mercredi 17 février 2016

QUARANTE ANNEES D’UN MEME MENSONGE… QUARANTE ANNEES DE DECLIN…



Le mensonge consiste à prétendre qu’il existerait “dans l’absolu”, comme si cela pouvait avoir un sens, un système économique qui serait “le” système optimal, c’est-à-dire celui qui en toutes circonstances, et quelques pourraient en être nos attentes, se montrerait par nature le plus efficace pour nous permettre d’atteindre à la satisfaction de nos besoins…

Partant de cet axiome mensonger, ceux qui nous dirigent depuis quarante ans, n’ont de cesse de vouloir adapter à tout prix notre société et dans tous ses aspects, afin qu’elle puisse favoriser la bonne marche de ce système, même si ce qui nous est alors demandé pour cela, s’inscrit en contradiction totale de nos aspirations de bien être, d’équité, et de participation de tous à un projet social commun.

Selon ces gens, ce n’est donc pas le système économique qui doit servir les aspirations des citoyens selon le type de société qui serait majoritairement celui de leur choix, mais au contraire, à ces citoyens de se plier quoi qu’il leur en coûte, aux exigences permettant alors de prétendre la positivité “économétrique” de ce système. Ceci, par des chiffres ronflants de croissance ou de production, en se moquant éperdument de savoir ce qu’ils traduisent comme réalité de la vie des gens, qui ne seraient donc pas fondés à espérer quoi que ce soit d’autre.

Or, la réalité de ce système se trouve traduite par le principe vérifié de “Pareto”, celui dit du 20/80, et selon lequel 20% des citoyens se partagent 80% des richesses, et 20% des actifs suffisent à assurer 80% des besoins essentiels de la société, en abandonnant aux 80% d’actifs restants, la charge de productions accessoires et par le fait, d’emplois précaires…

La finalité de ce système est donc certes, de produire beaucoup, et il y parvient, mais avec un minimum d’actifs, et au bénéfice d’un minimum de profiteurs. Les chiffres montrent alors que le système permet effectivement de produire beaucoup, sans que soit tout d’abord établi le fait que tout ce qui se trouve produit participe réellement d’un mieux être. Mais ils prétendent d’une façon totalement fallacieuse ses bienfaits, par le fait que le revenu “moyen” des citoyens, le fameux pib/habitant, se trouve très élevé, alors que cette moyenne traduit en fait une grande inégalité des revenus, qui suffit à disqualifier moralement ce système…

Tout se passe donc comme si, se faisant l’instrument de notre pénitence sur cette Terre afin d’expier le péché originel, ce système n’était fait que pour produire un maximum de tout, sauf du bien-être, auquel la majorité d’entre nous devraient raisonnablement renoncer…

Or, nous tomberons tous d’accord quant au fait qu’un bon système est celui qui permet à l’individu par sa propre action, de pourvoir en toutes circonstances à ses besoins essentiels et à ceux des siens, et de s’établir afin de son bien-être, en bonne entente au milieu de ses semblables…

Ceci signifie que l’individu doit avoir en toutes circonstances la possibilité d’exercer, qu’il doit toujours tirer profit de son effort sans se faire déposséder du produit de celui-ci, et sans se trouver en permanence dans un conflit concurrentiel avec ses semblables, afin de leur meilleure entente…

Or, il se trouve que le système vanté comme étant le meilleur, avec les hordes de chômeurs et de laissés pour compte qui constituent son lot, ne permet justement pas de garantir l’emploi, ni une juste rétribution du travail, et qu’il est fondamentalement basé sur une féroce rivalité entre les individus…

Ce dont il nous faut alors bien prendre conscience, c’est que toutes les calamités d’aujourd’hui, chômage, précarité, pauvreté, et fracture sociale, ne constituent en rien le résultat d’un quelconque dysfonctionnement du système, contrairement à ce que ne cessent de claironner les responsables politiques qui demandent alors à chacun de produire des efforts, en espérant que de la sorte, ce sacré système parviendrait à produire ce qu’il n’est justement pas fait pour produire, c’est-à-dire l’égalité, la satiété, et la fraternité…

