lundi 21 janvier 2013

Fabius entre francs mensonges et dénégations embarrassées

Et pendant ce temps-là (dimanche), le chef de « notre » diplomatie, Laurent Fabius, pérorait chez Jean-Pierre Elkabbach pour Europe 1, Le Parisien et I-Télé, réaffirmant la détermination de la France à lutter, de façon « implacable« , contre ce mal absolu qu’est le terrorisme islamique. tout en continuant à soutenir l’opposition armée – et islamiste – en Syrie.



Mais là encore, la langue de bois fabiusienne a été prise plusieurs fois en défaut à l’antenne :


-D’abord, Fabius, interrogé sur la « rumeur », colportée ces derniers jours par le quotidien Le Monde, de l’utilisation par l’armée syrienne de gaz de combat « non léthaux » à Homs, Fabius donc a dû reconnaître qu’après vérification par les services français compétents, ceux-ci lui avaient dit que cette accusation était infondée en l’état. Dont acte. Le Monde, désormais quotidien de référence en matière de désinformation à but atlantiste, a donc répandu un bobard de plus.

-Après cet aveu, des dénégations éclairantes. D’abord le ministre des Affaires étrangères (à l’intérêt de la France) a tenu à affirmer que Bachar al-Assad « ne regagne pas de terrain« . On ne sait si Elkabbach et ses collègues avaient entendu parler des événements de Daraya, ou des difficultés de l’insurrection en général, face à l’armée syrienne et aux Kurdes. Mais pour que Fabius ait crû devoir apporter ce genre de démenti, c’est qu’il y a justement quelque chose à démentir – ou plutôt à nier.

Ensuite, le ministre, qui a annoncé une énième réunion de l’opposition syrienne à Paris, lundi 28 janvier, a eu droit une remarque désobligeante d’Elkabbach, qui s’interrogeait carrément sur la « ringardise » et même le caractère « fantoche » de la Coalition nationale syrienne couvée par le Qatar et intronisée, en novembre dernier, par Hollande et ses amis les monarques du Golfe « seule représentante du peuple syrien« . Fabius s’est cabré sous l’outrage : »Qui a dit cela ? » s’est-il indigné. Avant de préciser aux auditeurs que les hommes de cette Coalition, payée par le Qatar et dirigée de fait par les Frères musulmans, étaient « des gens extrêmement bien ». Nous voilà rassurés. Enfin, pas tant que ça : à notre avis, pour qu’un Elkabbach, pourtant d’un conformisme atlantiste sans failles, ait osé faire pareille remarque à Fabius, c’est vraiment que le roi est nu, et que l’opposition sous perfusion occidentale est totalement décrédibilisée !

Et puis, normal, Laurent Fabius a « franchement menti ». À propos du Front al-Nosra, émanation désormais bien connue d’al-Qaïda en Syrie. Un groupuscule « ultra-minoritaire« , selon Fabius, d’importation irakienne et donc non représentatif de la valeureuse et démocratique résistance syrienne et même complètement étranger à celle-ci a assuré le continuateur d’Alain Juppé. Là, on se demande de qui se moque le triste patron du Quai d’Orsay : on ne compte plus les articles, reportages et analyses, y compris dans la « grande » presse française – le Journal du Dimanche, hier -, sur la montée en puissance d’al-Nosra dans le conflit syrien : son sigle est cité à propos d’Alep, de Damas, d’Idleb, de Deraa, de Deir Ezzor, alors que dans le même temps l’occurrence de l’acronyme ASL a presque disparu des pages syriennes de Yahoo et de l’AFP !

Ajoutons que Le Figaro.fr confirme que les armes et même les tenues des preneurs d’otages du site gazier d’In Amenas venaient directement de la Libye « libérée » par les amis de M. Fabius. Un équipement, précise le Figaro, fourni dans un premier temps par le Qatar, interlocuteur arabe n°1 de Hollande, Fabius et de l’essentiel de la classe politique française. Mon dieu, que le rôle de ministre atlantiste peut devenir « compliqué », à la longue !

Louis Denghien

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