lundi 4 novembre 2013

EXPULSION, QUAND L’INAVOUABLE SE PRETEND SOLUTION...


Ceux-là n’étaient pas nègres ni maghrébins, ils étaient blancs, et même d’une catégorie de blancs dont certains s’attacheront à en proclamer la supériorité en les désignant “aryens”, puisqu’il s’agissait d’hommes et de femmes qui provenaient de cette région d’une Pologne ressuscitée par le traité de Versailles, mais qui faisait jusque là partie de l’empire allemand.

Ainsi, à l’heure où la France souffrait gravement pour sa reconstruction d’avoir laissé dans les tranchées près d’un million et demi de ses enfants, lesquels constituaient l’essentiel de ses forces vives, ces ouvriers très qualifiés furent vivement souhaités pour venir offrir ici leur compétence et la force de leurs bras, pour les durs travaux de la mine. Ils furent ainsi au cours des années qui suivirent la première guerre mondiale, plus de 900 000 à venir participer à cette aventure française.

Mais, lorsque les conséquences de la terrible crise de 1929 finirent par atteindre même la France, qui s’était jusque là trouvée protégée grâce à l’importance de son domaine public, et qu’on commença à fermer les mines, ces hommes et ces femmes qui pour certains d’entre eux étaient établis dans ce pays depuis près de quinze ans, et qui y avaient vu naitre leurs enfants, furent instamment priés de rentrer dans leur pays.

Il est remarquable alors que dans une ambiance rendue déplorable par la crise, cet état d’esprit qui en se maintenant allait conduire plus tard au désastre dès lors prévisible de 1940, cette démarche fut accompagnée des mêmes récriminations qui furent entendues récemment contre une autre communauté priée elle aussi de quitter le territoire français et parmi celles-ci,  la dénonciation là aussi du caractère “inassimilable” de ces gens, par la nation française.

C’est donc justifiée par cette dénonciation que l’expulsion se fera avec une incroyable brutalité, puisqu’on enverra carrément la troupe pour déloger et expulser promptement en les jetant dans des trains, déjà oui, ces centaines de milliers d’indésirables et de ces événements peu glorieux, curieusement, les manuels d’histoire n’en rapportent aucun témoignage...

Cette idée selon laquelle en évacuant les chômeurs, on évacue le chômage, n’est donc pas nouvelle et même si en toute rigueur économétrique, elle est totalement stupide, elle n’en demeure pas moins persistante jusque de nos jours. Car, c’est bien à partir de la conviction qu’il convient absolument d’empêcher l’installation en ce pays de nouveaux arrivants, et qu’il serait même souhaitable de renvoyer chez eux un grand nombre d’immigrés, que s’organise le débat public français, même si l’INSEE ne cesse depuis trente ans de dénoncer cette erreur.

Cependant, on ne peut croire que des cadres supérieurs sorti de l’école Polytechnique, ou de la fameuse E.N.A. ou encore d’écoles supérieures de commerce, ont pu si durablement soutenir par simple maladresse une telle bourde, et il est clair que s’ils en ont fait le principal instrument de leur politique, c’est parce que cette vision primaire des choses pouvait servir très commodément de prétexte pour pouvoir masquer sous couvert de raison, des sentiments autrement inavouables, et qu’ils savaient que les électeurs leurs seraient reconnaissants pour ce service.

Il demeure ceci étant que le chômage s’établit au sein d’une population active selon un “taux”, et que personne n’a encore prétendu la loi de la variation d’un taux selon le nombre auquel il s’applique et qui ferait que si 10% de 1000 font bien 10%, pour le cas où ces 10% seraient appliqués à 10 000 ils risqueraient alors de faire plus que 10%.

Ceci signifie clairement que le taux de chômage qui est l’élément important que nous devons considérer dans cette affaire, puisque c’est selon lui que s’établit les chances d’un individu de trouver ou non un emploi, ne se trouve absolument en rien modifié, que l’on fasse venir ou que l’on évacue des gens par milliers.

Comprenons ici que si par exemple par une gigantesque opération, on parvenait à faire partir du pays les plus de trois millions de chômeurs tels qu’ils représentent environ 10% de la population active, compte tenu que la réalité physique des moyens économiques, qu’ils soient logistiques, financiers, commerciaux, fiscaux, monétaires ou intellectuels de la nation, et dont l’ensemble constitue les données selon lesquelles s’établit ce taux, ne serait absolument en rien modifiée par ce départ, fatalement, il s’en reformerait mécaniquement à hauteur de 10%. 

Disons pour forcer le trait en caricaturant un peu que, si après avoir successivement évacué tout les chômeurs au fur et à mesure qu’il s’en reformait, il ne devait plus y avoir dans le pays que dix actifs, sur ces dix, il y aurait un chômeur, car le taux demeurerait invariable.

