Alors que nos entreprises tentent péniblement de redonner vie à la production locale ; production qui, en plus de facteurs structurels, a, de fait, pâti des événements sociaux de 2009 (événements dont les revendications pointaient, très légitimement, la vie chère et les conditions faites à de nombreux travailleurs), voila qu’une grève des dockers vient stopper cet élan en ce début du mois de février 2011.
Ce mouvement de grève qui se caractérise par le ralentissement volontaire du rythme de l’activité portuaire, désorganise et paralyse par la même occasion toute l’activité économique de notre pays. Il a pour principale revendication l’augmentation des salaires des dockers. Ces salaires devraient, selon les grévistes, progresser au rythme des importants bénéfices enregistrés par les employeurs du port ; des bénéfices qui ne sont pas sans rapport avec la cadence de travail fournie par les dockers.
Nous sommes tous en mesure de comprendre que ceux qui contribuent à la richesse des uns dans un secteur privé aussi compétitif, revendiquent une revalorisation de leurs salaires, quand bien même ceux-ci peuvent être considérés comme enviables, au regard de la situation d’autres travailleurs.
Mais comment faire accepter aux investisseurs et aux producteurs martiniquais, toutes catégories confondues, que la banane qui est l’une des rares productions locales, de surcroît déjà malmenée sur le marché international, soit ainsi stoppée dans son exploitation, et cela par des travailleurs dont on sait qu’ils manifestent et disent, par ailleurs, leur volonté de participer activement au développement cohérent de l’économie du pays ?
Comment faire accepter aux familles martiniquaises la raréfaction des produits de première nécessité (lait pour nos enfants, couches pour les bébés et les malades, médicaments, etc…) qui sont bloqués sur le port ou débarqués en Guadeloupe, avec, pour conséquence, l’augmentation des frais d’approche sur la Martinique, mais aussi, comme autre conséquence prévisible, la flambée des prix pour les familles martiniquaises ?
Pouvons nous accepter une fois de plus que le peuple martiniquais soit pris en otage par ses propres enfants ?
Non, c’est inacceptable, c’est intolérable !
Faut-il une fois de plus faire appel au Président de la république, ou au Préfet (alors que nous sommes en pleine décentralisation) pour gérer à notre place nos propres affaires alors que certains se gargarisent au quotidien des propos de M. Pierre Aliker « les spécialistes de la gestion des affaires martiniquaises, ce sont les martiniquais eux mêmes » ?
J’appelle donc les parties à la raison et à la responsabilité, ne serait-ce qu’en procédant à une première estimation du coût de ce énième conflit, dont les effets devront, comme chacun sait, être supportés par nous-mêmes consommateurs et contribuables martiniquais.
Le port doit donc retrouver, dans les meilleurs délais possibles, sa fonction d’irrigation de l’ensemble des secteurs d’activité de notre pays.
C’est pourquoi je suis de ceux qui estiment nécessaire de lancer cet indispensable appel à la raison, en espérant que la raison l’emportera sur la passion et sur les intérêts particuliers.
Belfort Birota
Conseiller général du Robert
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