jeudi 3 février 2011

Duel entre Manigat et Martelly à la présidentielle en Haïti

PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Le second tour du scrutin présidentiel haïtien opposera le 20 mars l'ancienne "première dame" Mirlande Manigat au chanteur populaire Michel Martelly, a annoncé jeudi le Conseil provisoire électoral.

Les résultats définitifs du premier tour, qui s'est déroulé de façon chaotique le 28 novembre dans un pays dévasté par le tremblement de terre de janvier 2010, écartent de la course le candidat du gouvernement, Jude Célestin, que les chiffres préliminaires, très contestés, donnaient en deuxième position.

Ces résultats définitifs sont conformes à une recommandation de l'Organisation des Etats américains (OEA), appuyée par les Etats-Unis et des donateurs occidentaux.

Dans les locaux du Conseil électoral protégés par des policiers de l'Onu et d'Haïti à Port-au-Prince, les journalistes locaux et étrangers avaient manifesté leur impatience durant la nuit, les autorités n'ayant pas tenu leur engagement d'annoncer les résultats mercredi.
Mirlande Manigat, 70 ans, avait obtenu la plus grande part des suffrages au premier tour, mais en nombre insuffisant pour l'emporter d'emblée. Washington et les Nations unies ont fait pression sur les dirigeants et les autorités électorales d'Haïti pour qu'ils acceptent la recommandation en faveur de Michel Martelly, 49 ans.

Des partisans du chanteur avaient violemment manifesté en décembre contre les résultats préliminaires du Conseil électoral, qui donnaient Jude Célestin en voie de qualification pour le second tour.
TENSIONS

Les experts de l'OEA avaient relevé, dans les décomptes préliminaires, des irrégularités nécessitant une révision.

Ils avaient jugé que Jude Célestin devait être écarté du second tour au profit de Michel Martelly, initialement donné en troisième place avec moins de 7.000 voix de retard sur le candidat soutenu par le président sortant, René Préval.
Mercredi, nombre de banques, d'écoles et de commerces avaient fermé plus tôt que d'habitude dans la capitale, de crainte de violences à l'annonce des résultats attendus. Les Nations unies et leurs agences ont recommandé la vigilance à leurs employés et aux habitants, de même que les ambassades.
Dans ce climat de tensions politiques, l'ex-président Jean-Bertrand Aristide, exilé en Afrique du Sud, a demandé au gouvernement un passeport diplomatique pour regagner Haïti.

Plusieurs centaines de partisans d'Aristide ont manifesté mercredi devant le ministère des Affaires étrangères pour exiger qu'on lui délivre un passeport.
Les Etats-Unis et les donateurs occidentaux, qui s'efforcent de maintenir le processus électoral sur les rails, redoutent qu'un retour d'Aristide n'enflamme 
les passions politiques.

L'ancien prêtre catholique, dirigeant charismatique qui bénéficia en son temps du soutien de divers mouvements de gauche, a encore des partisans passionnés en Haïti. Devenu le premier président élu du pays en 1990, il avait été évincé en 2004 par un soulèvement armé.
Le mandat de René Préval expire lundi, mais le parlement lui a donné son accord pour le prolonger si nécessaire jusqu'au 14 mai afin de pouvoir céder son poste à un successeur élu.

Après le tremblement de terre de 2010, Haïti combat une épidémie de choléra qui a déjà fait plus de 4.000 morts.


Joseph Guyler Delva

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