Toute l’illusion de beaucoup de gens même de bonne fois concernant cette affaire, tient au fait qu’ils constatent le volume des emplois disponibles dans le pays, sans jamais se poser la question de savoir d’où il provient, celui-ci est donc sensé de la sorte tomber du ciel. Partant de là, ils se disent que s’il y avait moins de gens pour se partager ce volume de travail, cela en ferait un peu plus pour chacun. Car ils ne doutent alors pas un seul instant du fait qu’il y aurait bien-sûr toujours autant de travail à se partager, mais entre moins de gens, puisqu’ils ne voient absolument pas pourquoi le ciel se montrerait soudainement moins généreux.

Cependant, sauf cas d’une exceptionnelle abnégation où des individus se sacrifieraient à ne travailler généreusement que pour les autres, nous admettrons que dans le cas général, les individus travaillent pour eux, pour satisfaire toutes leurs nécessités. Ceci, de telle sorte que quelque soit la complexité du cheminement selon lequel des individus parviennent par leur travail à satisfaire leurs besoins, il doit être bien clair que puisque justement ils ne travaillent que pour cela, il ne peut absolument pas y avoir d’occasion de travail dans un pays, détachée de la nécessité des gens qui y vivent.

C’est donc par la présence des individus dans un pays et par absolument rien d’autre, selon leurs nécessités et la capacité de l’appareil productif à satisfaire celles-ci, que s’établit le volume d’activité qu’ils ont alors à se partager, de sorte que renvoyer des gens, ou empêcher qu’il en arrive, c’est se priver d’un volume corrélatif d’emploi directement lié à leur présence, et c’est la raison pour laquelle empêcher des gens de venir, ou en reconduire à la frontière, ne peut en rien améliorer la question du chômage. Or, tout se passe selon la philosophie de certains, comme si les nécessités des individus, qui constituent les occasions de travail pour ceux qui, les uns pour les autres, font profession de les satisfaire, pouvaient demeurer dans le pays afin d’y maintenir le même volume d’emploi, même si ces individus n’y étaient plus...!

En réalité, pour lutter efficacement contre le chômage c’est au niveau des composantes du taux de chômage qu’il faut exercer, pour pouvoir faire diminuer celui-ci et certainement pas sur le nombre auquel ce taux se trouve appliqué. Car, il doit être bien entendu que si avec un taux demeurant constant de 10%, on se trouve avec 100 chômeurs pour 1000 personnes, et qu’après avoir évacué tous ceux jugés indésirables, on se retrouve avec 10 chômeurs pour 100 personnes, cela ne change absolument rien à la situation de ceux qui se trouvent au chômage.

Or, l’élément qui concernant ce taux est de très loin le plus pénalisant dans la situation française, réside dans la totale “incohérence démographique” de ce pays que des années d’un faible taux de fécondité le privant d’avoir en temps et en heure suffisamment de jeunes qui aujourd’hui, auraient constitué autant d’actifs, allié à des années de fermeture des frontières n’ayant pas permis que ce déficit d’actifs puisse être compensé par des apports extérieurs, ont réduit celui-ci en l’état d’un pays de vieillards.

Et par extraordinaire, bien qu’ils n’ont pas manqué de constater ce fait au fur et à mesure des années qui passaient, d’autant que l’INSEE n’a eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme, et comme si on pouvait ignorer quelle peut être la fatalité en ce domaine comme dans les autres, du vieillissement continuel d’un “être” serait-il social, les responsables politiques pour ne surtout pas changer le discours par lequel ils se sont constitué leur clientèle, sont restés sans réagir face à l’engagement progressif du pays dans une impasse...

Car, ce qui frappe la société française d’aujourd’hui et qui fait qu’aucun des problèmes qui se posent à elle ne peut trouver de solution, c’est tout simplement que dans son état, elle n’est en fait strictement pas “viable”, et qu’on ne peut insulter la logique physique des choses. Car, depuis déjà quelques années, le poids de la population dite précisément “à charge”, laquelle se compose essentiellement des vieux qui deviennent de plus en plus nombreux et qui vivent plus longtemps, et des jeunes qui bien qu’étant moins nombreux, demeurent plus longtemps à la charge de leurs parents, est devenue écrasante sur les épaules de la population dite “active”, de plus en plus réduite par manque de jeunes...

C’est cette charge, laquelle ne se décide pas, puisqu’elle correspond tout simplement à la réalité physique du pays, qui, par des chemins plus ou moins détournés, constitue d’une façon ou d’une autre la charge qu’ont “in fine” à supporter les entreprises du pays. Et ceci, quoi que peuvent bien raconter les politiciens qui prétendent par quelques mesurettes parvenir à faire diminuer celle-ci, puisque ce sont tout simplement ces entreprises et absolument rien d’autre, qui de toutes les façons produisent la richesse permettant de faire face à cette charge.

