Le 23 février 2011
19 h 42
traduction J-F Bonaldi, La Havane

Michèle Alliot-Marie ministre des affaires étrangères annonce sa démission




La ministre des Affaires étrangères a écrit au chef de l'Etat pour lui présenter sa démission.
La nouvelle que tout le monde attendait est finalement tombée un peu avant 18 heures. Michèle Alliot-Marie, désormais officiellement ex-ministre des Affaires étrangères, a écrit une lettre au chef de l'Etat pour lui signifier sa démission. Elle invoque notamment une campagne d'"attaques politiques et médiatiques" véhiculant "contre-vérités et amalgames" sur son compte. "Je vous demande donc de bien vouloir accepter ma démission", écrit-elle. Le nom de son remplaçant, probablement Alain Juppé, devrait être annoncé en début de soirée. Avec un remaniement, dont l’ampleur reste floue.
Selon les informations du service politique d'Europe 1, plusieurs mouvement semblent acquis. Gérard Longuet devrait remplacer Alain Juppé, parti au Quai d'Orsay, à la Défense. Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, devrait lui faire son entrée à l’Intérieur, pour un premier portefeuille ministériel. Quant à Brice Hortefeux, il quitterait lui le gouvernement pour intégrer l’équipe des conseillers de Nicolas Sarkozy. Une nomination hautement stratégique en vue de 2012.

Premières

Le départ de Michèle Alliot-Marie n'est évidemment pas une surprise. Depuis plusieurs jours, la rumeur enflait. Le 16 février pourtant, Nicolas Sarkozy lui avait réitéré son soutien, en lui glissant un mot d’encouragement lors du conseil des ministres. Et en le faisant savoir. Mais la controverse aura finalement été plus forte que la volonté présidentielle. A droite, de plus de plus de voix soutenaient que la position de MAM devenait intenable.
Car la désormais ex-ministre des Affaires étrangères s’était empêtrée dans la polémique sur ses vacances tunisiennes, à la fin de 2010. Michèle Alliot-Marie avait séjourné dans un hôtel et pris un avion privé appartenant à Aziz Miled, un homme d’affaires associé au président déchu Ben Ali, alors même que le mouvement qui allait aboutir à la chute du despote, la Révolution de jasmin, avait commencé.
Ministre sans discontinuer depuis 2002, Michèle Alliot-Marie quitterait donc le gouvernement par la petite porte. Depuis neuf ans pourtant, la vice-présidente de l’UMP frôlait le sans-faute. Première femme ministre de la Défense (2002-200), puis première femme ministre de l’Intérieur (2007-2009), elle a aussi été la première, tous genres confondus, à enchaîner quatre ministères régaliens consécutivement (Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères). Une carte de visite qui n’a donc pas suffi au moment d’affronter sa première véritable polémique.

samedi 26 février 2011

La révolution sous X


J’écrivais hier : «  l’histoire est multiforme et de nombreuses interactions naissent à des jonctions improbables. »  ce qui fait référence à la thèse de  l’imprévisibilité de l’histoire, pour comprendre ma pensée prenons l’exemple des révolutions qui actuellement balaient les pays arabes, des révolutions qui ne sont  portées par aucune idéologie politique, menées par aucun leader de la société civile, religieuse, militaire ou politique, mais par une population aspirant à mieux vivre, à plus de dignité.

Elles ont pris de court tout le monde, des analystes internationaux, aux différents services secrets, personne n’a rien vu venir.

Ces révolutions n’ont été rendues possibles que par  le progrès technique et l’émergence des réseaux sociaux (Twitter et Facebook) qui correspondent aux interactions, à ce facteur X.

Comment penser que des réseaux censés favoriser la sociabilité deviendraient des supports effectifs pour la révolution, ils faut croire que les analystes ont minoré la capacité de fédération  des réseaux sociaux.

