Blog d'informations politiques, économiques, sociologiques et culturelles offrant une vision alternative du monde et des problèmes internationaux auxquels sont confrontés le monde.
vendredi 30 avril 2010
En Haïti, les orphelins du séisme pris en charge par les gangs
Haïti: Ils ont abandonné les bancs de l'école et appris à manier des pistolets. Hold-up, cambriolages, vente de drogue: les orphelins du séisme tentent comme ils peuvent de gagner de quoi manger. Et à défaut de parents, c'est auprès des gangs du bidonville Cité Soleil que ces petits Haïtiens cherchent protection.
Suivi d'une nuée de gamins et de membres de son groupe, "Toutou Soleil 19" slalome entre les ruines du 12 janvier, les cases de fortune et les cordes à linge qui jalonnent les allées crasseuses du plus grand bidonville d'Haïti.
Ce chef de gang, qui a officiellement déposé les fusils en 2006 mais avoue posséder encore "des armes blanches", traverse un égout et désigne une cabane de tôles sise sur des tas d'immondices, en bord de mer.
"Ici, huit à neuf orphelins dorment depuis le séisme", déclare-t-il à l'AFP, ravi de présenter la misère de son territoire que "personne n'est venu aider".
Devant la porte de l'abri, des enfants sont regroupés autour de la radio que tient Jef, 14 ans. Regard angélique et chemise à carreaux, l'adolescent reçoit de "Toutou" une conserve de lait concentré qu'il déguste avec ses amis.
"Il y en a beaucoup comme eux, ils sont éparpillés dans Cité Soleil", dit le caïd de 31 ans, un chapeau de laine sur le crâne.
En l'absence d'ONG ou d'autorités locales, les gangs constituent la seule autorité dans le quartier d'au moins 300.000 personnes. C'est donc vers eux que se sont tournés les orphelins après la catastrophe.
"Ils viennent nous voir parce qu'ils n'ont personne. On essaie de les aider, mais on n'a rien", raconte Toutou.
Les parents de Jef sont décédés durant le séisme qui a tué entre 250.000 et 300.000 personnes. Sans famille, il commet des "hold-up" et "des cambriolages" de maisons la nuit. "On fait ça avec les autres enfants", raconte le garçon. Depuis le drame, il ne va plus à l'école. "Je voudrais y aller mais je n'ai pas d'économies", dit-il en baissant le regard.
"De toutes façons, toutes les écoles se sont effondrées", note Jimis, 25 ans, rappeur et également membre d'un gang.
Sur les murs de la cabane des orphelins, des affiches d'une marque de rhum et des photos porno côtoient des publicités de fusils automatiques. Sur le sol en gravats, quelques morceaux de carton font offices de lits.
Tout au long du tour de quartier de Toutou, de nombreux d'enfants, impliqués depuis la mort de leurs parents dans différents délits, viennent saluer le jeune "parrain".
"Certains vendent de la drogue. Beaucoup ont des pistolets que les gangs leurs donnent", affirme un travailleur social engagé depuis plusieurs années dans le bidonville.
Les Nations unies enquêtent depuis peu sur le cas de ces orphelins. "A ce niveau, on n'a pas d'information", avoue sous couvert de l'anonymat un employé de l'ONU chargé du dossier.
"Il faut aider les enfants à ne pas devenir comme nous, à ne pas devenir des dangers pour la société", plaide "Ea", qui s'est évadé de la prison de Port-au-Prince lors du séisme, comme quelque 4.500 prisonniers.
Bastion de gangs violents, Cité Soleil était quasiment en état de guerre entre 2004 et 2007. L'intervention des troupes de l'ONU et la mise en place d'un programme de désarmement a calmé le quartier. Mais le feu couve toujours.
A l'hôpital de MSF, une augmentation des blessés par balle a été constatée dernièrement. "Mais pas de quoi parler d'une tendance", souligne Karel Janssens, responsable de l'établissement.
Et les chefs de gangs menacent: "Si l'aide n'arrive pas, on va préparer une révolte", déclare Patrick, chef d'un autre groupe. "On va lutter jusqu'au bout si on ne reçoit pas d'argent, s'il n'y a pas de justice", dit Toutou. "On est en prison ici".
