lundi 24 février 2014

LES RAISONS DE LA COLÈRE CONTRE « L’AYRAUPORT INUTILE » DE NOTRE DAME DES LANDES


Depuis plusieurs semaines ont été lancés des appels à manifester ce samedi 22 février 2014 à Nantes par une cinquantaine d'associations, de syndicats, de mouvements politiques et de collectifs, tels que l'ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d'Aéroport de Notre Dame des Landes), le COPAIN 44, Les Naturalistes en lutte, des habitant(e)s de la ZAD, contre le projet aéroportuaire du Grand Ouest en plein cœur de Notre Dame Des Landes, baptisé par les opposants « Ayrauport port inutile ». 

En rapport à Jean Marc Ayrault le premier ministre de la France, originaire dans la région et particulièrement actif dans la réalisation de cet aéroport, véritable projet pharaonique très onéreux en substance, estimé à plus de 360 millions d’euros dont près de 43% doivent provenir des fonds publics, c’est-à-dire de la poche des français .

Si ce projet ne rencontre pas une pleine adhésion des riverains mais plutôt une franche hostilité, ainsi qu’une réelle impopularité en France, selon un sondage effectué juste avant la manifestation à la demande d’Attac, 56% des français désapprouvent le maintien de ce projet, c’est parce que cette construction annonce et préfigure une catastrophe environnementale de grande ampleur, ainsi qu’une modification en profondeur de la configuration du territoire.

Devant être construit à une trentaine de kilomètres de la ville de Nantes, cet aéroport impacterait négativement la vie des habitants de la ville qui selon les opposants : « Le projet d'Aéroport à Notre-Dame-des-Landes est une aberration économique, sociale et environnementale! (...) il infligerait des nuisances graves à plus de 80 000 habitants de la banlieue nord de Nantes. Les diverses structures de raccordement nécessaires (routes, voies ferrées, pont sur la Loire) causeraient également des problèmes (expropriations) et des nuisances à des milliers d'autres personnes. Le coût colossal de cette infrastructure pèserait sur les impôts des habitants de tout le département. Avec jusqu'à 9 millions de passagers, cet aéroport augmenterait considérablement les émissions de gaz à effet de serre. »

Effectivement pour réaliser ce projet confié entre-autres aux multinationales Vinci et Areva, l’État va devoir au préalable procéder à de nombreuses expropriations et expulsions paysannes, pour faire main basse sur ces 1650 hectares voulus pour le projet, soient des surfaces agricoles utiles, des bocages historiques et des espaces naturels. De ces arpents qui seraient placés sous séquestre par l’État, devra sortir de terre l’aéroport contesté, puis une fois le chantier lancé c’est tout l’ensemble de l’écosystème local qui sera détruit.

En effet, deux zones naturelles d'une riche biodiversité, faunistique et floristique seront sacrifiées sur l’autel de cette folie, à savoir les bois et les landes de Roanne ainsi qu’au Sud-Ouest de Notre Dame-des-Landes, les Fosses Noires et les bois, les landes et les bocages.
A ce propos, ce sont près de 2000 hectares de bocages qui risquent d’être rayés de la carte et des espèces animales protégées sont également menacées de disparition, telles que le triton marbré, le triton crêté, le lézard vivipare ou encore le Campagnol amphibie.
De fait, le triton crêté est devenu un emblème chez les opposants de la ZAD et les naturalistes en colère qui scandent régulièrement «les Tritons crêtés oui, pas le béton armé » parce que leur vie est interdépendante des bocages qui sont leur milieu naturel de vie.

Alors pour tenter de rallier la population, le projet a été présenté dans un emballage de « Rurbanité », qui est un concept d’un mélange de ville à la campagne où la campagne regagnerait une existence au sein de la ville par le biais d’arbres par exemple qui seraient plantés au sein des constructions de béton et donner une tendance écolo-branché moderne au projet. Mais les habitants ne sont pas dupes et rejettent ce concept qui induit et sous-tend en outre une nouvelle forme de dépendance territoriale à l’État qui agit en usant de diktat, ce qui est perçu comme une atteinte et une violation portées au cœur de l’identité bretonne.

Et les promesses de dédommagements à la suite des expropriations n’y changent rien.
Si la manifestation du 22 février a été organisée, c’est parce qu’il y a deux mois les choses se sont accélérées et qu’à tout instant les constructions, que jusqu’ici l’opposition des habitants a réussi à freiner, peuvent démarrer.

Ainsi les opposants ont défilé en masse ce samedi avec une participation record évaluée par les organisateurs à 50 000 à 60 000 personnes, une manifestation entachée par des événements à la marge par des heurts de violence avec les forces de l’ordre, un fait mis en avant de façon exclusive par la presse uniquement pour décrédibiliser le mouvement. 
Pour l’heure les déterminations ne chancellent pas, la balle est dans le camp du gouvernement, reste à savoir s'il choisira de continuer à se mettre en porte à faux avec le Grenelle de l’environnement ou s'il choisira la voie du bon sens pour le bien de tous !

Emmanuelle Bramban 


















Photos prises à Nantes ce samedi 22 février 2014

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