La Chine a très bien compris le rôle de ces nouveaux vecteurs de communication, ainsi que leur « nocivité », car les ayant mis tôt  sous contrôle. Malheureusement il est à craindre, que les pays développés feront bientôt de même, différemment, mais trouveront un moyen de contraindre et de restreindre la liberté sur l’Internet, parce qu’il menace leurs intérêts et la stabilité politique.


Evariste Zephyrin


vendredi 25 février 2011

L’échec de la reconstruction en Haïti





par Roger Annis


Le premier anniversaire du tremblement de terre dévastateur qui a frappé Haïti a donné lieu, au Canada, à de nombreuses révélations des médias sur l’échec des secours internationaux. Des rapports ont démontré que de nombreuses barrières empêchent que soient acheminées l’aide et les moyens de reconstruction, pourtant désespérément nécessaires un an plus tard.
Beaucoup de Canadiennes et de Canadiens continuent à poser des gestes de solidarité avec les victimes de la tragédie. Cependant, alors que le gouvernement canadien avait promis beaucoup, il a, dans les faits, accompli très peu.
Il justifie constamment une politique de secours que beaucoup de travailleurs volontaires, d’organisations de défense des droits de la personne et d’autres observateurs considèrent comme extrêmement inadéquate. Pendant ce temps, le Canada continue à intervenir de manière destructive dans les affaires politiques intérieures d’Haïti.


Plus de promesses que d’aide réelle
Ottawa n’a déboursé qu’une infime partie des fonds qu’il prétend dépenser en Haïti. Il dit qu’il aura dépensé « un milliard de dollars » en Haïti entre 2006 et 2012, un montant que les médias ont également cité. Les montants réels sont loin du compte.i
  • Au cours des deux mois qui ont suivi le tremblement de terre du 12 janvier, le Canada a donné quelque 150 millions de dollars aux agences de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et à des organisations non gouvernementales (ONG) pour des secours d’urgence.
  • Lors de la Conférence internationale des donateurs pour un nouvel avenir en Haïti, tenue à New York le 31 mars dernier, le Canada s’est engagé à donner 325 millions de dollars à Haïti pour 2010-2011 et 75 millions pour 2012 et les années subséquentes. Un montant de 113 millions avait été promis pour l’année 2010 au titre de « rétablissement et développement », ce qui incluait 34 millions pour l’allégement de la dette. Ce dernier montant a été payé mais moins de la moitié du reste du montant a été déboursé.
  • Dans un communiqué de presse émis le 12 juillet, la ministre de la Coopération internationale, Beverley Oda, ne faisait référence qu’à deux projets que le Canada avait financé à ce jour – les 150 millions de dollars versés avant la Conférence internationale des donateurs pour des dépenses humanitaires et les 34 millions pour l’allégement de la dette.
  • Un montant de 7 millions a été versé aux agences internationales de santé pour le traitement du choléra, à la suite de l’apparition de l’épidémie en octobre.
  • Les deux plus gros montants qui aient été alloués à autre chose que le maintien de l’ordre sont 19 millions pour le Programme alimentaire mondial et 19 millions pour la construction d’un hôpital dans la ville des Gonaïves. L’hôpital, promis depuis plusieurs années, n’est toujours qu’un terrain vague à l’extérieur des Gonaïves où un panneau annonce un « futur » hôpital qui sera financé par le Canada.
Ces promesses de dépenses chevauchent le budget d’aide pré-séisme du Canada, d’un montant de 555 millions de dollars pour la période 2006-2011. Beaucoup d’entre elles ne sont rien de plus que les sommes déjà prévues dans le budget existant, présentées dans un nouvel enrobage.
Le gouvernement affirme que sa priorité en Haïti est de financer la « sécurité », c’est-à-dire former et équiper la police et construire des prisons. Depuis le séisme, le Canada a annoncé un budget d’au moins 58 millions de dollars dans ce but, ce qui inclut la construction d’un centre de formation et d’un nouveau quartier général pour la Police nationale d’Haïti.
Mis à part le fait qu’on peut difficilement prétendre que le soutien accordé à une force policière et un système judiciaire répressifs et dysfonctionnels constituent des « secours post-séisme », même ce budget prioritaire ne s’est pas concrétisé. Selon un rapport publié le 20 janvier par le quotidien montréalais La Presse, trois des six projets de « sécurité » annoncés par le gouvernement en 2010 ont maintenant été annulés ou remis à plus tard.
Le 11 janvier, la ministre Oda annonçait plusieurs nouvelles dépenses, pour un total de 93 millions de dollars, dont « un projet (…) qui permettra d’offrir gratuitement des services de santé de base à trois millions de personnes, (…) la reconstruction de l’École des sages-femmes d’Haïti, (…) l’ajout d’une maternité de 30 lits, d’un service de pédiatrie (…) ».ii De manière très typique, les détails concernant ces projets se font rares ; seuls le temps et des recherches acharnées auprès de sources d’information inadéquates nous diront lesquels se sont concrétisés.