Formation d'iconographe - Gestion d'images photographiques (communication visuelle)
Les prochaines dates de la formation auront lieu les:
Lundi 10 ET Mardi 11 Mai 2010 a la Cite des Métiers au Raizet - Guadeloupe.
Réservation indispensable (limite des places disponibles): Tel: 06 90 30 27 43
Cette formation s’adresse ...aux professionnels de l’image et de la communication (photographes, graphistes, responsable communication), aux étudiants en recherche de formations dans un secteur porteur et épanouissant, ainsi qu’aux adultes desirant changer de carrière. Le métier d’iconographe est encore peu connu bien qu’en constante demande par les organismes publics et prives en charge de fonds et collections photographiques (municipalités, entreprises, groupes hospitaliers, agences de publicité, de mannequins, bureaux d’archives, d’architectes, musées, photothèques, studios de télévision, agences de presse, maisons d’éditions…). Les participants doivent venir avec leur ordinateur portable. Celui-ci devra se connecter en Wifi. Un seul ordinateur est disponible et pourra être réservé sur demande pour les participants ne possédant pas d'ordinateur portable.
Bien a vous
Joelle Ferly
Formatrice
Formation mise en place avec Getty Images Londres, agence No 1 de photographie. Cette formation est enseignée a Photofusion et a la University of the Arts London a Londres, aux Beaux-Arts de Martinique (IRAV Martinique), a l'Universite de Fouillole et a la Cite des Métiers en Guadeloupe.
jeudi 29 avril 2010
Un séminaire-débat sur les '' Violences civiles"
Le Palais de la Médiation organise un séminaire-débat sur les '' Violences civiles '', le Samedi 1er Mai à 16 heures 30, dans le patio du Palais de la Médiation, au rez-de-chaussée, 19, Rue Galliéni à Fort de France.
Une conférence de Madame Juliette SMERALDA suivra la projection du film '' Gouverneur de la Rosée '', qui animera avec les médiateurs animeront un débat,
où chacun pourra formuler avis et propositions sur le thème proposé à la réflexion.
Une collation sera servie en cours de séminaire.
La participation sollicitée est fixée à 15 € par personne.
Merci de bien vouloir confirmer votre inscription au 0596 73 20 73, les délais étant relativement courts et les places limitées (30).
Claude DISPAGNE CHIATELLO
Une conférence de Madame Juliette SMERALDA suivra la projection du film '' Gouverneur de la Rosée '', qui animera avec les médiateurs animeront un débat,
où chacun pourra formuler avis et propositions sur le thème proposé à la réflexion.
Une collation sera servie en cours de séminaire.
La participation sollicitée est fixée à 15 € par personne.
Merci de bien vouloir confirmer votre inscription au 0596 73 20 73, les délais étant relativement courts et les places limitées (30).
Claude DISPAGNE CHIATELLO
Fleurs des champs
Il a fait chaud, très chaud aujourd'hui, on se serait cru en été, un été aux températures caniculaires, pourtant nous ne sommes qu'au milieu du printemps, les cerisiers n'ont pas encore portés, il y a des arbres en fleurs, mais déjà la lumière est belle, le soleil éclaire le ciel.
Evariste Zephyrin
Girafes de Thierry Vaudein
En exposition au restaurant "Délice Créole" à Paris
Pourquoi aime-t-on une oeuvre, plus qu'une autre, ou que l'une suscite l'envie ou le désir de la lire, je ne saurai vous le dire, je ne sais, ni ne connais les processus d'affinité ou d'attraction.
Cette toile quand je l'ai vu m'a renvoyé aux masques africains, les cimiers tiwara bambaras représentant " le fruit de l’union de la vieille mère terre, Mousso Koroni, et d’un serpent. Il est donc en partie homme, en partie antilope, et en partie fourmilier " l'image est assez semblable à ce que peuvent produire les sculpteurs bambaras ou bozos.
