Bien malin celui qui, en en possédant tous les tenants et tous les aboutissants, pourrait avoir une compréhension claire de la formidable partie qui se joue autour de cette affaire du nucléaire iranien, et dans laquelle un accord contre lequel la diplomatie française qui depuis la nouvelle présidence, se trouve décidément au degré zéro de “l’intelligence”, à vainement tenté de s’opposer en sacrifiant les intérêts français au bénéfice de ceux d’une puissance étrangère pourtant hostile, vient d’être trouvé...
La toute première conséquence de cet accord, c’est qu’une attaque contre l’Iran, dont certains n’ont cessé de brandir la menace depuis plus de cinq ans, contre laquelle s’est montré farouchement opposé l’état major de l’armée américaine, la jugeant sans issue favorable possible, et contre laquelle l’armée iranienne n’a cessé d’activement se préparer depuis, en se dotant de matériels sophistiqués rendant cette attaque suicidaire, ne semble plus du tout être d’actualité.
Ceci, alors même que nous pouvons douter, tant cette façon de faire est totalement illogique d’un point de vue militaire, où l’effet de surprise constitue un élément décisif quand à l’issue d’une attaque, que ceux qui n’ont eu de cesse de proférer ces menaces aient jamais réellement eu l’intention de la mettre à exécution. Car il apparait de plus en plus que ce sont des préoccupations d’ordre interne aux nations menaçantes, qui se trouvent à l’origine de tout ce chahut autour de la politique d’armement iranienne.
Qui peut croire en effet, sauf à prendre les dirigeants de celle-ci pour des fous furieux, que même possédant quelques ogives nucléaires de type A, l’Iran s’en serait venue attaquer les puissantes nations occidentales ? Dans quel but et pour en tirer quel avantage, dès lors que cette nation n’aurait alors été promise en riposte qu’à une destruction totale ?
Pour se faire une idée sur la question, il faut savoir que la force de dissuasion française à été calibrée depuis longtemps, pour pouvoir tuer à coup sur 80 000 000 des habitants d’une nation hostile qui attaquerait notre territoire national, et cette capacité qui anéantirait le peuple iranien dans son entier, n’a pas été à nouveau calibrée depuis, car elle suffit jusqu’à aujourd’hui à maintenir tout le monde en respect, même les plus puissants.
En réalité l’arme nucléaire est une arme qui est destinée à ne jamais être employée, c’est l’arme du tout dernier recours quant la nation est attaquée, et les Iraniens qui ne sont pas plus fous ni plus stupides que les autres peuples le savent bien, et croire qu’ils s’en serviraient pour attaquer qui que ce soit, procède d’un argumentaire et d’un raisonnement spécieux.
Lors de la dramatique crise des missiles de Cuba en 1962, où nous sommes passés à deux doigts d’un cataclysme nucléaire, les destroyers américains ignorant l’ordre donné par Kroutchev à sa marine, ne pas forcer le blocus, et se sentant menacés par la présence soudaine de celui-ci dans leurs parages, ont attaqué au large de l’ile un sous-marin soviétique dont ils ignoraient alors totalement, que celui-ci était porteur d’engins balistiques qui auraient pu dévaster les Etats Unis. Les directives qui étaient données au commandant du sous-marin pour le cas où celui-ci serait attaqué, étaient que s’il ne parvenait absolument pas à joindre son haut commandement pour recevoir les ordres, cela ne pouvait signifier qu’une chose, c’est que c’était l’Union soviétique elle même qui se trouvait attaquée, et qu’il fallait donc riposter...
Après plusieurs tentatives toutes infructueuses pour joindre son haut commandement, le commandant du sous-marin, contredisant les ordres, refusa cependant de lancer les engins, ne voulant pas être responsable d’une erreur d’appréciation qui aurait déclenché le conflit le plus dévastateur que la planète aurait jamais connue, et heureusement, les Américains alertés entre temps de justesse quant à la qualité de ce sous-marin, cessèrent leurs attaques.
Bien sûr nous n’avons appris cette affaire que quarante années plus tard, comme nous apprendrons plus tard la nature exacte de l’affrontement qui s’est produit en Méditerranée, où les Russes nous le savons déjà maintenant, ont abattu des missiles Tomahawk lancés par les Américains et les Israéliens, ce qui aura mi fin d’un coup à toute velléité d’attaquer la Syrie, contrariété que l’on fera passer sous couvert d’un vote négatif du congrès pour cela...