Soutien à la répression et à la fraude électorale
L’envoi rapide de 2 000 soldats et marins au cours des jours qui ont suivi le séisme a été – et de loin – la réaction la plus significative du gouvernement fédéral face au tremblement de terre en Haïti. Ces soldats et marins ont apporté une aide rudimentaire dans les régions de Leogâne et de Jacmel et ont été rappelés à peine six semaines plus tard, leur mission déclarée d’assurer la « sécurité » dans la période post-séisme en Haïti étant considérée comme accomplie.iii
Assurer la « sécurité » en Haïti est l’expression voilée qu’utilise une puissance étrangère pour empêcher un retour aux politiques de justice sociale qui ont guidé le dernier gouvernement souverain et librement élu d’Haïti, dirigé par le président Jean-Bertrand Aristide de 2000 à 2004. Ce gouvernement a été renversé par une intervention militaire étrangère à laquelle le Canada a pris part.
Les élections frauduleuses du 28 novembre 2010 démontrent que les politiques interventionnistes qui ont mené au coup d’État de 2004 sont toujours très présentes en Haïti. Ces élections, que Bill Quigley, procureur des États-Unis et directeur juridique du Center for Constitutional Rights,iv a récemment qualifiées de « spectacle de marionnettes », visaient expressément à choisir un président et un corps législatif redevables aux États-Unis et à d’autres intérêts capitalistes internationaux. La population haïtienne n’a participé au vote que dans une proportion de 22 % ; le parti politique le plus populaire du pays, le parti Fanmi Lavalas du président Aristide en exil, a été officiellement interdit de participation.
L’Organisation des États américains (OEA), soutenue par la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a alors exigé du gouvernement haïtien qu’il tienne un deuxième tour (maintenant prévu pour le mois de mars) où le candidat déclaré deuxième dans la course à la présidence serait remplacé par le candidat qui s’était classé troisième. L’OEA a clairement fait savoir que le prix à payer serait très élevé pour Haïti si elle refusait de se conformer à ce diktat.
Lors d’un débat d’urgence tenu le 13 décembre par le Parlement du Canada sur les élections en Haïti, tous les partis on exprimé leur appui à ce que le vote frauduleux fasse l’objet d’un second tour d’élection.

Les services d’immigration canadiens refusent près de la moitié des demandeurs haïtiens
Immédiatement après le séisme, la communauté haïtienne et d’autres parties intéressées ont revendiqué à de multiples reprises que le gouvernement canadien traite rapidement les demandes de résidence temporaire ou permanente des victimes du tremblement de terre dont des proches résidaient déjà au Canada. Un programme spécial d’immigration a été mis sur pied à cet effet ; il a pris fin le 31 août.
Le journal Ottawa Citizen rapportait le 10 février que 49 % des 4 800 demandes de résidence permanente avaient été rejetées alors que le pourcentage global d’acceptation des demandes de résidence permanente au Canada en 2009-2010 était de 81 %.
Concernant un autre volet du programme spécial – les visas temporaires – le nombre de ces visas accordés à des Haïtiens a, en fait, baissé à la suite du séisme : de 4 400 en 2009 à 3 100 en 2010.
Un autre programme de réunification a eu beaucoup plus de succès. L’Opération Cigogne a réussi à accélérer l’adoption d’orphelins haïtiens par des parents potentiels au Canada. La plupart de ces parents ne sont pas d’origine haïtienne.
Marjorie Villefranche, de la Maison d’Haïti, un centre communautaire de Montréal, a déclaré au Citizen qu’un pourcentage élevé d’Haïtiens était refusé parce que les fonctionnaires fédéraux font peu de concessions face à la situation en Haïti.
« Ils ont agi comme s’il n’y avait jamais eu de tremblement de terre. (…) Il y a eu un véritable manque d’humanité » dans la façon dont le programme a été géré, accuse-t-elle.
La Presse rapportait le 4 novembre que le gouvernement du Québec avait reçu 8 354 demandes de réunification des familles. De ces demandes, 2 400 ont été acceptées et envoyées à Ottawa pour approbation finale. Seules 18 avaient été approuvées au moment de la publication de l’article.