Ceci, de sorte que par delà toutes les combines mensongères, concernant la fiscalité ou les charges sociales, par lesquelles certains prétendent avoir sainement diminué la charge pesant sur les entreprises, mais qui dans un état fauché, se traduisent fatalement par du déficit budgétaire et donc par un accroissement de l’endettement la nation, ne peuvent être viables dans ce pays, compte tenu de la charge qui pèse normalement sur elles, que des entreprises de très haute productivité, c’est-à-dire qui fonctionnent avec le moins possible d’employés.

Dans ces conditions, prétendre lutter efficacement contre le chômage qui sévit dans ce pays, sans jamais s’attaquer à ce qui en constitue une des causes les plus fondamentales, à savoir “l’incohérence démographique” qui le frappe, n’est que de la fumisterie. Et, tous ceux qui prétendent comme solution, de procéder à un recul de l’âge du départ à la retraite pour régler ce problème, se moquent du monde, puisqu’ils feignent de croire qu’il suffirait de maintenir un individu à son poste, pour que celui-ci puisse avoir du travail, alors même que les entreprises n’ont vocation qu’à diminuer leurs effectifs pour gagner en productivité.

En réalité, reculer l’âge du départ à la retraite n’est qu’une manipulation politicienne, qui permet bien d’augmenter la population active, ou bien sûr, mais de l’augmenter par des chômeurs...!

Car, en supposant que les entreprises continuent d’embaucher des jeunes, puisqu’on ne voit pas quel pourrait être l’intérêt de reculer l’âge de sortie d’activité, si c’était pour reculer d’autant l’âge d’entrée en activité, ce qui n’aurait tout simplement pour effet que de rendre la population active encore plus vielle, le recul de l’âge du départ à la retraite correspond à une augmentation d’effectif qui suppose pour faire face à celle-ci, des millions d’heures de travail en plus, et dont on ne voit pas d’où elles proviendraient soudainement... 

Tout l’intérêt des politiciens c’est de décharger les caisses de retraite d’une charge qui normalement leur incombe, mais qu’elles ne peuvent plus assumer puisqu’elles accusent en ce moment un déficit de près de 20 milliards d’euros, en faisant en sorte que des gens qui autrement seraient à leur charge, se retrouvent à la charge des caisses de chômage, d’où il est alors possible de radier des chômeurs parvenus en fin de droits. C’est d’ailleurs exactement ce à quoi nous assistons, une explosion des chiffres du chômage, depuis que l’âge légal de départ à la retraite à été modifié.

En fait, il ne s’agit ni plus ni moins que de s’arranger pour rayer de la réalité chiffrée du pays, des milliers de gens pour prétendre ainsi en présentant de bons chiffres, avoir réglé le problème. Mais il doit être bien entendu que s’il suffisait de maintenir autoritairement des gens en poste, pour qu’ils aient du travail, il n’y aurait plus un seul chômeur dans ce pays, puisqu’il suffirait alors de déclarer interdits, les licenciements...

Plus sérieusement, il est possible d’augmenter la productivité des entreprises, sinon par une réduction des effectifs qui conduit à du chômage, mais par une réduction des salaires et donc des charges afférentes à ceux-ci, et telle est l’option de l’Allemagne qui oppose sur un an un excédent commercial de 192 milliards d’euros, à la France qui accuse quant à elle sur la même période, un déficit de 60 milliards d’euros. Mais ceci, en faisant massivement appel à des immigrés qui sont les seuls à pouvoir se contenter selon leur mode de vie, de très bas salaires.

Il apparait ainsi clairement que des pans entiers de l’économie, ne peuvent se faire qu’avec des immigrés, et que ces activités basiques permettent alors d’en entrainer d’autres plus complexes pour les nationaux, ce qui explique à la fois l’excédant allemand par rapport au déficit français, et le fait que le taux de chômage allemand est sensiblement plus faible que le français.

En réalité, ce qu’il faut comprendre simplement quant à l’intérêt d’un recours à des personnels immigrés, c’est qu’avec par exemple un taux de chômage à 10%, s’il arrivait dans ce pays 1 000 000 d’actifs supplémentaires venus de l’étranger, ceux-ci produiraient bien sûr dans un premier temps 100 000 chômeurs de plus, mais ils produiraient également 900 000 producteurs de plus. Et c’est alors, et seulement de cette façon, que le rapport de la population à charge sur la population active pourrait être considérablement amélioré, ce qui correspondrait à une authentique diminution de charge pesant sur chacune d'elle, permettant aux entreprises de retrouver de la compétitivité, et de faire diminuer, et le chômage, et le déficit budgétaire…
Tel fut avec bonheur pour eux, le choix des Allemands qui y étaient il faut bien le dire condamnés, puisque leur population à déjà commencé à diminuer...

Ce choix comme on le comprend ne sera plus jamais fait en France, et il ne reste plus alors aux Français que d’inventer autre chose pour pouvoir contester la logique de la réalité physique des choses, et pourquoi pas un élixir de jouvence pour faire des hordes actuelles de vieillards, des actifs pleins d’entrain…

                                     Paris, le 4 novembre 2013
                                             Richard Pulvar

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