Le choix des couleurs, renvoie à une "pictualisation" du début du siècle dernier, celle des années folles (1920-1929), par ailleurs le dessin épuré et allongé, pourrait correspondre aux canons esthétiques de cette période.
Evariste Zephyrin
6 JOURS POUR HAITI
LE TEMPS LANMEKANNFENEG 2010
TOUS LES ANS, du 8 au 23 mai, le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98) organise une série de 6 débats sur les sociétés issues de l’esclavage colonial, afin de comprendre comment elles ont été fabriquées dans l’univers esclavagiste. Le but est d’analyser l’impact de cette fabrication sur l’identité des descendants d’esclaves de la Caraïbe, des USA et de l’Océan Indien. Ces débats se déroulent dans le cadre du temps mémoriel ou temps Lanmèkannfènèg dédié aux victimes de l’esclavage colonial, instauré par le CM98 depuis 10 ans. Ce temps débute par 6 jours de réflexion appelés « chemin de fer » (en souvenir des conditions de vie inhumaines des esclaves) et s’achève par la commémoration du 23 mai au cours de laquelle les originaires des départements français d’outre-mer rendent hommage à leurs aïeux esclave
PENDANT 8 ANS, le chemin de fer n’a concerné que les Guadeloupéens et les Martiniquais. Des sujets aussi divers que la vie quotidienne d’un esclave, sa fabrication, les modalités de sortie de l’esclavage, les dysfonctionnements des familles matrifocales, la honte de la couleur de peau furent abordés. L’année dernière, nous nous sommes intéressés aux Békés, descendants d’esclavagistes martiniquais, et aux Haratines, esclaves et affranchis mauritaniens.
CETTE ANNÉE, bouleversé par la tragédie que vit Haïti à la suite du séisme, le CM98 a décidé de consacrer son chemin de fer à une meilleure connaissance du peuple haïtien. Qui sont ces descendants d’esclaves ? D’où tiennent- ils leur fierté, leur dignité et leur courage ? De leur histoire, de leur grande piété ? Comment expliquer la faillite économique d’Haïti ? Six jours pour Haïti afin de comprendre et soutenir nos amis haïtiens dans l’épreuve qu’ils traversent : tels sont nos objectifs pour ce chemin de fer que nous organisons en partenariat avec la plateforme des associations franco-haïtiennes (PAFHA). À cette occasion, nous solliciterons vos dons pour financer des projets ciblés que vous présentera la PAFHA.
STATION 1 : HISTOIRE DE L’ESCLAVAGE EN HAÏTI ET DE SA RÉVOLUTION ANTI-ESCLAVAGISTE
Intervenant : Dr Antoine Fritz Pierre, vétérinaire et directeur du journal Haïti Tribune
Modérateur : Pr. Serge Romana, président du CM98
Samedi 8 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Max Jacob, 35 rue de Vienne, 93000 Bobigny. Métro Bobigny Pablo Picasso (ligne 5). Puis, tramway en direction de
Noisy-le-Sec. Arrêt Pont de Bondy.
STATION 2 : LES CAUSES DE LA FAILLITE ÉCONOMIQUE EN HAÏTI
Intervenant : Paul Eric Jean, doctorant en économie
Modérateur : Thierry Tabor, économiste
Dimanche 9 mai. De 14h30 à 18h. Foyer Jean Cocteau, salle E, 8 avenue Carnot 94190 Villeneuve-Saint-Georges. RER D, station : Villeneuve-Saint-Georges.
STATION 3 : LA FABRICATION DES DICTATURES EN HAÏTI DE 1804 À NOS JOURS
Intervenant : Eric Sauray, juriste, politologue et écrivain. Docteur en droit public
Modérateur : Frank Salin, journaliste et écrivain
Jeudi 13 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Saint-Denys, 8 rue de la Boulangerie, 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Basilique (ligne 13).
STATION 4 : LA DIASPORA HAÏTIENNE : PARCOURS MIGRATOIRES ET INTÉGRATION EN FRANCE
Intervenant : André Bogentson, doctorant en démographie, Centre de Recherche en Population et Société (CERPOS), Université de Paris X
Modérateur : Romel Louis Jacques, secrétaire général de la PAFHA
Vendredi 14 mai 2010. De 18h à 22h. Salle Saint-Denys, 8 rue de la Boulangerie, 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Basilique (ligne 13).
