samedi 28 septembre 2019

Le deuxième jour des mondiaux d'athlétisme au Kalifa Stadium a tenu ses promesses de renouvellement



Les têtes d'affiches ont montrés leur talent, bien que connus mais jamais couronnés mondialement et ce dans un stade paradoxalement froid, car vide de public. De mes participations c'est la première fois que j'observe un tel spectacle alors que la billetterie officielle affichait plus de place disponibles dans certains secteurs. 

Jamais l'épreuve reine des mondiaux (le 100 m) a été autant boudé par le public peu connaisseur, où on entendait des chants de football par les fans du Kenya et de l’Éthiopie venu soutenir en voisins ses coureurs de longue distance. 

Ce public ne nous a gratifié d'aucune ola et les partisans du "clapping" sont restés sur leurs fins. Je ne crois pas à la généralisation de ce procédé motivationnel de masse qui s'est répandu massivement depuis les années 1990.



Je le déconseille à mes athlètes suite à certains échanges avec Carl Lewis et d'autres grands sauteurs qui me faisaient remarquer le manque d’efficacité de ce process, certes bon pour son créateur, Willie Banks, pas forcement bon pour le débutant, l’apprenti star loin de se concentrer sur sa technique se perd dans la foule pour réclamer une aide à partir des rythmes qui lui sont souvent inconnus, d'autant plus que vous êtes dans une foule hostile voire indifférente à vos attentes. 

Ce soir ce fut la cas. Beaucoup de sauteurs (perchistes et longueur) sont arrivés au bout du rouleau sans énergie après une saison trop longue. Ce fut le cas du jeune Cubain Etchevaria (le plus grand battu) qui est passé à côté de l'or promis, il est en bronze mais sans ressort, tout comme l'américain Mc Carter crédité de trois essais nuls, incarnation d'une usure patente de fin de saison.


A ce jeu de dupes, le jeune Jamaïcain Tajay Gayle assomme ses concurrents dès le premier essai avec 8,46 m et reste en tête pour finir à 8,69 m, ce fut la surprise du jour. La Jamaïque a bien besoin d'un nouveau leader charismatique suite à la retraite d'Usain Bolt. Au sprint, Blake, pourtant l’héritier de Bolt, cale à la 5 ème place d'un 100 m enlevé par Coleman en 9.76 qui défait Gatlin en 9.89 et le Canadien De Grasse en 9.90 qui améliore sa performance. 


Si Bolt est parti le sprint reste à un niveau de performance très remarquable. Je crois que les 9.58 seront bientôt dépassé tant la densité de sprinter sous les 10" augmente. La fédération internationale, si elle change de nom en devenant World Athlétic doit faire attention à la profusion de compétitions juteuses en gain mais terrible en blessure et propice aux tentations de dopage. 

Le spectacle prend la main sur l'éthique et la santé des athlètes. Ce soir, on a vu de quelle manière la finale du 100 m a été mise en scène, la dramaturgie était totale ,sans oublier le faste des cérémonies protocolaires. Le Qatar a manifestement un savoir faire en cette matière. Du côté innovation l'apparition, d'un relais 4X400 m mixte donne de nouvelles images, celle de la mixité dans un sport où les différences des capacité athlétiques sont déterminantes. 


On verra si cela va prendre. Le spectacle était à son comble lors du 10 000 m femme qui est resté une affaire africaine. Le Kenya, bien représenté aux avant postes (3) était venu s'imposer en brouillant les cartes en partant sous un faux rythme pour emmener Obiri, tel un cycliste dans l'emballage final. 

Ce stratagème fut vite démonté par deux jeunes. Dès le milieu de la course elles ont mené des cadences folles créant de gros dégâts dans les corps usés des filles qui tout comme les sauteurs sont arrivées saturées. 



A ce jeu d'allures, Hassan - néerlandaise de nationalité - après 1 km de sprint a fait explosé Obiri et s'impose dans un temps de 30'17,62 permettant à la jeune éthiopienne Gidey d'améliorer son record personnel (30'21' 23) et les 3 autres après dont Obiri. 

Il est bon de souligner cette performance sans lièvre en plein championnat du monde. 

La profusion de meeting empêche a beaucoup d'être hyper compétitif. Le sportif hyper protégé (lièvre, bon couloir, course directe et...) ne sait plus se transcender. Beaucoup d'athlètes français en ont fait les frais hier...

Demain on verra si le signe de la relève continue, le 100 m féminin s'annonce passionnant avec deux filles en 10.80. Malgré la chaleur on vit une époque merveilleuses.

Harry Mephon

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