L’ex-gouverneure générale ne mâche pas ses mots
Parmi les personnes qui ont critiqué l’aide internationale avec le plus de virulence, on retrouve Michaëlle Jean, l’ex-gouverneure générale du Canada, née en Haïti. En novembre dernier, madame Jean a été nommée envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti.
« À mesure que le temps passe, ce qui était au départ un désastre naturel est en train de devenir le reflet scandaleux de la communauté internationale », affirme Michaëlle Jean dans une lettre publique datée du 11 janvier et coécrite avec Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO.
« Les engagements solennels n’ont pas été tenus. Seule une part infime des sommes promises a été versée. Surtout, les retards accumulés laissent la population haïtienne avec de lourds sentiments d'abandon et de frustration. »
La lettre a été publiée dans les principaux journaux, y compris au Canada dans le Globe and Mail.
Michaëlle Jean s’est rendue en Haïti le 12 janvier et a appelé à un changement de politique radical. Ses préoccupations ont été largement reprises par la télévision et les bulletins de nouvelles au cours de sa visite en Haïti. « Il est temps que les sommes d’argent qui ont été promises, que tous ces moyens, commencent à se concrétiser et à apporter des changements, et il faut s’assurer que la population soit impliquée », a-t-elle déclaré à Tom Walters, de CTV.
Les opinions critiques de Michaëlle Jean sont partagées par beaucoup d’autres personnes bien placées pour savoir ce qui se passe. Robert Fox, directeur exécutif d’Oxfam Canada, affirme que la reconstruction massive d’Haïti aurait déjà dû commencer et que le gouvernement et les agences internationales agissent trop lentement et s’enlisent dans la bureaucratie. Dans le Ottawa Citizen du 12 janvier, il écrit que la reconstruction « n’a pas encore commencé ».
À l’occasion du premier anniversaire du séisme, les collègues de Fox à Oxfam États-Unis ont produit un rapport extrêmement critique sur les secours.v
La réaction internationale à l’épidémie de choléra en Haïti a également provoqué beaucoup de critiques. À la fin décembre, Unni Karunakara, président du Conseil international de Médecins sans frontières, a déclaré : « La réponse inadéquate apportée à la lutte contre le choléra en Haïti (…) dresse un réquisitoire accablant contre le système international de l'aide humanitaire dont les
rouages ont été minutieusement huilés au cours des 15 dernières années. »

