vendredi 15 février 2013

QUAND A NE PAS VOULOIR D’INTERDIT, ON FINIT PAR NE PLUS AVOIR AUCUN DROIT


Qui ne comprend que dans une société, la liberté de tout un chacun possède une limite, et se voit donc opposer des interdits, afin de celle des autres ?

Il vient de cela que dans tous les cas, il ne peut y avoir d’exercice de droits, et de conservation de ceux-ci, qu’à condition d’interdits, et que les actions des uns et des autres doivent nécessairement s’inscrire dans un cadre de “civilités”, c’est-à-dire un cadre de règles comportementales issues d’une concertation entre les “citoyens”, dans lequel tous les coups ne sont pas, et ne peuvent pas, être permis...

Dans ces conditions, il convient de veiller à ce que les interdits ont bien pour vocation de ménager un espace de liberté pour chacun, et ne servent pas d’instruments d’oppression sur tous, mais il est clair qu’il n’appartient pas à chacun de définir selon son seul jugement, ce qui doit être son espace de liberté, tout cela doit s’établir selon des conventions.

Ainsi, à partir d’une nécessaire liberté de conscience, il existe un droit à la croyance religieuse, et un droit à l’athéisme, qui ne peuvent pas se contester l’un l’autre, en tant que droit, et les comportements liés à l’une ou l’autre de ces convictions, possèdent forcément des limites, afin qu’un espace de liberté puisse être ménagé aux uns comme aux autres.

Il existe de ce point de vue, des nations que nous pouvons qualifier “d’arriérées”, en ce sens qu’elles ignorent l’idée de laïcité, c’est-à-dire de liberté de conscience, et dans lesquelles, la religion est devenue, soit une institution d’état, soit un exercice obligé par le parti au pouvoir, dans une situation où les droits fondamentaux de ceux qui ne partagent pas cette conviction, sont totalement bafoués.

Mais fort heureusement pour nous, nous ne sommes pas en France dans ce cas là, personne n’est persécuté dans son athéisme, personne n’est obligé d’avoir une croyance, personne n’est obligé de se rendre à l’église, d’écouter ce que dit le pape, et d’obéir à ses recommandations.

Partant de là, si la contestation de ce qu’est la croyance peut participer d’un débat d’idée tout à fait enrichissant, à condition bien sûr que là encore, celui-ci se tienne dans un cadre de civilités impliquant le respect des convictions des uns et des autres, nous assistons en ce moment à une contestation des croyants eux-mêmes, dans leur légitimité à l’être, pour laquelle certains se croient autorisés à aller les provoquer et les offenser, jusque dans leur lieu de culte, en maculant ce qui pour eux est sacré, tout ce qui constitue une attitude totalement inadmissible...!

Il convient donc de dénoncer tout à la fois, les groupes extrémistes de droite qui sont des spécialistes en profanations de tous genres, et une certaine gauche en proie à ce qu'il convient bien de dire un stalinisme refoulé, qu'elle s'emploie à vêtir des habits de la lutte pour le progrès...

La lutte pour le progrès ne passe pas par l’offense gratuite, illégale, et illégitime faite aux autres, et elle ne peut surtout pas manquer d’avoir le souci du débat, devrait-il être sans concession, pour la définition de ce que doivent être, la société dans ses grandes lignes, et les espaces de liberté. Ceci, afin que chacun puisse être protégé par des “interdits” s’opposant à une action des autres qui pourrait leur porter injustement atteinte.

Ce qui est en cause, c’est que cette façon de s’affranchir facilement comme on le voit, des civilités élémentaires par les uns, laquelle appelle fatalement une réciprocité de ce comportement par les autres, ne peut avoir aucune autre finalité que de nous conduire après une période de désordres sans fin, à un régime autoritaire dont il sera difficile de se défaire, et les exemples selon ce schéma, ne manquent pas...

Paris, le 15 février 2013
Richard Pulvar

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