mardi 29 novembre 2011

PAS UN BOUTON DE GUETRE...



A cette heure où certains censés nous représenter, nous préparent à un curieux avenir, il n’est pas inutile d’en faire le parallèle avec certains souvenirs...

Alors qu’une classe de parlementaires, presque aussi stupidement belliciste que celle qui sévit actuellement, courroucée par l’irrévérence de Bismarck, exhortait bruyamment à la guerre, ce à quoi le chef du gouvernement osera répondre : “je l’envisage d’un cœur léger”, et que monsieur Thiers conscient du danger, leur signifiait “vous n’êtes pas prêts”, Napoléon III, malade et fort peu enthousiaste après le désastre du Mexique, pour cette nouvelle aventure, s’inquiétait de l’état de préparation de la troupe. Le ministre de la défense lui dit alors :

“Nous sommes parfaitement prêts, il ne manque pas un bouton de guêtre à nos soldats”.

La suite, on la connaît, ces parlementaires irresponsables, et presque aussi peu renseignés sur la réalité des choses que ceux d’aujourd’hui, se croyant immortels et leur armée invincible, ont engagé la nation, alors même qu’absolument rien ne la menaçait, et que ses intérêts n’étaient en rien lésés, puisque la maison de Prusse avait finalement renoncé à la succession d’Espagne, dans un conflit totalement inutile et illégitime, et sans le moins du monde tenir compte de l’avis des personnes compétentes, qui les mettaient en garde contre cette aventure.

C’est ce même mépris de la logique, de la légitimité, de la réalité physique des choses, et cette même prétention raciste et obsessionnelle, qui consiste à se croire désigné par le ciel, pour dire ce que doit être le droit en quelque endroit de notre Terre, que ces parlementaires de l’époque partagent avec ceux d’aujourd’hui. Or, ceci aura déjà valu à l’orgueilleuse nation, d’être mise à genou en moins de quelques mois, par la plus humiliante des défaites militaires, et de voir se fondre l’ennemi en un puissant empire, en ce lieu même où deux siècles plus tôt, son roi se prétendait l’éclat du soleil.

Là où ces parlementaires ont montré toute leur balourdise, et donc leur totale nocivité, c’est qu’alors que ce monsieur Bismarck s’employait avec beaucoup de peine, à réaliser une unité allemande autour de la Prusse, toutes les rivalités entres les états allemands furent un instant oubliées, tant était manifeste pour eux, l’abus total que constituait une déclaration de guerre à l’encontre de l’un d’entre eux, qui allait donc se retrouver attaqué, alors qu’il ne s’était en fait rendu coupable, que de manifester dans une dépêche où pourtant il accédait à ce qui lui était demandé, son agacement de ces injonctions humiliantes.

C’est alors que rassemblant l’ensemble des états allemands, y compris la réticente Bavière, dans une coalition que le bellicisme français leur imposait, c’est avec une armée inattendue de plus de 800 000 hommes, que le chancelier Bismarck entreprit de faire cesser de chanter ce coq insolent, face au 265 000 hommes seulement, que dans un premier temps, l’empire français pu lui opposer, et même si l’empire déchu, la république organisa la défense nationale, portant ce chiffre à 900 000, l’ennemi fit l’effort de porter le sien à 1 200 000, les jeux étaient faits.

Il est clair que ces parlementaires bellicistes, presque aussi ignorants des dossiers que ceux d’aujourd’hui, n’ont par imaginé, mais pas un seul instant, alors qu’ils se promettaient, en satisfaisant leur crânerie narcissique, d’aller corriger l’insoumis, que toute cette affaire allait rapidement tourner en eau de boudin. C’est alors que la troupe ayant subi les premiers revers, ils s’empressèrent de renvoyer, en le rendant bien sûr, seul responsable de la défaite, ce gouvernement qu’ils n’avaient pourtant cessé d’encourager dans cette voie incertaine.

De la même façon, il est certain que les fanfarons d’aujourd’hui ne doutent pas une seule seconde, que sur la base de leur supériorité indiscutable, et en moins de temps qu’il ne faudra pour le dire, ils s’en viendront aux portes de Damas, accompagnés comme il se doit de la radio de la télévision, et bien sûr, de ce monsieur le secrétaire général des Nations Unies, pour chasser celui qui n’a plus l’heur de leur plaire, et introniser un obscur “comité national”, fabriqué de toutes pièces par leurs services, et par cela, censé représenter la volonté du peuple, et le triomphe de la démocratie.

Ils sont eux aussi, éloignés de supposer que face à cette nouvelle agression, gratuite, illégale, et illégitime, contre un de leurs pays, surpassant un instant tous leurs différents, comme ce fut le cas des nations germaniques, ne se constitue de ceux du Liban jusqu’à l’Iran, un front uni de résistance contre la malfaisance “nominale” des nations occidentales, qui, depuis plus d’un siècle et demi d’ingérence permanente dans les affaires de l’Orient, n’ont fait que porter la guerre, le malheur et la désolation, dans cette région du monde d’où, aucune de ces nations ne leur à pourtant rien fait. Et ceci, à seule fin d’assouvir leur soif de domination, et leur avidité à s’emparer de ses richesses.

Même si elle se pare des habits de moine de la démocratie et de la liberté des peuples, l’immoralité des nations occidentales qui consiste à s’en prendre constamment à des nations qui ne leur ont strictement rien fait, simplement parce que celles-ci ne semblent pas en mesure de leur faire face militairement, et qui est à son comble dans cette affaire, risque cependant de trouver enfin la correction qu’elle mérite. Car, après qu’il eu fallu plus de sept mois à cette coalition ténébreuse de plusieurs centaines de millions d’habitants, pour venir à bout d’un malheureux petit peuple libyen de six millions d’habitants, il est manifeste que cette fois, la donne sera bien différente. Ceci, d’autant qu’avec l’opposition déclarée à ce projet de la puissante Russie, qui s’emploie déjà activement à armer ses alliés, pire que celle du Liban, cette affaire risque bien de tourner aussi lamentablement que celle de Suez.

Mais tout ceci ne semble pas inquiéter le moins du monde nos joyeux parlementaires, qui, dans le même temps où ils se préparent à s’offrir une guerre, prétendument au nom du peuple qu’ils sont censé représenter, et qui ne leur a pourtant strictement rien demandé de tel, se préparent également à se présenter à nos suffrages, certains que nous n’hésiterons pas à les reconduire une fois de plus, pour qu’ils puissent encore nous préparer d’autres belles guerres, et encore davantage, nos autres problèmes pouvant bien attendre…

L’avantage de cette situation, c’est que le désastre prévisible constituera la véritable et superbe occasion, d’en finir enfin avec tous ces gens, et avec tout ce système...

Paris le 29 novembre 2011

Richard Pulvar

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