Une meilleure année en perspective ?
La plupart des hauts fonctionnaires de l’ONU et plusieurs ONG présentent un point de vue bien différent de leur travail. Le 12 janvier, Nigel Fisher, coordonnateur de l’action humanitaire de l’ONU en Haïti, a déclaré à la radio anglaise de Radio-Canada que l’aide et la reconstruction vont aussi bien qu’on pouvait s’y attendre. « J’ai été ici la majeure partie de l’année et j’ai pu voir des changements – des décombres ont été déblayés, des enfants sont de retour à l’école. Notre but était de construire 30 000 abris transitoires au cours de l’année dernière et nous avons dépassé cet objectif.
« L’année dernière, les ressources se sont concentrées en grande partie sur l’aide humanitaire. Les ressources allouées au développement ont été plus lentes à drainer… »
Lorsqu’on lui a demandé quelles étaient ses attentes pour 2011, Fisher a déclaré : « Nous avons besoin d’une meilleure année. » Faisant allusion à la crise électorale, il a jouté : « Nous avons besoin de stabilité politique. Ce qui continue de nous inquiéter, c’est combien de temps la crise actuelle va se poursuivre. »
Fisher et ses collègues du régime d’occupation militaire d’Haïti de la MINUSTAH (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) ont soutenu les élections frauduleuses tenues le 28 novembre et ont fait la sourde oreille aux multiples appels pour annuler le vote et repartir à zéro à une date ultérieure.
David Morley, président et directeur général de Save The Children Canada, a présenté un point de vue aussi positif. « Je pense que les secours ont très bien fonctionné », a-t-il dit aux auditeurs de l’émission de CBC Cross Country Checkup, le 16 janvier. Il a affirmé que les camps de déplacés internes en Haïti sont « en bonnes conditions ».
« Tous les camps que j’ai visités (…) disposent de soins de santé, les écoles commencent à être mises en place et il y a de l’eau. »
Cela va à l’encontre de rapports provenant de journalistes et d’autres observateurs, tant haïtiens qu’étrangers. Ils font état de conditions très difficiles dans la plupart des camps. L’hygiène publique, l’eau potable, les écoles pour les enfants et les perspectives d’emploi se font rares. La police haïtienne et la police internationale se sont montrées incapables de protéger de la violence sexuelle les femmes qui résident dans ces camps – ou n’ont pas eu la volonté de le faire.
Même si elle se prétend « non politique » dans son travail, la Croix-Rouge canadienne est une autre de ces agences qui soutiennent que le monde fait de son mieux en Haïti.
Il s’agit de l’agence qui reçoit le plus de dons individuels de la part des Canadiennes et Canadiens de même que du « fonds de contrepartie »6 du gouvernement du Canada, quelque 200 millions de dollars au total. Les Sociétés de la Croix-Rouge à travers le monde ont dépensé moins de 25 % du montant de 1,2 milliard de dollars qu’elles ont reçu.7
Quelle est la raison de cette indifférence face à l’urgence de la crise haïtienne ? Nul doute que cette indifférence reflète le point de vue cynique d’Ottawa, de Washington et des capitales alliées : les désirs et les intérêts du peuple haïtien – tels qu’exprimés, par exemple, dans la revendication populaire pour le retour d’exil de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide – peuvent être ignorés en toute impunité. Mais ils sont en train de jouer la même partie qu’ils viennent tout juste de perdre en Égypte, un pays d’une très grande importance stratégique pour eux : l’idée erronée qu’un peuple acculé à des conditions désespérées ne trouvera pas le moyen d’affirmer ses droits et sa dignité.

Le 12 février 2011
Roger Annis est coordinateur du Réseau de solidarité Canada-Haïti et rédacteur de son site web www.canadahaitiaction.ca.

i Les chiffres sur l’aide du Canada à Haïti sont tirés de deux sources : le Bureau de l’envoyé spécial de l’ONU en Haïti et différentes annonces du gouvernement canadien et de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).
iv Organisation nationale vouée à la promotion et à la défense des droits garantis par la Constitution des États-Unis et par la Déclaration universelle des droits de l’homme
Programme en vertu duquel le gouvernement du Canada verse un dollar pour chaque dollar versé par une personne
7 Bureau de l’envoyé spécial de l’ONU en Haïti, “Overall Financing: Key Facts,” décembre 2010

jeudi 24 février 2011

pouvoir et collusion mésuage du lobbying



Il n'y a pas que Ben Ali et Moubarak qui ont un clan pour dépouiller leur pays !!!!!!

Alors que le déficit prévisionnel de la Sécurité Sociale a été annoncé cette semaine et qu’une diminution des remboursements est au programme, penchons-nous sur le secteur de la santé et sur ses acteurs. 