STATION 5 : VAUDOU ET CHRISTIANISME
Intervenants : Edelyn Dorismond, doctorant en philosophie et Jean Zougbédé, docteur en psychologie clinique spécialisé en psychothérapie interculturelle
Modératrice : Viviane Rolle-Romana, docteur en psychologie clinique spécialisée en psychothérapie interculturelle
Samedi 15 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Jacques Brel, 42 avenue Edouard Vaillant, 93500 Pantin. Métro Aubervilliers-Pantin-Quatre chemins (ligne 7).
STATION 6 : L’IDENTITÉ HAÏTIENNE
Intervenant : Edelyn Dorismond, doctorant en philosophie
Modératrice : Viviane Rolle-Romana, docteur en psychologie clinique spécialisée en psychothérapie interculturelle
Dimanche 16 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Saint-Denys, 8 rue de la Boulangerie, 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Basilique (ligne 13).
TOUS LES ANS, du 8 au 23 mai, le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98) organise une série de 6 débats sur les sociétés issues de l’esclavage colonial, afin de comprendre comment elles ont été fabriquées dans l’univers esclavagiste. Le but est d’analyser l’impact de cette fabrication sur l’identité des descendants d’esclaves de la Caraïbe, des USA et de l’Océan Indien. Ces débats se déroulent dans le cadre du temps mémoriel ou temps Lanmèkannfènèg dédié aux victimes de l’esclavage colonial, instauré par le CM98 depuis 10 ans. Ce temps débute par 6 jours de réflexion appelés « chemin de fer » (en souvenir des conditions de vie inhumaines des esclaves) et s’achève par la commémoration du 23 mai au cours de laquelle les originaires des départements français d’outre-mer rendent hommage à leurs aïeux esclave
PENDANT 8 ANS, le chemin de fer n’a concerné que les Guadeloupéens et les Martiniquais. Des sujets aussi divers que la vie quotidienne d’un esclave, sa fabrication, les modalités de sortie de l’esclavage, les dysfonctionnements des familles matrifocales, la honte de la couleur de peau furent abordés. L’année dernière, nous nous sommes intéressés aux Békés, descendants d’esclavagistes martiniquais, et aux Haratines, esclaves et affranchis mauritaniens.
CETTE ANNÉE, bouleversé par la tragédie que vit Haïti à la suite du séisme, le CM98 a décidé de consacrer son chemin de fer à une meilleure connaissance du peuple haïtien. Qui sont ces descendants d’esclaves ? D’où tiennent- ils leur fierté, leur dignité et leur courage ? De leur histoire, de leur grande piété ? Comment expliquer la faillite économique d’Haïti ? Six jours pour Haïti afin de comprendre et soutenir nos amis haïtiens dans l’épreuve qu’ils traversent : tels sont nos objectifs pour ce chemin de fer que nous organisons en partenariat avec la plateforme des associations franco-haïtiennes (PAFHA). À cette occasion, nous solliciterons vos dons pour financer des projets ciblés que vous présentera la PAFHA.
STATION 1 : HISTOIRE DE L’ESCLAVAGE EN HAÏTI ET DE SA RÉVOLUTION ANTI-ESCLAVAGISTE
Intervenant : Dr Antoine Fritz Pierre, vétérinaire et directeur du journal Haïti Tribune
Modérateur : Pr. Serge Romana, président du CM98
Samedi 8 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Max Jacob, 35 rue de Vienne, 93000 Bobigny. Métro Bobigny Pablo Picasso (ligne 5). Puis, tramway en direction de
Noisy-le-Sec. Arrêt Pont de Bondy.
STATION 2 : LES CAUSES DE LA FAILLITE ÉCONOMIQUE EN HAÏTI
Intervenant : Paul Eric Jean, doctorant en économie
Modérateur : Thierry Tabor, économiste
Dimanche 9 mai. De 14h30 à 18h. Foyer Jean Cocteau, salle E, 8 avenue Carnot 94190 Villeneuve-Saint-Georges. RER D, station : Villeneuve-Saint-Georges.
