vendredi 9 avril 2010

Sous les tentes, l'amour


Sous les tentes, les bâches, à côté des tonnes de décombres… un proxénète, une poignée de filles et un parterre de clients suffisent pour relancer les activités de prostitution à la capitale haïtienne.

« Wow ! Tu ne m’avais pas dit que tu m’emmènerais sur les décombres ! » s’exclame Bob, 21 ans, en découvrant le local, à Delmas, que cachait la barrière que lui montrait une prostituée quelques minutes auparavant, lors des « négociations ».

Dans une cours rectangulaire d’à peine huit mètres carrés, entre les décombres d’une ancienne maison privée, près d’un amandier faisant office de bureau à un proxénète, se dresse une tente tient lieu d’alcôve, à partir de 7h du soir, aux partenaires du commerce de la chair.

Toute l’action se passe sous un clair de lune, presque au vu et au su de tous. Une partie de sexe oral se déroule à côté d’une levrette, non loin d’un « kanpé » (comme on appelle la position debout en Haïti).

Une atmosphère qui freine Bob, le client, dans son élan. Conséquence, la fille ne veut pas perdre son temps avec lui. « Elle me pressait de me réarmer ou de foutre le camp », raconte-t-il peu fier.

En fait, si le cadre a quelque peu changé, ce coin sur la route de Delmas a toujours été reconnu comme siège de la prostitution à bon marché de la commune du même nom. A 100 gourdes le moment ($ 2.50 environ) dont le quart ira à un protecteur, les activités ont repris quelques jours à peine après le 12 janvier. « Il faut quand même qu’on gagne notre vie », justifie une travailleuse de sexe.

L’après 12 janvier a aussi vu s’ouvrir des maisons closes plus ou moins discrètes dans les camps. Un prêtre haïtien, un mois après le séisme, a menacé de chasser les sans abris qui ont trouvé refuge sur le terrain de sa congrégation qui loge non seulement une chapelle, mais aussi une école très prisée de la place. Le Saint Louis de Gonzague où Jacques, qui rendait visite à un ami déplacé, confirme avoir été abordé par une fille de joie.

A noter que l’offre va aussi vers la demande, les hôtels devenus peu fréquentés depuis le séisme. A Jacmel, par exemple, dans le Sud-est, les pensionnaires des maisons closes de la cité touristique élisent désormais domicile dans le plus grand centre d’hébergement de la ville.

Ce phénomène, sur la quelle la constitution haïtienne fait d’ailleurs silence, semble pour le moment être le dernier des soucis des autorités municipales qui sont occupées par la « gestion de l’urgence ».

Comme avant le tremblement de terre, de rares décentes policières font fuir proxénètes, prostituées et clients. Certaines aboutissent à des arrestations qui se terminent toujours par quelques heures de garde à vue.

Entre-temps, le plus vieux métier du monde a survécu au 12 janvier en Haïti, il s’est adapté et a encore de beaux jours devant lui.

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