dimanche 4 septembre 2011

les résultats partiels des examens des Bacs I et II en Haïti, critique du système scolaire haitien




Cette fin de semaine les résultats partiels des examens des Bacs I et II ont été publiés. Le pourcentage de réussite est si faible que l’on en est droit de questionner l’efficacité du système éducatif haïtien. Il incombe aux éducateurs de chercher les causes de ces échecs qui entravent le développement du pays. Pendant que l’heure est à la scolarisation de tous les enfants, plus d’un pense que le système n’est pas équipé pour les accueillir. Si l’on considère que l’une des causes de l’échec est l’incompétence de ceux qui enseignent, l’on ne doit pas s’attendre à un miracle. Et s’ajoutant à cela leur ignorance des principes des sciences de l’éducation ; seulement un petit nombre peut s’enorgueillir d’être compétent dans la délivrance de l’instruction.

D’où la question, a qui va-t-on confier la formation des 150.000, 250.000 ou 1.000.000 nouveaux candidats ? Or il est unanime à reconnaître que l’établissement de l’école ne précède jamais les maîtres. Quelle préparation consentie avant l’ouverture des classes pour les accueillir en septembre ou en octobre 2011 ? Va-t-on doubler ou tripler l’effectif dans les classes des écoles déjà surpeuplées ? La volonté, l’audace, ni la fougue du président peuvent ne pas suffire pour réussir ce coup de poker.

L’échec des examens du Bac est l’échec de tout le système éducatif. L’initiative d’envoyer tous les enfants à l’école est plus que louable, mais ne courrions-nous pas le risque d’empirer une malade déjà en agonie ? Oui d’une malade condamnée dès sa création à subir la méchanceté de certains groupes de nos hommes d’état. Jean-Pierre Boyer qui éteignit tous les espoirs que Dessalines, Pétion et Christophe avaient suscités chez la jeune Hatti en fermant toutes les écoles du pays à l’exception du lycée Pétion. Les efforts consentis à partir de 1846 avaient été encore une fois sabotés ; ont suivi d’autres qui avaient connu les mêmes sorts. Le record inégalé de Daniel Fignolé de 43 écoles en 43 jours n’a pas été supporté par les gouvernements qui ont suivi, laissant la responsabilité à des citoyens qui, malgré leur enthousiasme, ne pouvaient pas être juges et partis à la fois.

Le piétinement du Programme d’Éducation pour Tous semble se heurté à cette même faction de notre population qui ont tout fait pour enrayer l’école dans le reste du pays pendant plus de deux siècles. Quelle méchanceté ! A qui profite ce crime « odieux et ignominieux ? » Pas besoin de lunettes pour les « identifier ». L’entourage du président de la république avec ses propriétaires d’écoles et de fins intellectuelles devraient aisément être en mesure de l’aider dans la conception de son ambition, un pari qui l’élèverait au dessus de nos hommes d’état contemporains. Mais cet entourage appartient à ce petit groupe qui n’a jamais cessé de saboter l’école haïtienne parce que d’abord un peuple analphabète aidera à la pérennisation de leur contrôle sur les richesses du pays, et ensuite ils ont accès aux plus grandes écoles d’Europe et d’Amérique.

Retournons aux résultats du Bac. Cet échec n’est pas seulement l’échec des candidats du Bac ; il doit être imputé à tout le système, particulièrement les professeurs. En matière d’éducation l’on doit juger de sa compétence qu’en se référant aux résultats de ses élèves. Un taux élevé d’échec signifie que le professeur ait lui aussi échoué dans son effort d’inculquer le savoir. La responsabilité d’un tel professeur serait de chercher les causes de l’échec. Dans ce cas, au lieu d’instruire un élève comment apprendre, un professeur ferait mieux d’apprendre comment enseigner à son élève. Or l’on sent qu’il n’y a aucun regret ou prise de responsabilité dans l’échec des élèves par les professeurs, comme si ces élèves seraient les seuls responsables. Comment confier la formation de la jeunesse a des gens qui eux-mêmes n’ont pas réussi ces mêmes matières qu’ils enseignent, parce que les propriétaires d’écoles pensent beaucoup plus au profit qu’a l’éducation. Aujourd’hui l’école est commercialisée à un point tel que les transactions entre les écoles et les parents se font par proxy ou procuration, un numéro d’un compte de banque pour déposer la mensualité. Les revenus sont fixés à l’ avance (sur 10 mois et pas de négociation) peu importe le temps réel (moins que 9 mois serait trop optimiste) passé sur les bancs.

Et encore par-dessus tout qui contrôle ces écoles ? Qui établissent les prix ? Le prix payer serait-il en adéquation avec l’éducation reçue ?

Ernest Louissaint

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