STATION 3 : LA FABRICATION DES DICTATURES EN HAÏTI DE 1804 À NOS JOURS
Intervenant : Eric Sauray, juriste, politologue et écrivain. Docteur en droit public
Modérateur : Frank Salin, journaliste et écrivain
Jeudi 13 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Saint-Denys, 8 rue de la Boulangerie, 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Basilique (ligne 13).
STATION 4 : LA DIASPORA HAÏTIENNE : PARCOURS MIGRATOIRES ET INTÉGRATION EN FRANCE
Intervenant : André Bogentson, doctorant en démographie, Centre de Recherche en Population et Société (CERPOS), Université de Paris X
Modérateur : Romel Louis Jacques, secrétaire général de la PAFHA
Vendredi 14 mai 2010. De 18h à 22h. Salle Saint-Denys, 8 rue de la Boulangerie, 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Basilique (ligne 13).
STATION 5 : VAUDOU ET CHRISTIANISME
Intervenants : Edelyn Dorismond, doctorant en philosophie et Jean Zougbédé, docteur en psychologie clinique spécialisé en psychothérapie interculturelle
Modératrice : Viviane Rolle-Romana, docteur en psychologie clinique spécialisée en psychothérapie interculturelle
Samedi 15 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Jacques Brel, 42 avenue Edouard Vaillant, 93500 Pantin. Métro Aubervilliers-Pantin-Quatre chemins (ligne 7).
STATION 6 : L’IDENTITÉ HAÏTIENNE
Intervenant : Edelyn Dorismond, doctorant en philosophie
Modératrice : Viviane Rolle-Romana, docteur en psychologie clinique spécialisée en psychothérapie interculturelle
Dimanche 16 mai 2010. De 14h30 à 18h. Salle Saint-Denys, 8 rue de la Boulangerie, 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Basilique (ligne 13).
Saint-Marc : les déplacés du 12 janvier redoutent l’oubli
Port-au-Prince n’est pas la seule ville à faire face à la réalité des camps de déplacés. A Saint-Marc, dans le département de l’Artibonite, la plupart des personnes qui ont fui la capitale, ont été reçues dans des camps de fortune. Aussi ne sont-elles pas épargnées par la dure réalité des sites d’hébergement provisoire.
Contrairement aux Gonaïves où les déplacés ont été accueillis par des familles et des proches, dans la commune de Saint-Marc, ils sont logés dans des camps. Cinq centres d’hébergement ont été érigés pour la plupart au cœur même de la ville.
Les locataires de ces abris provisoires s’inquiètent de la faible présence des autorités de l’Etat et de la rareté de l’aide internationale. Une situation qui semble interpeller les gestionnaires et les déplacés logés au Centre d’hébergement provisoire de l’Hôtel Maguana. Ces locaux comptent 160 déplacés dont 50 mineurs et 12 enfants de moins de 2 ans.
En fait, la prise en charge des victimes et la gestion du Centre sont assurés par un ensemble de sept organisations de la société civile, basées pour la plupart à Frécyneau, quartier où se trouve le Centre. Et cette structure répond plus ou moins aux exigences de la vie quotidienne des déplacés, grâce au support financier de certains partenaires. Le Programme alimentaire mondial (PAM) distribue des rations alimentaires sur une base régulière.
Toutefois, ces derniers jours, les sinistrés ainsi que les gestionnaires constatent un certain ralentissement des efforts des bons samaritains à l’endroit des déplacés. Et Hutchenson Narcisse, membre du comité de gestion de dire que désormais « notre plus grand problème pour le moment est la gestion du quotidien ».
Cette précarité suscite des craintes chez les déplacés. Par exemple, Mme Eunide Belléus, 39 ans, mère de deux enfants, s’inquiète. Elle partage son abri avec sa famille et deux cousines. « Nous avons de sérieux doutes par rapport à ce qu’il va advenir de nous dans les prochains jours. Déjà, les responsables du Centre arrivent à peine à nous nourrir », lance-t-elle. Selon Mme Belléus, il faudrait une intervention d’urgence de l’Etat haïtien.