Lors de la guerre du Kippour où Anouar el Sadate va lancer les troupes égyptiennes à la reconquête du Sinaï, le haut commandement égyptien était parfaitement informé du fait que les Israéliens possédaient la bombe atomique, mais il savait que tant que leurs soldats ne pénétreraient pas en Israël même, en mettant cette nation en péril, les israéliens n’utiliseraient pas davantage que les autres cette arme du dernier recours. Sadate à donc lancé ses troupes...
Tout cela montre bien la pleine conscience qu’ont non seulement les politiques, mais les militaires eux-mêmes du caractère “par nature” strictement limité à la défense du territoire national, de l’utilisation de l’arme atomique, et que si les Iraniens voulaient s’en doter, cela ne pouvait être que pour se mettre définitivement à l’abri. Car, mis à part les organisations non étatiques telles que le Hezbollah, le Hamas ou al Kaïda, personne n’attaque une puissance nucléaire aussi modeste soit-elle, et la Corée du nord est là pour parfaitement l’illustrer...
Tout ce tintamarre autour du nucléaire iranien, tout comme celui supposé de Saddam, n’avait donc qu’un but, celui de priver l’Iran, l’Irak et les autres, de se mettre définitivement à l’abri d’attaques quelconques, de grandes ou de petites puissances, pour que le proche orient puisse demeurer à tout jamais ce champ de conflits permanents, permettant aux puissances occidentales d’assurer leur domination sur cette région en les instrumentalisant, comme nous en avons la démonstration en ce moment même en Syrie.
Cet accord sur le nucléaire iranien semblerait donc signifier que momentanément, les uns auraient renoncé à s’ingérer davantage dans cette région, ce qui semble bien éloigné, tant de leur idéologie que de leur nature profonde, et que les autres auraient renoncé à assurer définitivement la défense de leur territoire, ce qui semble là aussi peu probable.
Il nous faut donc tenter de démêler tout cela...
Il se pourrait alors que la puissance “conventionnelle” mais considérable, à laquelle est désormais parvenue la puissante armée iranienne, alliée au soutient sans faille qu’apportent à cette nation les Russes, qui n’ont pas hésité à abattre des Tomahawks et un F 22 américains, et les Chinois qui n’ont pas hésité à envoyer des navires de guerre jusqu’en Méditerranée, soit suffisante pour garantir à l’Iran de ne pas être attaquée, et différer l’urgence pour elle de se doter de l’arme nucléaire.
Il se pourrait aussi que dans la phase difficile qu’ils traversent, les Américains soient parfaitement conscients que par leur puissance économique et financière, les Chinois sont en mesure de leur porter des coups sévères contre lesquels ils ne disposeraient d’aucune parade militaire.
Il se pourrait aussi que leurs intérêts commerciaux les amènent à finalement préférer faire du commerce avec les Iraniens et toutes les autres nations pétrolières de la région, plutôt que de dépenser des sommes folles pour tenter de leur porter atteinte...
Il se pourrait également des tas d’autres choses et même des plus surprenantes, pour nous qui ne sommes pas dans le secret des dieux, et moins pour ceux qui se souviennent que du temps de Shah, avant la révolution iranienne, ce pays d’Iran fut le seul allié de l’état d’Israël, et les rodomontades du président de cet état qui se promet d’attaquer l’Iran toutes les semaines sans jamais le faire, pourraient finalement n’être que de la poudre aux yeux pour masquer des accords secrets...
Mais quel que soit la réalité qui sous-tend cet accord, il s’agit d’une défaite en rase campagne de la diplomatie française, donc de la France, qu’on pourrait attribuer à la simple sottise de celui qui la conduit, ou bien plus certainement de sa “traitrise”, qui nous a fait perdre tous nos intérêts économiques, commerciaux, culturels, et diplomatiques, dans la région, sur des positions que d’autres s’emploient déjà à récupérer ...
Le roi qui est mort, est donc celui de la diplomatie française, et il est temps de lui désigner un successeur digne de notre nation...
Paris, le 24 novembre 2013
Richard Pulvar