lundi 5 juillet 2010

Haïti - Social : Loi sur la paternité, louable mais inapplicable


« En général, dans la société haïtienne, le sort des femmes est absolument navrant. En Haïti, 47 % des familles sont monoparentales, l'écrasante majorité de ces familles étant dirigées, évidemment, par des femmes. Ces femmes ont en moyenne six enfants, le plus souvent de deux ou trois pères différents [...] les femmes sont en état de dépendance économique permanente » explique Yolette Mengual, chef de cabinet de la ministre de la Condition féminine « Elles ont besoin d'un homme pour avoir de l'argent. Elles couchent avec cet homme, elles ont un ou deux enfants, puis il s'en va et elles doivent trouver un autre homme...»

« C'est encore pire depuis le tremblement de terre puisque bien des femmes ont perdu leur petit commerce de revente ou leur petit boulot [...] les hommes qui sèment à tout vent et qui prennent la poudre d'escampette, c'est véritablement une catastrophe en Haïti, parce que cela condamne trop souvent les enfants à la pauvreté, à l'exclusion, bref, à la rue » s’exclame-t-elle.

En réponse à cette situation, Marie Laurence, Jocelyn Lassègue, ancienne ministre à la condition féminine et aux droits des femmes est à l’origine d’un projet de loi sur la paternité (enfants nés hors mariage), ratifié le 10 mai dernier par la chambre basse. Responsabiliser les pères délinquants est sans conteste louable mais cette loi est-elle applicable en Haïti? «

L’application d’une telle loi trouve rapidement ses limites. Il faut avant tout qu’une femme fasse la démarche juridique contre son concubin (ce qui n’est pas simple, compte tenue des menaces...), puis il faudra que la justice retrouve le père délinquant et que la preuve (par test génétique) soit faite qu’il est bien le père (en Haïti aucun laboratoire ne permet de faite ce genre de test couteux et compte tenu de l’étendu du problème c’est des centaines de milliers de tests qu’il faudrait envisager - qui va payer?). Ensuite, le père délinquant devra être condamné à payer une pension alimentaire (ou autre) afin d’assumer ses responsabilités (avec 75% de personnes sans revenus...on voit difficilement le gain pour la mère et ses enfants). Enfin il faudra que le père respecte cette condamnation (chose difficile même dans les pays industrialisé). Ceci pour dire que sur le fond, Marie Laurence, Jocelyn Lassègue à totalement raison mais au delà de ne l’inaction inacceptable, l’application de cette loi est malheureusement inapplicable.

Seule l’éducation permettrait de limiter le comportement de ces pères délinquants, mais il faudra plusieurs générations avant que la ce comportement banalisé dans la société haïtienne change, et en attendant, les femmes vont malheureusement devoir continuer à supporter toutes les conséquences de ces pères irresponsables.

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