mercredi 8 juillet 2015

LE GREXIT UNE ARME DE MENACE POUR FAIRE PLIER LA GRECE QUI POURRAIT SE RETOURNER CONTRE LA TROÏKA


A la suite du discours que le premier ministre grec, Alexis Tsipras a tenu au parlement européen ce mercredi 8 juillet 2015 les réactions et prises de positions ne se sont pas faites attendre. 

L’esquisse de différents scénarios noirs également dont celui de la sortie de la Grèce dans la zone euro, le grexit.

Très vite de leurs côtés Matéo Renzi et le ministre des Finances italiennes Pier Carlo Padoan ont tous deux plaidés pour un maintien de la Grèce dans la zone euro, ce qui semble être aussi la position de la France suite au discours de Manuel Valls à l’assemblée nationale française.

Il faut dire que la France a tout a intérêt à ce que la Grèce reste dans la zone euro et que le scénario du Grexit soit écarté car en cas de Grexit cela couterait 65 milliards d’euros à la France selon Albéric de Montgolfier le rapporteur général de la Commission des finances du Sénat .

Quant à la position allemande, Angela Merkel, plus que son homologue français du tandem franco-allemand François Hollande, semble en position de force pour dicter ses conditions à Athènes, à Alexis Tsipras et au peuple Grec, néanmoins un Grexit signifierait un double échec. 
Un pour Merkel et un pour l’Europe.

Un échec personnel pour la chancelière d’une part parce que son inflexibilité en ferait celle qui aura mis la Grèce à la porte de l’Europe et d’autre part parce que selon Julian Rappold, un expert de l'Institut allemand de politique étrangère (DGAP) à Berlin, le maintien de la Grèce dans la zone euro était un élément central dans sa la politique de crise de Merkel durant ces cinq dernières années. 
Néanmoins la chancelière est celle qui semble être celle qui aura le dernier mot quant au sort de la Grèce, tous les regards sont tournés vers elle et vers le Bundestag, y compris celui de Barack Obama qui s’est entretenu avec elle au téléphone dans la soirée de mardi.

Il faut savoir que le Grexit est une option qui est prise en considération très au sérieux et même planifier par la Commission européenne comme l’a rappelé mardi soir le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker qui déclarait : « La Commission s'est préparée à tout. Pour un Grexit, que nous avons préparé en détail. Mais aussi pour le scénario d'une aide humanitaire versée aux Grecs. Je veux garder la Grèce dans la zone euro. Mais le gouvernement n'a pas été en mesure de nous dire où il voulait aller ».

Certains semble lancer à la volée la possibilité de Grexit dans l’optique de faire Alexis Tsipras disent ils « revenir à la raison », en gros il faudrait que d’ici demain jeudi qu’Alexis Tsipras se range au plan de ses créanciers qui sont les composantes de la fameuse la Troïka à savoir l’Union européenne, BCE et FMI.

Doit-on leurs rappeler qu’a 61% que le peuple grec souverainement a voté OXI (non) au plan d’austérité de la Troïka ?

Avec ce coup de poker ou de bluff ils espèrent faire plier Tsipras le récalcitrant en le faisant aller à l’encontre du vote de son peuple.

Une posture qui pourrait bien se retourner contre ceux qui manient le Grexit comme une arme de dissuasion à la bravoure et à la rébellion. 

En effet si la Grèce est saignée aux quatre veines depuis plusieurs années elle ne manque pas de ressources. Elle possède d’énormes gisements, d’or, de métaux, de minerais et elle est assise sur une immense réserve naturelle de gaz.

Et c’est sans doute un des objectifs de la Troïka, à savoir faire la Grèce céder sa souveraineté sur ses ressources comme gage et moyens de paiement de la dette. Un peu comme le fond les fonds vautours chargés de mettre en pièce les économies et de rafler les ressources naturelles d’un pays ciblé en lui faisant perdre toute souveraineté sur ses propres ressources, comme cela a été le cas pour le Brésil de Lula.

La menace du Grexit, accompagnée de la coupure du robinet d’approvisionnement d’euros est brandie tel un vade rétro satanas en guise d’argument massif par certains journalistes et éditorialistes des chaines d’infos en continue françaises, car disent-il cela va faire s’effondrer durablement l’économie grecque dans des profondeurs abyssales. 

Sauf qu’en cas de Grexit les répercussions qui pourraient en découler semble passer loin des baromètres d’acuité des ciboulots de ces prédicateurs de tous bords. 

Des répercussions qui semblent subitement désormais agité la Maison Blanche qui a commit l’erreur de plus axer ses actions sur la Syrie, l’Ukraine, Cuba, la COP21 et le changement climatique… en reléguant la Grèce au rayon des dossiers mineurs ou secondaires.

Car un grexit ne signifiera pas la fin des haricots pour la Grèce, loin de là, déjà au regard de ses ressources naturelles et d’autres part parce que la Russie et les Brics qui ont ouvert leur sommet aujourd’hui sont aux embuscades. 

Vladimir Poutine, Fidel et Raoul Castro, Kristina Kirchner et Evo Morales en gros les empêcheurs de l’Occident à tourner rond, ont été les seuls à avoir saluer le vote souverain des grecs lors de leur référendum de dimanche dernier sur leur avenir.

Et c’est un vent de panique tout d’un coup aux States qui comprennent enfin qu’un Grexit va faire la Russie et Poutine entrer en scène comme les sauveur de la Grèce. Comment ? 

En aidant financièrement la Grèce, ce qui rapproche les positionnements géostratégiques de la Russie en renforçant sa position dans la région. 

Luke Coffey, un analyste du cabinet de lobbying The Heritage Foundation tire la sonnette d’alarme outre-Atlantique et déclare en substance :"En attribuant une aide financière à Athènes, Moscou pourrait obtenir un accès aux précieux ports de la Méditerranée. En outre, la Russie pourrait acquérir un nouvel allié capable de bloquer toute action antirusse entreprise par l'Otan, car les décisions de l'alliance militaire doivent être adoptées à l'unanimité".

Et avec un tel scénario la crise grecque pourrait se transformer bing badaboum en un problème de sécurité nationale pour les Etats Unis ainsi que pour l’Otan. 

Pire l’Europe serait mise en échec en son propre sein, certains rêvent déjà d’une implosion comme cela fut le cas pour l’ex-URSS, d’autres que le grand soir pourrait enfin secouer et réveiller l’Europe.
Puis un Grexit grec, mettrait un coup de ralentisseur sur les négociations des traités transatlantiques, ou au contraire les accéléreraient de façon subite et précipité pour ne pas perdre les accords en cours de négociations.

Voilà donc à quoi semble se résumer les diverses perspectives d’utilisation du Grexit qui a le profilage d’une arme à double tranchant qui pourrait bien se retourner tel un boomerang contre ceux qui par suffisance ou inconscience voudraient l’utiliser. 

Et quoiqu’il en soit quel que soit ce que proposera Alexis Tsipras jeudi, quoiqu’en décidera dimanche le sommet européen des chefs d’Etats et de gouvernement le sort de la Grèce va nous concerner tous.
Et ce que nous pouvons déjà dire à cette Europe de la Finance, à la Troïka de l’austérité c’est OXI !

Emmanuelle Bramban

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