samedi 5 octobre 2019

Doha day 7 : La nuit des surprises


Le public a pris place dans les tribunes trop délaissées dans ces championnats comme pour répondre aux critiques de son manque d'enthousiasme, la foule était au rendez-vous. Elle nous a gratifiée de la première ola, et de nombreuses animations ont été menées par des ambianceurs plus à leur place dans les stades de football.

La foule dans les stades d'athlétisme se caractérise par sa connaissance du sujet. Elle doit traiter de nombreuses informations en même temps, s’intéresser aux départs des courses, au lancer ou au saut qui se déroule aux quatre coins du stade. C'est un public avertit, fin connaisseur, des performances, des athlètes. Contrairement au sport collectif en particulier le football, la passion certes est présente sans fanatisme, chauvinisme, enivrée d'alcool prête à en découdre à la moindre erreur de l'arbitre ou d'un mauvais geste. La foule d'athlétisme est plus calme. 


Hier soir, on pouvait voir de nombreux drapeaux souvent inconnus dans les mondiaux, ceux de l'Ouganda, du Burundi, de Somalie, du Népal, associés à ceux des "grandes nations" de l'athlétisme, les USA, la Jamaïque, la Grande Bretagne, l'Allemagne, la Chine... pour ne citer qu'eux. 

Autrement dit, souvent des nations dont les habitants ont le pouvoir économique pour se déplacer dans les quatre coins du monde où se déroule les compétitions. Ce soir, ce fut comme une certaine revanche dans les tribunes, souvent me déplaçant sur différents stade du monde, ce fut la première fois que j'ai pu observer autant de nations africaines rassemblées en un même lieu pour une même cause. Ca et là, on pouvait voir un père indien avec ses deux filles, un Qatari avec son tout jeune fils dans les tribunes avec des gestes très touchants à leurs égards. 


On pouvait voir un basque venu avec son drapeau supporter les athlètes espagnols, les Suisses avec leur drapeaux faisaient retentir une grosse cloche mise au cou des vaches. Pour revenir à certaines polémiques entretenues dans des débats euro-centrés concernant le public; chaque public a ses codes, ses éthiques, ses centres d’intérêts majeurs, vouloir retrouver des ambiances standardisées dans tous les stades du globe est une entreprise dangereuse, c'est aussi négliger la force des cultures locales qui entretiennent avec les sports une relation particulière - le football en Amérique du sud au Brésil par exemple, le Basket au Etats-Unis.

Parmi le meilleur public d'athlétisme que j'ai pu côtoyer ce sont les tribunes aux Bahamas, c'est joyeux , festif durant toute la compétition, à lui seul c'est un spectacle unique qui contraste avec les foules russes. Sur le plan animation, sonorisation, les anglais sont sans doute les meilleurs en sono jamais mise dans un mondial; en 2017 il avait été fait appel à un DJ avec une foule prête à faire la fête. 

Revenons à la compétition. Elle était concentré sur la fin des épreuves combinées hommes et femmes entrecoupées de courses et de qualifications de saut et des lancers. Au poids les hommes forts se sont qualifiés, les gros bras seront bien en finale avec les trois américains. 

Le 1500 m hommes verra après ce tour de qualification quel pays d'Afrique qui prendra le leadership, une occasion pour le Kenya d'améliorer leur copie méconnaissable en référence à leur riche passé. 


Que de surprises cette soirée, ce qui atteste une fois de plus rien n'est acquis en athlétisme tant que les lignes ne sont pas franchies et qu'il n'y a pas de déterminisme. 


La plus grande vient du 400 m femme, qui au vu des séries promettait le titre à la bahamienne Miller-Uibo tant elle était facile, ses chronos prestigieux avant les championnats. Elle se fait surprendre en terminant à la deuxième position (48.37) par une jeune de 21 ans Eid Naser du Bahrain en 48.14, la 3 ème performance de tous les temps possession d'une certaine Marie José Pérec. 

Cette athlète a eu une grosse semaine, médaille de bronze aux 4X400 m mixte, elle revient de plus de 4 tours de 400 m sans donner aucun signe d’épuisement. 

En cette fin de saison, d'où prend elle autant d'énergie qui a cloué Miller au tapis elle avait du mal à le croire après une course record pour elle. La jamaïcaine Shericka JACKSON (49.47) prend la troisième place en améliorant son record personnel. 

L'autre coup de tonnerre vient des épreuves combinées qui détrônent les leaders jusque là incontestés. Chez les femmes, c'est la Britannique de 26 ans, Jonhson-Thompson (6981 pts) qui détrône la Belge Thiam (6677 pts),  la grande favorite se place 2 ème. 

L'Autrichienne Preiner (6560 pts) prend le 3 ème place. Chez les hommes, le Français Mayer recordman du monde a été lâché par son corps - ses ischios et son tendon d'achille- il termine la compétition de manière prématurée. 

L'Allemand Kaul (8691 pts) triomphe, l'Estonien Uibo (8604 pts) est en argent, le bronze revient au Canadien Warner (8529 pts). 


Les mêmes aventures sont arrivés à la Guadeloupéenne David qui ne c'est pas présentée aux qualifications des épreuves de triple-saut. 

Au moment où les nations rajeunissent leurs cadres avec une élite hyper compétitive qui risque de durer, l'athlétisme français affiche des vides et d'autres orientations à 10 mois des Jeux de Tokyo et 5 ans de Paris 2024. 


Harry Mephon
Doha, 04/10/19

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