Bien au contraire, toutes ces calamités sont le résultat du bon et plein fonctionnement de ce système, dont le problème qu’il nous pose découle du fait qu’il s’est trouvé maintenu, au-delà de ce qu’il avait logiquement, c’est-à-dire “historiquement”, vocation à produire…

Soyons clairs…

Le “système libéral”, puisque c’est bien de lui dont il s’agit, n’est ni bon ni mauvais tel qu’en lui-même, et pas davantage que quoi que ce soit d’autre sur notre Terre, il ne possède de valeur absolue hors de toute circonstance…

Ceci signifie que ce système peut être excellent, dans une phase “historique” et par le fait, “déterminée” dans le temps, du développement économique d’une nation, mais qu’il ne vaut rien avant cette période qui constitue sa faveur, et ne vaut plus rien après…

Or, c’est justement dans cet “après” que nous nous trouvons. Car, ce système qui a fait tout le brio des fameuses “trente glorieuses”, et qui fait actuellement le bonheur de la Chine qui n’était pas encore parvenu à la même phase historique de son développement économique, et qui cependant, montre déjà son essoufflement même dans ce pays, aurait du être relayé depuis longtemps déjà par un autre. Ceci, lorsqu’il était devenu évident que selon la logique mécanique même de ce système, le maintien des objectifs productivistes n’allait plus s’opérer en faveur des citoyens, mais allait conduire tout au contraire à leur asservissement…

Malheureusement, il ne s’est trouvé depuis quarante ans dans ce pays, aucun “chef” véritablement digne de ce nom, pour avoir à la fois la saine inspiration et le courage politique nécessaires, afin de conduire la nation tout au long du parcours forcément difficile qui devait lui permettre d’accéder à un nouveau mode d’organisation de sa société, dans le sens de la plus grande satisfaction des citoyens qui désiraient le confort, mais pas le consumérisme, puisque la contestation de la société de consommation fut posée s’en souvient-on, dès 1968...!

Une tentative fut pourtant faite en ce sens en 1981 où fut créé un improbable mais éphémère “ministère du temps libre”, sous les huées de la droite réactionnaire dont bien sûr, un des instruments favoris de la domination consiste en la culpabilisation systématique du travailleur, accusé ne pas produire suffisamment d’effort et d’être par le fait responsable de ses difficultés…

Malheureusement, cette tentative allait être totalement ruinée par les nombreuses erreurs techniques de sa mise en œuvre, ce à quoi il fallait bien s’attendre concernant un “prototype”, puisque le monde ne s’est pas fait en un jour, et ceci allait conduire le gouvernement de l’époque à opérer un virage à 180°, pour s’en retourner vers le plus pur système libéral, jugé depuis cette mésaventure comme étant un système incontournable, et faisant que plus personne n’a rien tenté d’autre depuis…

Or, le déclin constant qui frappe ce pays depuis quarante ans, avec son cortège de problèmes sans solution, ne résulte bel et bien que de l’inadéquation totale du système économique qui demeure le nôtre, avec les nécessités de notre époque…

Ainsi en est-il de cette plaie sociale que constitue le chômage, dont les gouvernements ont encore l’aplomb de prétendre qu’il y mettront fin, comme s’il s’agissait en ce chômage d’une incohérence économique. Ceci, alors qu’il résulte précisément des gains de productivité qui sont exigés pour la poursuite de l’exploitation économique selon ce système, et qui nécessitent de diminuer au maximum la main d’œuvre, et des progrès considérables accomplis dans le domaine des sciences et des techniques, permettant aux machines et aux robots de se substituer à l’exercice des hommes…

Les problèmes qui frappent notre société sont précisément des problèmes “sociaux”, qui nécessitent que celle-ci soit totalement repensée dans ses structures, ses règles, et ses projets, et pour cela il nous faut nous libérer de ce mensonge qui consisté à prétendre que le système libéral serait indépassable, et aurait vocation à se maintenir pour l’éternité…

Non, l’ère du libéralisme triomphant est derrière nous, ce système doit être dépassé…

Paris, le 17 février 2016
Richard Pulvar

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