jeudi 28 février 2013

HOMMAGE DIGNE POUR L’INDIGNÉ STÉPHANE HESSEL PLACE DE LA BASTILLE


Mercredi 27 février il est à peine 19h, place de la Bastille, au pied des marches de l’Opéra Bastille s’agglutine peu à peu une foule venue en réponse à différents articles de presse et aux invitations sur les réseaux sociaux pour rendre un hommage digne à Stéphane Hessel, dont le décès est survenu aux premières heures du jour.


En peu de temps la place est noire de monde, elle est grouillante de journalistes, la presse internationale est la en grand nombre, dans la foule les têtes grisonnantes ne composaient l’essentiel de l’assemblée. En effet, les contemporains de Stéphane Hessel sont de tous âges visiblement, une partie de l’assemblée est donc jeune, quoi de plus normal après tout car l’engagement de Stéphane Hessel auprès de la jeunesse notamment en matière d’éducation était une des causes pour lesquelles il s’est battu toute sa vie.




Un homme juché sur les marches tient une affiche géante du portrait de Stéphane Hessel sur laquelle est inscrite « Inclinons nous », un autre à coté lui tient une autre affiche avec un texte, des bougies sont allumées au pied des marches, les journalistes mitraillent , filment et interviewent à tous va, puis un homme prend la parole dans un micro pour cadrer un peu les choses et demander aux membres de la presse de bien vouloir descendre au pied des marches , rappelant que l’évènement étant spontané, non couvert par des autorisations spécifiques et qu’à ce titre un grand respect devait prévaloir pour le lieu et aussi en mémoire du grand homme disparu.

Ensuite le micro est tendu, disponible à qui le veut bien, les prises de paroles volontaires se succèdent alors les unes aux autres, une prise de parole libre à l’image des convictions de Stéphane Hessel.




Des proches de Stéphane Hessel sont les premiers à s’exprimer, ils rappellent son parcours, ses combats, son militantisme engagé, ses prises de positions n’hésitant pas être à contre-courant des gouvernances, y compris de gauche, qui ne n’œuvrent pas pour la justice sociale de la nation, c’est-à-dire que les élus de la démocratie ne veillent pas à ce la redistribution des richesses s’effectue au sein de la société afin que chaque citoyen vive dignement, lui le résistant toujours sur les routes de la résistance bravant l’establishment dès qu’il le fallait. L’histoire de son manifeste est évoquée, à savoir que quand il écrit « Indignez-vous » il la fait publier sans contrat classique d’auteur, premièrement parce qu’il ne pensait pas que son ouvrage aurait rencontré un tel succès, il pensait qu’il aurait attiré un public restreint, aussi quand les royalties du livre sont arrivées sonnantes et trébuchantes au vu des maintes ruptures de stocks Stéphane Hessel, a pris la décision de ne garder aucun centimes et d’en reverser l’intégralité à la cause Palestinienne chère à son cœur. Des membres du mouvement Indigné informent qu’en même temps se tiennent des hommages à Toulouse, Clermont-Ferrand, Bordeaux mais qu’aussi que des appels ont été lancés en Espagne à Barcelone et Madrid à la Puerta del Sol de même qu’au Québec également.




L’influence de Stéphane Hessel sur les mouvements européens Indignés et Occupy aux Etats-Unis est détaillée succinctement.

A un moment un anonyme venu d’Orléans prend la parole, un homme d’une cinquantaine d’années, au chômage depuis un certain temps, ayant de grandes difficultés à retrouver du travail ce qui de fait le met en situation de précarité économique et financière proche du dénuement, l’homme raconte cela pour expliquer pourquoi il est là ce soir, pourquoi il a fait le déplacement exprès du Loiret.

En ayant entendu l’annonce du décès de Stéphane Hessel cela lui a causé une grande peine puis ayant appris que se tiendrait un hommage dans la capitale, place de la Bastille, il n’a fait ni une ni deux, il est allé à sa gare, a expliqué aux contrôleurs sur le quai pourquoi il désirait voyager vers Paris, en quoi cela lui tenait à cœur mais qu’il n’avait pas les moyens de prendre un titre de transport. Les contrôleurs eux aussi touchés d’apprendre pareille chose l’ont autorisé à prendre place à bord du train et lui ont fournis un ticket de retour. Il dit la voix émue que si dans sa situation il ne baisse pas les bras c’est parce qu’il y a des personnes comme Stéphane Hessel qui lui donne la force et le courage d’avancer.

Entendant son récit un couple de personnes d’un certain âge s’approche de lui et une fois qu’il remet le micro et lui proposent alors le gite pour la soirée.

La solidarité sociale prônée par Stéphane Hessel trouve là une bien belle illustration ! Beaucoup de jeunes s’expriment, martelant que la voie montrée par Stéphane Hessel doit être poursuivie, que le meilleur hommage à lui rendre c’est non seulement de s’indigner mais aussi de s’inscrire dans l’action pour modifier la cruauté sociale actuelle causée par le monde de la finance car le changement ne tombera du ciel.



Leur succède dans la prise de parole, une jeune femme qui lance un coup de gueule, elle rappelle la récente immolation du chômeur au pôle emploi, le désespoir conduisant à cette extrémité, qui justement ne doit pas laisser la société passive car si de telles choses se produisent c’est qu’il y a urgence, que c’est le signal d’alarme montrant qu’il est temps d’agir, elle invite tout un chacun à un rassemblement ce vendredi en hommage également pour cet homme décédé, face au pôle emploi où il s’est immolé.

Dans d’autres interventions la présidence Hollande est fustigée au même titre que la précédente, le nom de Manuel Valls est conspué, en égards aux expulsions dont il est le maitre d’œuvre à son poste ministériel.




Par conséquent si les gouvernants ne représentent plus le peuple dont ils ont la charge élective alors la colère populaire est d’emblée légitime et que des alternatives participatives citoyennes sont à mettre en place, conformément aux principes de Stéphane Hessel le tout dans la non-violence.

Ce matin Stéphane Hessel s’en est allé vers d’autres cieux mais ce soir place de la Bastille lieu hautement symbolique tombeau des représentants de l’arbitraire jadis où le peuple opprimé a naguère pris sa liberté, sa voix rebelle a résonné, elle s’est exprimée par les bouches de ses enfants prêt à reprendre son flambeau.




Ce soir et demain tous Indignés actifs, merci monsieur Hessel !

Emmanuelle Bramban

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