Cependant, l’état travaille d’arrache pied pour améliorer la qualité de vie des déplacés dont ceux de Saint-Marc, si l’on en croit la directrice départementale de la Protection civile (PC) de l’Artibonite, Gérarda Elizée. Même si « notre priorité est la préparation de la saison cyclonique, nous ne pouvons pas négliger les rescapés dans les centres d’hébergement, notamment à Saint-Marc » soutient-elle.
Soutien aux déplacés
Depuis le 12 janvier, différentes interventions ont été menées en vue de soulager les victimes du séisme réfugiées dans le département de l’Artibonite. Aussi, les autorités départementales, avec l’appui de différents acteurs de la communauté internationale, ont apporté un soutien important aux victimes, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’humanitaire et de la sécurité.
Au lendemain du tremblement de terre, l’accent a été mis sur les soins médicaux. Ainsi, avec le support de médecins venus de l’étranger, les responsables sanitaires du département ont procuré des soins à environ 4.476 personnes, du 12 janvier au 5 février 2010. Quelque 385 victimes ont bénéficié d’une intervention chirurgicale ou orthopédique avancée. Par ailleurs, pas moins de 40 personnes ont été amputées d’un membre, alors que 25 autres ont rendu l’âme dans les hôpitaux et centres de santé du département.
Désormais, «l’accent est mis sur un programme d’appui psychosocial aux victimes », souligne la directrice départementale de la Santé publique de l’Artibonite, Dieula Louissaint. Ce projet doit couvrir les 15 communes du département et s’étendre sur une durée de six mois.
Sur le plan éducatif, environ 32.000 élèves migrants ont été recensés dans le département, selon le responsable de la Direction départementale de l’Education de l’Artibonite, Josué Dolténus. Pour assurer la prise en charge de ces écoliers, la Direction départementale a établi 32 nouvelles salles de classe dans le département. Aux Gonaïves, 19 autres ont été mis sur pied dans les quatre lycées de la ville. « Notre plus grand souci maintenant est le paiement des nouveaux professeurs », s’inquiète, toutefois, M. Dolténus.
D’un autre côté, certains établissements scolaires privés ont reçu volontiers des écoliers. C’est le cas du collège La Ronde qui a accueilli une soixantaine d’écoliers. « Il s’agit d’un élan de solidarité en faveur de ces élèves et leurs parents », explique le directeur de l’institution, Louicius Mercius, avant de préciser : « nous avons encouragé les autres élèves de l’établissement à contribuer pour l’achat de matériels didactiques pour leurs nouveaux camarades ». Une contribution ne dépassant pas 50 % des frais scolaires est réclamée des parents de ces écoliers qui, pour la plupart, fréquentaient déjà La Ronde.
Des actions sont également entreprises dans le domaine des études supérieures. Aussi, les responsables de l’Université publique de l’Artibonite aux Gonaïves envisagent d’accueillir jusqu’à 300 étudiants déplacés. Mais ils déplorent le manque d’espace et de moyens financiers pour concrétiser cet engagement. « Si nous pouvions avoir au moins quelques tentes, cela nous faciliterait beaucoup la tâche », fait remarquer Pierre Poitevive, Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’UPAG.
En ce qui concerne la nourriture, le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué plus de 1.505.926 tonnes métriques de vivres dans les 15 communes du département. Au total, 172.605 personnes en ont bénéficié. Dans les cantines scolaires supportées par le PAM, 110.400 élèves ont reçu de l’assistance. Une quantité de 692.419 tonnes métriques de nourriture ont été distribuées dans le cadre de ce programme.
Par ailleurs, plusieurs autres Organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant dans le département ont apporté leur soutien aux populations en matière d’aide humanitaire. « Cette période de crise nous a offert l’occasion d’affermir nos relations avec les acteurs de la communauté internationale et de mieux structurer les comités de la Protection civile dans les 15 communes du département », déclare Mme Elizée, exprimant sa satisfaction quant au soutien des différents acteurs aux populations de l’Artibonite, après le séisme.
