dimanche 8 septembre 2013

LE BREVIAIRE DES "DEMOCRATES"


Notre nation a vocation à aller porter la démocratie chez les peuples qui en sont encore privés, et nous ne sommes motivés en le faisant, que pour le bien-être de ces peuples.

Dans les pays tiers bénéficiant de notre bienveillante protection, hors d’élections s’étant opérées avec notre concours logistique et sous le contrôle de nos troupes, ce sont ceux que nous avons désignés, qui sont les véritables représentants de ces peuples.

Ceux parmi les chefs de ces peuples qui refusent de se plier à nos injonctions quant à la façon d’opérer en démocratie, ou de céder leur place aux véritables représentants de leurs peuples désignés selon nous, sont des dictateurs qui refusent que nous portions enfin la démocratie et le progrès à ces peuples, pour pouvoir continuer à les soumettre sauvagement.

Les opposants que nous accueillons, et qui sont par le fait même, des hommes de la plus parfaite intégrité et qui vouent sans aucune ambition pour eux mêmes, leur existence à lutter pour le bien de leur peuple, confirment que ces chefs insoumis sont des dictateurs sanguinaires, qui massacrent leur propre peuple désarmé, avec des armes interdites, en foulant du pied les droits de l’homme.

Etant ceux qui avons édicté les droits de l’homme, nous en sommes par le fait les garants de leur respect tout autour du monde, et fondés à intervenir dans toute nation où ces droits se trouveraient foulés, par des dictateurs s’en prenant aux populations civiles, dès lors que nos informateurs nous le signalent, ou que nous en sommes informés par les opposants réfugiés chez nous, ce qui dans l’un ou l’autre cas, a valeur de preuve.

Si nous bombardons ces nations, c’est dans le but sacré de protéger les populations civiles.

Nous opérons avec des frappes chirurgicales, en n’ayant que des objectifs militaires, tels que : les centrales électriques, les sous-stations et les lignes à haute tension, les ports, les ponts, les gares et les aérogares, les usines de fabrication mécanique, les complexes chimiques et les dépôts de carburant, les centres de radiodiffusion et de télévision, les administrations et les palais gouvernementaux, les centres de recherche et les laboratoires, tout autant de moyens logistiques qui participent fatalement à la puissance militaire de l’armée du tyran, qui lui permettent de développer des armes interdites, et de continuer sa propagande...

La perfection n’étant pas de ce monde, il arrive que malgré notre application dans la programmation de nos missiles, et le souci scrupuleux de nos pilotes, il se produise ça et là, quelque “dégâts collatéraux” regrettables, ce qui, malgré la justesse indiscutable de notre cause, créent notre sincère douleur...

Cependant les importantes destructions que l’on constate ne sont pas de notre fait, mais la conséquence du fait que l’armée du tyran, ayant renoncé à s’en prendre à nous du fait de notre supériorité nominale, s’emploie par dépit à tirer contre son propre peuple, et les nombreuses victimes déchiquetées, sont dues au fait que le tyran à fait disposer des millions de ses opposants jusque là détenus dans des camps de travaux forcés, comme boucliers humains autour de ses installations militaires...

Nos services nous ayant fait savoir que le tyran est un homme particulièrement frustre et abjecte, qui n’hésite pas à étrangler ses opposants de ses propres mains, qui procède à des pratiques maléfiques dont nous avons lieu de soupçonner qu’elles s’opèrent par le sacrifice des nouveaux nés de ces opposants, et qui le reste du temps se répand dans le stupre et la fornication, il apparait qu’il s’agit d’une brute qui n’hésiterait pas à se faire sauter avec ceux qui viendraient éventuellement pour l’arrêter. Soucieux de la protection de nos soldats, nous confions donc à nos forces spéciales le soin de l’éliminer purement et simplement, même si ce faisant, nous regrettons amèrement de ne pouvoir lui offrir en démocrates scrupuleux que nous sommes, un procès en bonne et due forme, afin qu’il puisse se défendre...

Nous agissons, afin que soit scrupuleusement respectée en toutes circonstances, la légalité internationale...

Cependant, nous sommes fondés à nous passer pour agir, de tout mandat du conseil de sécurité des Nations Unies, dont par ailleurs, nous nous désignons comme étant ceux qui sont chargés de faire scrupuleusement respecter à tous, la stricte application de ses résolutions, toutes ses résolutions, et rien que ses résolution, lorsqu’un véto émanant d’un membre indigne de ce conseil de sécurité, nous prive de l’occasion de nous dévouer, en nous chargeant d’aller bombarder certains états voyous, afin de protéger des populations civiles désarmées et massacrées...

Bien sûr, nous savons que le peuple français est fondamentalement opposé à toutes ces opérations de “guerre humanitaire”, mais la constitution de notre pays autorise le président de la république à faire usage des forces armées, sans devoir acquérir préalablement l’aval du parlement, dans les situations d’urgence...

Il nous faut donc aller bombarder tout de suite, parce qu’il y a urgence...


Paris, le 9 septembre 2013
Richard Pulvar

Aucun commentaire: