jeudi 16 février 2012

L’inspecteur Vanneste mène l’enquête



On se demande si Jean-Marie Le Pen assiste goguenard, désabusé ou amer à la dernière chasse au sorcière politique en date à laquelle la quasi-totalité de la classe politique se livre – Front national compris – relayée par la quasi-totalité des médias.
Avant, c’était lui qui faisait le « buz », volontairement ou non, selon convenances personnelles… Aujourd’hui, le vilain petit canard a nom Vanneste. Christian Vanneste. Député UMP pour quelques jours encore, voire même quelques heures à en croire les violents appels de la plupart des caciques du parti présidentiel à l’exclure de leurs rangs… Qu’on en juge simplement par ses deux déclarations, rapportées par le quotidien Libération, dont la première est d’une rare élégance d’expression : « “Il faut le virer de l’UMP”, a tweeté le secrétaire d’État (UMP) au Logement, Benoist Apparu. Thierry Mariani, cofondateur de la Droite populaire à laquelle appartient Vanneste, prend ses distances : “J’ai mené avec Christian Vanneste bien des combats (...). Pour autant, je ne peux me résoudre à le laisser continuer à s’engager sur le terrain de la provocation et du négationnisme”. »
Gageons également que les éternels représentants auto-proclamés de la communauté juive, toujours très susceptibles quant au monopole de la persécution durant les heures les plus sombres de leur Histoire, n’apprécient que très modérément que l’on insiste avec autant de véhémence sur les persécutions d’une autre communauté que la leur. Car c’est des homosexuels et de leurs tourments durant la Deuxième Guerre mondiale qu’il s’agit.
L’avocat des Juifs déportés de France, Serge Klarsfeld, ne s’y est pas trompé qui a aussitôt minimisé dans une interview au site de droite conservatrice Nouvelles de France(1), les propos « blasphématoires » du député du Nord : « De France, il n’y a pas eu de déportation d’homosexuels. Un déporté homosexuel a bien témoigné, mais il est parti d’Alsace, territoire qui se trouvait régit par les lois allemandes. »
Soit très précisément ce que l’hérétique monsieur Vanneste  a déclaré. Il a en effet parlé dans une interview de la « fameuse légende de la déportation des homosexuels français ». Et de justifier ensuite ses propos en affirmant : « Manifestement Himmler avait un compte personnel à régler avec les homosexuels. En Allemagne, il y a eu une répression et déportation, mais il n’y en a pas eu ailleurs. En dehors des trois départements annexés » (Alsace et Moselle), il n’y a pas eu de déportation homosexuelle en France. »
Un esprit chagrin pourrait lui retourner le « compliment » en remarquant que « manifestement Vanneste a un compte personnel à régler avec les homosexuels », lui qui a défrayé la chronique judiciaire en 2005 pour avoir jugé l’homosexualité « inférieure à l’hétérosexualité » ; il fut pour cela condamné pour injures homophobes dans un premier temps avant que la Cour de cassation n’annule, fin 2008, sa condamnation, jugeant que si les propos incriminés « ont pu heurter la sensibilité de certaines personnes homosexuelles, leur contenu ne dépasse pas les limites de la liberté d’expression. »
Sur quoi, il « remit le couvert » en avril 2010, écrivant, sur son blog, que « l’opposition outrancière entre pédophilie et homosexualité n’est pas fondée. »
Non, décidément, on ne nous fera pas croire que monsieur Vanneste n’a pas « un compte personnel » à régler avec l’homosexualité qu’il a encore définit, ni plus ni moins, le 10 février dernier, comme une doctrine. Allons bon !
« Qu’est-ce qu’un homosexuel ? C’est quelqu’un qui refuse l’autre », dit-il en fin connaisseur, bien qu’on aurait pu croire au contraire que s’il était « contre » un autre, c’était en général « tout contre », pour pasticher Sacha Guitry.
Pour expliquer la chasse à la sorcière politique dont il s’estime victime, monsieur Vanneste a une explication, celle de « la puissance médiatique extraordinaire du lobby gay (qui) pose véritablement un problème aujourd’hui » : « Vous en avez beaucoup dans le domaine de la culture, vous en avez beaucoup dans le domaine des médias. C’est-à-dire dans tous les domaines de la communication (Ce qui expliquerait, selon lui) un renversement de la proportion du poids de l’homosexualité dans notre société (et) un art consommé de la déformation systématique des faits. »(2)
Non, vraiment, il ne les aime pas, ces « gens-là ! », la cause est entendue.
Quoi que l’on pense de monsieur Vanneste et de ses obsessions à vilipender celles et ceux qui préfèrent les galipettes à l’envers, force est de constater qu’une simple déclaration qui n’appelle ni à la violence, ni à la négation même de la persécution passée des homosexuels en général, mais simplement du « cas français », sert de prétexte à sa mise immédiate au pilori citoyen.
Et que les historiens qui seraient les seuls habilités à s’exprimer sur les déclarations du député du Nord, s’il a proféré une bêtise ou une vérité historique, même gênante pour certains, voire à modérer celle-ci ou à l’expliquer si besoin est, sont les grands absents de cette « affaire ».
C’est aussi, peut-être, l’occasion de se demander pourquoi les femmes et hommes politiques, de quelques bords qu’ils soient, sont sans cesse enclins à nous enseigner un passé historique que la plupart d’entre eux ne connaissent en général que par Hollywood.
Fort d’une telle culture et par prudence, ils feraient donc mieux à l’avenir de nous entretenir de science-fiction, soit par exemple des tourments amoureux de shubaka(3)… à condition qu’il ne soit pas avéré que le pauvre « Wookie  » souffre de l’indifférente affligeante d’Harrisson Ford à son égard.
Comptons sur Christian Vanneste pour mener l’enquête, d’autant qu’il va sans doute avoir quelques temps libre sous peu pour cela.


Notes
(1) http://www.ndf.fr/la-une/15-02-2012/exclusif-serge-klarsfeld-defend-christian-vanneste-de-france-il-ny-a-pas-eu-de-deportation-dhomosexuels#.TzugAVHzrKd.
(2) http://libertepolitique.com et http://www.francesoir.fr
(3) Contrebandier et ami de Han Solo qui devint un des plus grands héros de l’Alliance Rebelledans la sagas de La Guerre de Étoiles de Georges Lucas.

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