A son arrivée dans l’enceinte du parlement européen il a été très chaleureusement accueilli par Pablo Manuel Iglesias l’actuel leader de Podemos, le parti indigné espagnol qui lui aussi brave la troïka. Iglésias et Tsipras dont les partis sont issus des mouvances indignées proche de leur peuple font figure d’OVNI non désiré sur la scène européenne.
Puis, en présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, et du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, l’entrée d’Alexis Tsipras dans l’hémicycle de Strasbourg s’est faite à la fois sous les huées des parlementaires de droite et sous les applaudissements à tout rompre en mode standing ovation des eurodéputés de gauche qui ont brandie des pancartes No, OXI, Freedom et même OXI TTIP (Non aux traités transatlantique).
Sans peur, avec une assurance dans sa diction, Alexis Tsipras a défié l’Europe dans son arène lors de son discours très attendu dans lequel il a rappelé l’histoire, les faits et mis l’Europe face à ses propres contradictions et responsabilités quand il a déclaré : "Nulle part ces programmes n’ont été aussi durs et longs qu’en Grèce. Mon pays est devenu ces dernières années un champ de l’expérimentation de l’austérité. Nous devons voir la réalité en face, l’expérience a échoué".
Avec un ton posé il a en effet déclaré que « La crise Grecque n'est que le signe de l'impuissance de la zone euro à régler la crise de l'endettement ».
Puis revenant sur la victoire du NON au référendum en Grèce, il a expliqué que ce non ne signifiait pas une sortie de la zone euro, il a rappelé que la Grèce dans l’Europe était un atout pour l’Europe et que l’hellénisme se situait en Europe. Il a plaidé pour l’union de l’Europe en disant à tous "Ne laissons pas l'Europe se diviser", mentionnant ainsi les responsabilités de l’Europe vis-à-vis de ses peuples.
A ses détracteurs qui le taxe d’inaction depuis 5 mois il a rafraîchi les mémoires en stipulant les diverses négociations qui ont eu cours.
Si lors de son entrevu avec l’Eurogroupe il a été sommé de présenter un plan de propositions concrètes, notamment sur l’insistance de la chancelière allemande Angela Merkel, c’est jeudi qu’il fera part des propositions grecques, soit un plan de réformes ajustées.
Néanmoins il a déclaré « Nous avons reçu mandat de nous de trouver une solution durable et juste en évitant les écueils du passé qui avaient condamné l’économie grecque. Nous voulons un compromis général pour éviter la rupture. Nous sommes tous conscients des enjeux et nous sommes prêts à prendre nos responsabilités historiques ».
Mais il a aussi prévenu que les réformes n’iraient pas dans le sens d’une autre mise aux abois de sa population en particuliers des plus démunis de son peuple. Les décisions européennes concernant la Grèce doivent être honorables, et pas question que la population grecque déjà exsangue ne soit la seule à trinquer !
Car Tsipras l’a dit la primeur de la situation pour la Grèce est de s’atteler à son défi de l’emploi, puis que le peuple cesse de vivre les afflictions de la crise, et que les priorités d’Athènes sont celles « de l'Etat et de la lutte contre les oligarques ».
Mais si le discours de Tsipras a été l’élément majeur de la journée, cela n’a pas été le seul élément marquant. La journée a été jalonnée de différents épisodes dénotant la grande fébrilité de l’Europe face à la Grèce.
En effet avant son discours la Grèce suite à son problème de liquidités d’euros elle a déposé une demande officielle en début de matinée auprès du MES, le mécanisme de Stabilité.
Mais au lieu que la demande ne soit traitée par l’Eurogroupe ce dernier a transmis le dossier directement aux gouverneurs de la banque centrale, la BCE afin que ces derniers octroient ou pas des liquidités aux banques héllènes. En début de soirée ils ont finalement décidé pour l’approvisionnement en liquidités.
Puis le successeur de Varoufakis, Euclide Tsakalotos a dû démentir une rumeur suite à une info qui a été publiée dans la presse en Grèce le matin et qui a semé un vent de panique dans les instances européennes.
Aux alentours de de midi le ministre des finances grecques a catégoriquement démenti que la Grèce serait en train de se préparer une monnaie parallèle, par l’émission de bons au trésor pour payer et couvrir notamment le paiement des retraites, des salaires des fonctionnaires pour la fin du mois de juillet.
En somme Alexis Tsipras dans son discours devant le Parlement européen a renvoyé l'Europe dans ses buts et prier de revenir à ses études. Une Europe qui a donné en ce jour des signes de fébrilité.
Affaire à suivre les jours prochains …
Emmanuelle Bramban
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