Le Service Jésuite aux Réfugiés (SJR Haïti) a assisté le mercredi 27 avril entre 7h30 et 8 heures du matin au rapatriement de 85 haïtiens, dont une douzaine de jeunes femmes et un mineur, à l’Aéroport International Toussaint Louverture à Port-au-Prince. Ces haïtiens, dont 36 avaient été interceptés en mer dans un boat people non loin de l’île caribéenne, ont été détenus par les autorités bahaméennes avant d’être rapatriés à la capitale haïtienne à bord de Bahamas Air.
Le Service Jésuite aux Réfugiés (SJR Haïti) condamne énergiquement les violations des droits humains de ces 85 haïtiens rapatriés par les autorités des Bahamas. Plusieurs de ces ressortissants haïtiens ont été séparés de leurs parents, de leurs conjoints et de leurs enfants qui sont restés seuls à Nassau, selon les témoignages recueillis par le SJR auprès des rapatriés. La majorité des personnes rapatriées n’ont pas eu la possibilité de récupérer leurs biens et leurs salaires, avant leur rapatriement. Les refoulés, c’est-à-dire ceux qui ont été capturés en mer près de Inaguas, ont subi de mauvais traitements de la part des agents de l’immigration.
Le SJR Haïti met en doute si les autorités migratoires bahaméennes ont respecté le droit des ressortissants haïtiens à un « procès en bonne et due forme » avant même d’émettre l’ordre de rapatriement, puisque certains de ces haïtiens rapatriés ont vécu avant leur déportation pendant plus de 10 ans, voire durant 21 ans, sur le territoire bahaméen.
Face à cette situation, le SJR demande :
1) aux Gouvernements des différents pays du continent américain d’accorder un moratoire sur les rapatriements de ressortissants haïtiens, compte tenu de l’aggravation de la situation humanitaire du pays depuis le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010 et en raison de l’absence de conditions et de structures pouvant accueillir les personnes rapatriées en Haïti et les aider à se réintégrer dans la société.
Dans un tel contexte, les déportations des ressortissants haïtiens vers Haïti par les États et gouvernements des pays, dont les Bahamas, les États-Unis d’Amérique, la République Dominicaine, constituent des violations des instruments internationaux des droits humains, dont le droit à la vie et à la dignité des personnes rapatriées.
2) aux autorités haïtiennes de se pencher d’urgence sur la situation des migrants haïtiens qui connaissent un sort difficile dans plusieurs pays du continent américain, tels que les États-Unis d’Amérique, la République Dominicaine, les Bahamas, le Pérou, le Brésil, la Guyane Française, pour ne citer que ceux-là.
Le bilan de la situation des migrants haïtiens en Amérique est de plus en plus sombre parce qu’il est, en grande partie, jalonné par la reprise par certains États du continent, des déportations des ressortissants haïtiens et par la décision d’autres États de fermer leurs frontières aux Haïtiens et de durcir leur politique migratoire et d’asile face à cette minorité.
« Le ministère de l’Immigration des Bahamas a repris les arrestations et le rapatriement de ressortissants haïtiens depuis mercredi 1er Septembre ; des procédures qui avaient été suspendues pour des raisons logistiques et humanitaires suite au séisme dévastateur en Haïti en Janvier», avait annoncé brièvement et sans plus d’explications, début septembre 2010, le Directeur de l’immigration des Bahamas Jack Thompson.
Chaque pays a le droit de protéger son territoire mais tout cela doit se faire dans le cadre du droit et du respect de la personne humaine. Le SJR Haïti déplore les conditions dans lesquelles se réalisent ces rapatriements. Il appelle les autorités Haïtiennes à prendre position face au non respect des droits humains et de la dignité que plusieurs pays continuent à pratiquer envers les Haïtiens, particulièrement les mineurs séparés de leurs parents qui risquent d’être victimes de traite et de trafic.
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