Le Pôle Emploi, fusion de l’ANPE et de l’ASSEDIC sur une idée de Nicolas Sarkozy, compte 50.000 employés. La Sécurité Sociale , comprenant l’Assurance Maladie, l’Assurance Vieillesse et les URSSAF compte 120.000 employés.

Ces deux organismes ont été concernés par une réforme récente concernant les "complémentaires santé". Depuis le 1er janvier 2009, 170.000 employés ont été contraints de résilier leurs contrats avec leurs mutuelles pour adhérer à une "mutuelle employeur obligatoire;".

Ceux qui ont des enfants ont également été obligés d’ inscrire ces derniers sur le nouveau contrat (sauf exception). C'est une conséquence de la loi Fillon de 2003.

C'est le même organisme qui a remporté les deux marchés : le groupe Malakoff-Médéricobtenant 170.000 adhérents supplémentaires. Ajoutez à cela les 800.000 salariés CHR (café-hôtellerie-restauration) qui entreront dans le dispositif en janvier 2011.

Cette compagnie d’ assurance et de prévoyance Malakoff-Médéric sur le marché français : 

n°1 des groupes paritaires de protection sociale, 

n°2 de la retraite complémentaire,

n°3 en santé collective (classement Argus de l’Assurance).

Le groupe est né de la fusion de Malakoff et Médéric le 30 juin 2008, 6 mois avant la mise en place du dispositif "mutuelle obligatoire employeur" pour la Sécurité Sociale et le Pôle Emploi.  

 président de Médéric cède sa place au président de Malakoff : Guillaume Sarkozy.
Au Medef de 2000 à 2006, il a aussi été le vice-président de la CNAM de 2004 à 2005.
Guillaume Sarkozy est le frère de Nicolas. 

Intéressons-nous maintenant au troisième larron : François Sarkozy.
Pédiatre de formation, a abandonné la pratique pour l’industrie pharmaceutique depuis 2001. 
Il siège au conseil de surveillance de Bio Alliance Pharma et est devenu le président d’AEC Partners dont une des missions est le conseil aux fonds d’investissement.

François Sarkozy a lancé une chaîne de télévision spécialisée internet financée par le laboratoire Sanofi. Ajoutons ses relations avec le groupe Paris Biotech Santé, l’un des protagonistes de l’affaire de l’Arche de Zoë. il fait partie aujourd'hui des puissants lobbyistes de l’industrie pharmaceutique.

D’ailleurs le grand plan Alzheimer lancé par le gouvernement est un joli cadeau de quelques centaines de millions d’ euros, une aubaine pour le secteur dont il défend les intérêts.

A venir, le plan "Dépendance des Seniors" annoncé avant les prochaines élections présidentielles...

 un en charge de l’exécutif : notre Président,

- l’ un à la tête d'un des plus gros groupes d’assurance santé,

- le dernier sert les intérêts des laboratoires pharmaceutiques.

On peut légitimement nourrir des inquiétudes sur l’avenir de notre système de santé. 
Les réformes engagées depuis 2004 ne font que confirmer sa détérioration et l’ on peut prédire son démantèlement d’ ici quelques années. Tout dépendra sans doute de 2012...

Après cela, étonnons-nous de l'acharnement de Nicolas à réformer le financement des retraites (qui va fatalement s'orienter vers un système par capitalisation) et de sa "bienveillance" vis-à-vis de sa ministre Roselyne lorsqu'elle fait prospérer les grands laboratoires pharmaceutiques en leur achetant à-tout-va des millions de vaccins ... inutiles mais financièrement juteux !..


 faire circuler SANS modération, pour la bonne information des citoyens. 

Promesse de M. Manigat





"Je promets de rompre avec la corruption et de planifier le départ progressif des soldats de l'ONU."


Mirlande Manigat

Haïti - Justice : Un procès contre Duvalier est impossible !