Sur le plan sécuritaire, des efforts ont été consentis pour stabiliser la situation en dépit de quelques cas isolés d’actes de violence enregistrés. Ce qui a permis d’appréhender, dans le departement, 29 évadés de prison.
L’Artibonite a été l’un des départements à recevoir le plus de déplacés après le séisme du 12 janvier. Environ 200.000 personnes y auraient ainsi cherché refuge. Les communes qui ont reçu le plus de rescapés sont Gonaïves et Saint-Marc, avec respectivement 60.686 et 26.708 personnes.
Rédaction : Jean Etiome Dorcent
Edition : Hugo Merveille
mardi 27 avril 2010
CONCERT JOBY BERNABE
vendredi 30 avril 2010
Heure :
20:30 - 22:30
Lieu :
ATRIUM, Martinique
A l'occasion de ses 30 ans de scène, Joby BERNABE vous convie à un concert exceptionnel, qui se tiendra à l'ATRIUM (Martinique), le vendredi 30 avril à 20h30.
C'est le premier concert d'une tournée qui s'étalera sur les Antilles et sur l'Europe, tout au long de l'année 2010.
C'est aussi l'annonce de la sortie du double album collector "Joby 30" qui sera dans les bacs à partir du 8 Mai 2010 sur les Antilles et en Octobre sur l'Hexagone.
Joby espère vous voir nombreux à l'accompagner dans cette célébration, et à être présents pour cette première date symbolique ce 30 avril à l'ATRIUM !
Offrande
Le Vaucin, Martinique, cimetière de la famille
Photographie: Christine Le Moigne-Simonis
À ces matins voués
à l’agonie des calebasses
j’offre mes veines reliées
à d’anciennes reliques
soleil porteur de cabosses
avec pour seuls totems
la marque des pieds nus
sur les tracées de latérite
rebelles à la peau scarifiée
par des pontifes maladroits
dans les chenaux obscurs
des dernières mangroves
où le seul balan alourdi par le sel
se décline en écume
sur l’acier gris des tombes
©José Le Moigne
La Louvière
26 avril 2010
ENFIN – EN VAIN !
Ta lèvre sur mes lèvres.
Et ton odeur.
Ta chaleur.
Fièvre de te sentir.
De l’instant, de l’heure,
Tu te poses t’imposes.
Ravisseuse coudoie
Une dense présence
Alterné de temps
Entrelacs d’émotions
Tu joues – Adieu
Ce soir, cette nuit
Si fraîche, si douce.
Outrepasse la distance.
Je te cherche,
Flairant tes joies,
Reniflant tes émois,
Mangeant tes éclats de voix.
ENFIN – EN VAIN !
Evariste Zephyrin
Allant
Je ne sais plus qu'elles émotions cette photo avait suscité à l'époque, mais quand je la relis, ce que je perçois, un homme restant sur ses pas, dans l'attente et une femme allant de l'avant !
Evariste Zephyrin
Relance du tourisme aux Antilles
photo F. Palli
Avec la promotion d'Air Caraïbe "Du 23 avril au 15 mai 2010, Air Caraïbes met à disposition de ses clients une mesure exceptionnelle. Pendant cette période d’achat dédiée et pour un billet aller-retour acheté, Air Caraïbes offre le deuxième. Cette offre est valable sur l’ensemble du réseau long-courrier de la compagnie (Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Cayenne, Port-au-Prince et Saint-Martin) pour une période de voyage valable pendant l’année 2010." Cette mesure devrait permettre un gain de visiteurs non négligeable.
Car quoi qu'il en dise, le principal facteur freinant l'expansion touristique aux Antilles, outre la non implication des populations dans ce secteur et leur non volonté de faire bon accueil aux touristes, est le facteur de prix.
Imaginez, il y a 15 jours je comparais les tarifs, pour 568 euros je pouvais me rendre au Japon, pour un euro de plus en Martinique, pour moins de 400 euros m'offrir un séjour en Tunisie, Maroc, Egypte, Turquie ou un billet pour New York ou Montréal.
