Ça devait être une réponse du gouvernement à tous ceux qui soutiennent que le régime Ouattara surendette la Côte d’Ivoire. Son porte-parole, Koné Bruno, dénonce « des interprétations qui sont faites au niveau de la presse, notamment au niveau d’investissement de notre pays». Chiffres à l’appui, il indique que la dette représente 73% du Pib avant le point d’achèvement de l’Initiative Ppte. Et que ce taux est ramené à 35% du Pib après l’atteinte du point d’achèvement. Enfin, il se réjouit de ce que ce taux soit à ce jour à 49% par rapport à 70% qui est la norme ouest-africaine. Cela lui permet de conclure que la Côte d’Ivoire n’est pas surendettée. Mieux, que le pays dispose de marge de manœuvre suffisante au point de s’endetter utilement.
Koné Bruno s’est certainement inspiré de la déclaration du directeur des Opérations de la Banque mondiale, Madani Tall, qui estime lui aussi qu’«après le point d’achèvement de l’initiative Ppte, la Côte d’Ivoire ne s’est pas ré-endettée ». Et il explique : « Le stock de la dette ivoirienne est estimé à 3.862,82 milliards FCFA à fin 2012. Le stock de la dette était de 5.920,6 milliards FCFA, en fin 2011. Et selon le dernier rapport du Trésor public, ce stock au 30 juin 2013, s’établit à 3.843,92 milliards FCFA ».
On remarque que, selon Madani Tall, la Côte d’Ivoire n’a pas contracté de dette pendant un an. C’est-à-dire depuis le point d’achèvement (juin 2012) jusqu’à juin 2013, puisque le stock de la dette est resté pratiquement au même niveau. Alors que le gouvernement, lui-même, annonce que la Côte d’Ivoire s’est endettée de 14 points (de 35% à 49%, en en peu plus d’un an). Tout de même, même quand on veut protéger la face d’un ami !
Surendettement nocif
Selon un rapport de la célèbre banque CIA World Factbook, la dette extérieure de la Côte d’Ivoire s’élève à fin 2010 à environ 5670 milliards FCFA. Pour l’année 2011, elle se situe à environ 5800 milliards FCFA. La même source estime à 5950 milliards FCFA celle de fin 2012. Il convient de préciser pour cette dernière donnée que les dettes post-butoir ne sont pas prises en compte. Ce qui fait que le service de la dette augmente du fait des paiements croissants aux créanciers bilatéraux et privés (62 milliards FCFA des 145,1 milliards d’échéances exigibles, soit 42,7%), qui n’étaient pas servis avant le point d’achèvement. Juste après le point d’achèvement, il reste qu’environ 845 milliards FCFA d’endettement nette se sont ajoutés à l’encours résiduel.
Puis Alassane Ouattara s’est lancé dans une course effrénée à l’endettement à l‘effet de financer les secteurs urgents du Pnd. Illustration d’une tendance au surendettement du pays. Presque tous les organismes internationaux de financement ont reçu la visite du chef de l’Etat. En moins d’un an, la dette extérieure s’est rapidement reconstruite. Economistes aussi bien nationaux qu’internationaux chiffrent à environ 10.000 milliards FCFA la dette de la Côte d’Ivoire à fin février 2013 (encore que, selon les normes internationales, les prêts consentis en FCFA ne sont pas considérés comme des emprunts extérieurs). La plupart de la dette étant mal profilée avec des dettes à rembourser à court et moyen termes. Des prêts non concessionnels dont le cas porté sur la place publique est ce « prêt Congo » (il y en a qui sont encore cachés).
Le pays est redevenu insolvable. En 2012, la Côte d’Ivoire n’a pu que régler 20,4 % du service de la dette extérieure. Un peu moins depuis le début de l’année. A fin novembre 2013, le stock de la dette se situe à environ 8000 milliards FCFA. La Côte d’Ivoire est économiquement asphyxiée. Au sommet de la francophonie, Alassane Ouattara demande à la France d’annuler purement et simplement sa créance sur la Côte d’Ivoire.
Face à cette situation d’endettement excessif, le Fmi met en garde le régime Ouattara. «Les services (du Fmi) ont insisté sur la nécessité d’éviter une augmentation trop rapide et trop prononcée de la dette publique qui en compromettrait la viabilité et engendrerait des paiements pour en assurer le service qui grèveraient le budget de façon excessive», indique le rapport de la troisième revue triennale. Avant de mettre la Côte d’Ivoire sous tutelle.
Voici la vérité, monsieur le porte-parole du gouvernement. La Côte d’Ivoire est réellement surendettée. Et ce ne sont pas les tapages médiatiques qui vont effacer cette vérité.
J-S Lia
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