Vive Ben Laden !

Vive Ben Laden ! Ni jugement de valeur, ni apologie terroriste, rassurez-vous, mais rien qu’un peu de « provoc » au moment où ça se bouscule au portillon pour applaudir la mise à mort du leader d’Al-Qaida. Et pourquoi moi aussi ne serais-je pas en droit de justifier l’injustifiable puisque, à contre emploi, les humanistes de circonstances, supposés opposés à la guerre, à la barbarie, aux corridas, aux abattages rituels et à la peine de mort, se réjouissent, ouvertement et sans retenue, de l’exécution sommaire du bouc émissaire public numéro un en piétinant leurs convictions profondes.

Comme à l’accoutumée, avec les seules « sources américaines », on ne saura jamais comment l’élimination s’est déroulée (ou même si ça s’est vraiment passé) puisqu’ils ont pris soin de la réaliser sans témoins à charge ni avocats de la défense et en effaçant toutes traces compromettantes. Et que penser des assertions farfelues des exécutants des basses oeuvres qui affirment avoir procédé aux rites funéraires musulmans (par immersion !!!). En faisant disparaître jusqu’au corps du délit, le commando et ses commanditaires auraient voulu faire en sorte que la tombe de leur ennemi ne devienne pas un sanctuaire islamiste. Mais en agissant ainsi, ils ne font qu’admettre implicitement, aux yeux du monde entier, la popularité de leur adversaire au sein d’une communauté musulmane qui voit le plus souvent en lui, à tort ou à raison un justicier et un symbole plus qu’un terroriste sanguinaire.

Rien de très glorieux dans cette action d’éclat hollywoodienne, sponsorisée par le locataire de la Maison Blanche en campagne, destinée à supprimer un croque mitaine en pré retraite. Car, depuis près de dix ans, on peut dire qu’on a plus souvent agité l’épouvantail de Ben Laden et qu’on s’est plus réclamé qu’il n’a effectivement donné de sa personne. Et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les premiers bénéficiaires ne sont pas les Musulmans mais leurs ennemis qui ont eu beau jeu d’exploiter le mythe pour déconsidérer et stigmatiser les populations dont ils veulent se débarrasser.

Pour l’Islam, les mauvaises paix valent mieux que les bonnes guerres lesquelles doivent être évitées par tous les moyens. Tout le monde est évidemment en droit de se défendre et même d’agir en représailles pour faire cesser les menaces qui pourraient peser contre leurs personnes et leurs biens. La résistance armée et les barouds d’honneur des désespérés contre ceux qui envahissent leurs contrées afin d’imposer leur domination et piller leurs richesses ne doivent pas être confondus avec le terrorisme aveugle de ceux qui ne font aucun effort pour épargner les femmes, les enfants, les vieillards, les ecclésiastiques, les missions diplomatiques ou humanitaires lesquels sont étrangers aux combats. Ça méritait d’être rappelé, même outre tombe…

Daniel Youssof Leclercq