Lors d'un point de presse lundi, pour présenter le dossier judiciaire de «Baby Doc», les avocats de l'ex-Président, revenu au pays après 25 ans d'exil ont déclarés, qu’un procès, que ce soit pour crimes contre l'humanité ou corruption, contre Duvalier était impossible. 


Rappelons que l’ex-Président fait actuellement l'objet d’une vingtaine de plaintes déposées devant la justice haïtienne, par des victimes de son régime, pour entre autres : corruption, détournements de fonds, association de malfaiteurs...

Rejetant les arguments avancés par le procureur d'Haïti pour poursuivre leur client pour crimes contre l'humanité, les avocats de M. Duvalier ont répondu que la législation haïtienne ne reconnaissait pas cette notion.


« Haïti, n’a pas ratifié les conventions de New York et de Carthagène concernant les persécutions et les tortures. De plus, a-t-il ajouté, la Cour pénale Internationale, créée en 2002 reconnait qu’on ne peut poursuivre quelqu’un pour des crimes commis à une date antérieure à sa création » a déclaré Me Frizto Canton l’un de ses avocats qui a indiqué que les plaintes déposées contre son client pour crimes contre l’humanité ne sauraient servir de base à une quelconque action en justice contre M. Duvalier, étant clairement définis par le tribunal de Nuremberg en 1945.

« Un procès contre Duvalier pour crimes contre l'humanité n'est pas possible en Haïti, compte-tenu du fait que nous n'avons aucune législation en la matière » a ajouté Me Alix-Aurélien Jeanty, un autre de ses avocats.

« Pour les mêmes faits reprochés aujourd'hui à M. Duvalier et malgré la prescription, la justice haïtienne s'est déjà prononcée en 2001 et a innocenté l'ex-président » a précisé Me Frizto Canton s'appuyant sur un jugement rendu par la Cour de Cassation haïtienne. 

« Nous avons ici l'arrêt de la cours de cassation française, rendu à l'initiative également de l'État haïtien, dont le dispositif est ainsi conçu, attendu qu'en se déterminant ainsi, alors que selon la loi française présentant que loi de qualification du port, les litiges relatif aux rapports entre état et ses dirigeants quelque soit la nature des fautes commissent par ceux ci sont nécessairement liées à l'exercice de la puissance publique et ne peuvent trouver leurs solution que dans les principes de droit publique. Cela supposait pour la cour qu'il n'appartient pas à une juridiction étrangère de juger des actes de puissance publique que nous appelons des actes de gouvernement effectué par un dirigeant dans l'exercice de prérogative exorbitante de droit commun »

« Je voudrais qu'on puisse laisser M. Duvalier en paix et qu'il puisse vivre tranquillement dans son pays », a lancé l'avocat mettant en garde contre toute tentative de « juger un homme à la place d'un régime ». Rappelant qu’un citoyen, n'a pas la qualité pour attaquer au nom de l'État haïtien, d'une manière ou d'une autre son client.

« Quelquefois, il faudrait avoir la conscience nette dans les règles qu'on applique, je constate une maladresse caractérisé du commissaire du gouvernement, de tomber en confusion, de compréhension sur cet arrêt rendu par la cour de cassation, les deux cours, cour de cassation française et cour de cassation haïtienne ont disculpées monsieur Duvalier. Il y avait aussi une tentative devant la cours fédérale Suisse, qui malheureusement a subit le même sort » a affirmé Me Frizto qui déplore que le commissaire du gouvernement, « peut-être dans un élan d'émotions soutenu par des hommes de pouvoir qui voudraient se servir de la justice » pour persécute son client, ce qui est grave pour la démocratie. Réaffirmant qu'aucun recours n'est possible aujourd'hui contre M. Duvalier parce que ces actes sont tombés sous le coup de la prescription.

Me Reynold Georges, un troisième avocat de M. Duvalier, a fait savoir que son client est un persécuté politique. « Il est persécuté dans son propre pays alors qu’il devrait bénéficier de la protection que lui garantissent les lois haïtiennes » affirmant que le conseil des avocats [ils sont au moins 6] de M. Duvalier, n’entendait pas céder un seul pouce de terrain à ses adversaires qui cherchent a tout prix à l’arrêter. « Le Gouvernement ne peut ordonner à la justice d’incarcérer le Président Duvalier. La justice est indépendante de l’Exécutif » a-t-il affirmé.

