Il a prévu, pour marquer son investiture demain, de rendre hommage à Jules Ferry, le fondateur de l'école républicaine française. Mauvais signe. Il aurait du lire le livre de mon ami Mathieu Méranville "Sport, malédiction des Noirs ?", ou encore celui que j’ai écrit avec ce dernier, "Au secours, le prof est noir". Hollande aurait découvert, s’il ne le sait déjà, des extraits de ce que Jules Ferry disait à l'assemblée nationale, le 28 juillet 1885: "La déclaration des droits de l’homme n’avait pas été écrite pour les Noirs d’Afrique équatoriale". Mais aussi :"Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures". C’est du Claude Guéant dans le texte, avant l’heure. Jules Ferry était si peu fréquentable que même son petit-fils, l’ancien ministre Luc Ferry, a pris ses distances en dénonçant ce "grand colonisateur qui fondait la colonisation sur une vraie théorie raciste", selon laquelle il fallait "éduquer les Africains" comme on "éduque les enfants". Et l’ancien ministre de conclure: "Si j'avais à célébrer une grande figure de la république, malgré le nom que je porte, j'aurais plutôt célébré Clemenceau que Jules Ferry". Il y a quelques jours, j’avais relevé ici, au grand dam des gens de gauche qui m’en avaient fait le reproche, les propos d’Arnaud Montebourg. Il souhaitait que le gouvernement Hollande s’inspire, sur le plan économique, de… Colbert, qui a joué le rôle que l’on sait dans l’essor de la traite négrière et l’instauration du code noir. Qu’on soit clair, les socialistes peuvent saluer les hommes et les femmes du passé qu’ils veulent, en minimisant leur part d’ombre, pour mettre en avant leurs grandes réalisations. Mais, en se comportant ainsi, ils font exactement ce qu’ils reprochaient à la droite, laquelle avait adopté, en 2005, un texte sur "le rôle positif de la colonisation", que ces mêmes socialistes avaient dénoncé vigoureusement…
S. Bilé
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