jeudi 6 octobre 2011

L'UNNOH met en doute la réussite de la rentrée scolaire

Le coordonnateur général du l'Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), Josué Mérilien, lors d'un point de presse donné ce mardi 4 octobre 2011, a contredit les interventions du président Martelly, à l'occasion de la rentrée des classes hier, qui laisserait comprendre que la rentrée scolaire cette année est un succès. Il en a profité pour dénoncer également des actes de corruption qu'il dit avoir constaté au niveau de l'appareil éducatif.

Haïti: Le président Martelly, lors d'une cérémonie organisée le lundi 3 octobre à l'école nationale de Tabarre pour lancer officiellement la rentrée scolaire, avait fait l'éloge de son programme d'éducation gratuite, baptisant ce premier jour de classe « journée historique ». Selon Josué Mérilien, coordonnateur général de l'UNNOH, les propos du président, en cette occasion, ont laissé croire que la rentrée scolaire cette année est une réussite, alors que les faits prouvent tout à fait le contraire.

« La rentrée des classes réalisée le 3 octobre a été seulement pour un groupe d'élèves. La majorité des élèves ne se sont pas encore rendus à la l'école parce que leurs parents n'ont pas les moyens de payer 15 000, 20 000 ou 25 000 gourdes pour un seul élève dans les écoles privées », affirme le professeur Josué Mérilien, indiquant que le pays compte un taux de 90% d'écoles privées. « La majorité des parents étant au chômage ne peuvent pas payer; ils attendent impatiemment l'école gratuite promise par le président », ajoute-t-il.

Le président Martelly avait affirmé dans son discours, à l'occasion de la rentrée des classes, que son rêve d'éducation gratuite a été accompli le 3 octobre qui, selon lui, est un grand jour pour le peuple haïtien. Le chef de l'Etat s'était félicité d'avoir rendu possible l'application de l'article 32 de la Constitution qui stipule que l'Etat garantit le droit à l'éducation. Alors que, selon M. Mérilien, dans les zones les plus défavorisées du pays, tous les parents sont en attente de voir comment il va rendre ce programme opérationnel. Jusqu'à présent, aucune école, aucun élève n'a été connu par le public dans le cadre de ce programme. « Ces parents pourront toujours attendre, ironise-t-il, car le rêve du président a déjà été réalisé ». Pour M. Mérilien, il devrait plutôt dire aux parents qu'il va travailler en vue de réaliser ce programme.

« Comment ce programme d'éducation gratuite a-t-il pu être réalisé quand aucune école publique supplémentaire n'a été construite par l'Etat ? Comment a-t-il pu réussir quand la loi sur les frais scolaires n'est toujours pas publiée ? Quand l'Etat doit des arriérés de salaires aux enseignants, qui doivent aussi envoyer leurs enfants à l'école ? Quand rien n'a été dit jusqu'à présent sur le 14e mois des fonctionnaires publics ? Quand les employés victimes n'ont pas encore reçu leurs chèques de dédommagement ? Et quand les cours de certaines écoles sont encore des centres d'hébergement ? », se demande le coordonnateur général de l'UNNOH. 

Selon lui, le président devrait faire un recul sur son parcours pour avouer à la nation qu'il n'a pas encore les moyens de réaliser ce programme et qu'il attend les moyens. « ... parce que l'éducation gratuite n'est pas un jeu et ne peut pas être possible avec les 10% d'écoles publiques dont nous disposons», prévient-il.

« Nous avions dit au président Martelly que pour réaliser son programme d'éducation gratuite, il pouvait commencer par agrandir la capacité d'accueil de certaines écoles publiques. Au lycée Fritz Pierre Louis par exemple, il y a 15 salles de classe vides qui pourraient permettre à des centaines d'élèves d'aller à l'école. Tant d'autres écoles publiques sont dans la même situation, elles manquent de moyens, de ressources humaines pour accueillir plus d'élèves; l'Etat ne tient plus compte de ce genre de choses », informe le professeur Mérilien.

Josué Mérilien affirme que le président est en train d'ironiser la nation en affirmant que son programme a été accompli alors que les parents attendent encore. « Le président doit prendre conscience qu'il n'y a pas vraiment d'éducation gratuite cette année, comme il le prétend. Il doit améliorer le sort des enseignants qui sont le moteur du système, afin qu'ils soient en mesure de mieux faire le travail », déclare-t-il, soulignant que dans son programme d'éducation gratuite, M. Martelly ne parle que des élèves et oublie complètement les professeurs.

Par ailleurs, le coordonnateur général de l'UNNOH fait remarquer qu'au niveau du ministère de l'Education nationale, il y a un ensemble de scandales, de corruptions et de vols. « Des enquêtes doivent être ouvertes pour que lumière soit faite sur ces actes, et que les fautifs soient poursuivis par la justice », soutient-il, rappelant que 21 millions de gourdes ont fondu dans le cadre de la subvention. « Il est vrai que M. Jean Pierre et Mme Figaro sont en prison pour ce dossier, mais nous avons appris que des magouilles sont en train d'être enregistrées pour libérer ces deux personnes accusées de vol », avise le professeur, invitant le Parlement, l'ULCC et la Cour supérieure des comptes de prendre leurs responsabilités en ce sens. « Nous demandons l'interdiction de départ pour Desrosiers Jean Pierre et toute son équipe », lance-t-il.

« D'un autre côté, 200 millions de gourdes, allouées aux examens d'Etat, ont aussi disparu; jusqu'à présent, les correcteurs et surveillants qui ont participé aux examens de juillet 2011 n'ont pas encore été payés », ajoute-t-il.

Notons que le 5 octobre est la journée mondiale des enseignants. L'UNNOH prévoit d'organiser plusieurs activités en cette occasion, mais demeure inquiète sur la situation des enseignants en Haïti et pour la signification de cette date pour l'Etat haïtien, alors que dans les autres pays les enseignants sont honorés en cette date.

John Smith Sanon

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