Royal à la rencontre de "la France qui souffre" aux Antille


LA TRINITE — Jeunes en insertion, marins-pêcheurs, Ségolène Royal, candidate aux primaires socialistes, au troisième jour de sa visite en Martinique, a privilégié mercredi "la France qui souffre".
La Trinité, commune du littoral de 14.000 habitants, à 28 km au nord-est de Fort-de-France, est "socialiste sans désemparer depuis 1945", a rappelé Louis-Joseph Manscour, en accueillant Mme Royal dans sa mairie.
Le député-maire PS s'est plu à rappeler qu'en 2007, lors de sa campagne présidentielle, l'ex-candidate à l'Elysée avait lancé cette phrase "mwen Famm doubout" (moi femme debout) qui a fait "le tour du monde".
Devant les militants mardi soir à Fort-de-France, Mme Royal a dit faire "un tour de France", de la "France qui espère" et de "la France qui souffre".
Au programme, mercredi matin, table ronde sur le chômage des jeunes, réunissant élus, formateurs, et brochette de jeunes, certains en insertion et d'autres en train de créer leur entreprise.
Séverine Joséphine raconte comment sa grand mère lui "a transmis l'amour de la pharmacopée". Cette jeune ingénieure chimiste, ayant travaillé en Belgique, a décidé de rentrer au pays où elle se bat pour créer une entreprise cosmétiques à base de produits locaux, sucre de canne, aloé, ou hibiscus.
Mme Royal la félicite, interroge: "Combien de jeunes en situation d'inactivité sur la commune?". "6.900", répond-on. "C'est très dur, le chômage des jeunes, c'est 62% en Martinique. Beaucoup d'entreprises ne veulent plus jouer l'insertion", explique Jean-Michel Loutoby, directeur de mission locale.
Pour la présidente de Poitou-Charentes, "toutes les entreprises qui reçoivent une aide, on leur dit, +en échange, vous prenez des jeunes en alternance+. C'est un sujet explosif. Un jour, ça va se retourner contre elles. C'est un état d'esprit qu'il faut changer".
"Si on tient publiquement un discours de valorisation des entreprises (qui engagent des jeunes), un cercle vertueux se met en place", soutient celle pour qui le chômage des jeunes est un "défi colossal à relever".
Après la réunion, Mme Royal se rend non loin, en bordure de mer, au quartier La crique, où l'on reconstruit le marché aux poissons. Là, elle rencontre des pêcheurs. Ils lui disent la raréfaction du poisson, les problèmes avec La Dominique, la pollution chimique due au chloredecone et les charges de carburant.
"Tout augmente, on n'en peut plus", confie l'un d'eux. Un autre lui parle d'un problème de machine à glace qui fonctionne avec du gaz interdit. "Pourquoi pas une machine à glace avec l'énergie solaire? On a bien un climatiseur solaire. On va faire une coopération avec l'université de La Rochelle. Allez on regarde cela.. Laissez vos coordonnées", répond la présidente de Poitou-Charentes.
Plus de grand-messe médiatique, Mme Royal privilégie "proximité", "dialogue", "observation et travail de fond", "consolidation des fondations" avant la vraie campagne qui démarrera au soir du dépôt de candidatures le 13 juillet.
Discrètement, elle a rencontré à son domicile le docteur Pierre Aliker, ami d'Aimé Césaire, 104 ans, figure très respectée. "Vous êtes au courant de la politique nationale?" lui a demandé Mme Royal. "Martine Aubry - Ségolène Royal, c'est un match que nous avons suivi et que nous suivrons", lui a répondu le sage.
Autre moment, Mme Royal a voulu, avant de quitter la Martinique pour la Guadeloupe, se recueillir sur la tombe d'Aimé Césaire disparu en avril 2008

 Christine POUGET (AFP)