Il y a toute une gamme de destinations bien plus intéressantes que la Martinique ou la Guadeloupe, car comparativement à ces destinations nous n'avons pas un riche patrimoine urbanistique, historique, même nos paysages sont dégradés, les mornes étêtés et bâtis, les mangroves en voie de réduction drastique, le littoral tend à être privatisé, des constructions dans des limites inacceptables en Métropole mais qui ne semblent pas poser problème au service d'urbanisme des mairies, les villes sont pour la plupart sales, tout est cher, la Martinique est une escroquerie permanente, les prix sont fonction de votre tête et de votre standing, si vous êtes du coin ou de passage, ceci est moins vrai en Guadeloupe.
Nos destinations souffrent de nombreux désavantages, dans l'état actuel, la seule chose pouvant lui rendre un peu d'attractivité est une politique de prix bas, tant pour les billets, pour l'hébergement et bien sûr ne pas faire l'économie de communiquer sur ces bas prix.
Evariste Zephyrin
lundi 26 avril 2010
MARDI 27 AVRIL AU ROBERT - Martinique
A 18h au restaurant scolaire de Mansarde une conférence débat retracera l'histoire du 1er Mai dans notre pays et dans le monde. Cette histoire mal, peu ou pas du tout connue est pourtant riche d'information sur le mouvement ouvrier syndical et politique à travers les temps et les continents.
Le sujet sera abordé par Philippe Pierre-Charles qui a travaillé sur la question. L'entrée est libre
Le sujet sera abordé par Philippe Pierre-Charles qui a travaillé sur la question. L'entrée est libre
UNE MISE SOUS TUTELLE OFFICIELLE
Le projet de loi, approuvé par la Chambre basse et voté par le Sénat dans la soirée du 15 avril, prolonge l’état d’urgence sur 18 mois. Après maintes tergiversations et l’opposition de onze sénateurs à ce projet, l’Exécutif a donc gagné un nouveau pari et se retrouve aujourd’hui avec les pleins pouvoirs.
Rappelons que cette loi consacre la création de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), qui sera co-présidée par le premier ministre, Jean Max Bellerive, et l’émissaire spécial de l’ONU en Haïti, l’ex-président Américain William Clinton. Elle a soulevé beaucoup d’oppositions pour deux principales raisons : d’une part, elle prévoit la participation d’étrangers dans ladite Commission; d’autre part, elle prolonge la période d’état d’urgence au-delà du mandat du président René Préval, qui doit laisser le pouvoir le 7 février prochain.
Pour tout observateur de la scène politique, la première raison est nulle et non avenue. En effet, Haïti est un État failli qui s’est toujours caractérisé par sa corruption et d’un grave problème de gouvernance qui a toujours empêché le pays de passer à la modernité. Dans ces conditions, comment les pays donateurs accepteraient-ils qu’une telle Commission ne soit dirigée que par des Haïtiens alors même que ces pays sont eux-mêmes obligés de rendre compte de la dépense de ces milliards promis à la reconstruction d’Haïti à leurs citoyens ?
La seconde raison évoquée est plus préoccupante. En effet, connaissant le Président René Préval, il y a lieu de s’inquiéter car il gouvernera désormais par décret et aura les pleins pouvoirs. On sait ce qui est arrivé en 1997 sous son premier mandat et les conditions dans lesquelles se sont déroulées les dernières élections législatives partielles ne peuvent rassurer personne quant aux velléités de M. Préval d’assurer la continuité de son pouvoir à travers le Parti l’Unité. Toutefois, pour le moment, l’opposition haïtienne ne peut lui faire qu’un procès d’intention vu que M. Préval s’est engagé devant la Communauté internationale à quitter le pouvoir le 7 février 2011.
Une mise sous tutelle de fait
Edgar Leblanc Fils, actuel coordonnateur général de l'Organisation du peuple en lutte (OP) pense qu’il se ‘’ pourrait que le président Préval tente de rester au pouvoir au-delà du 7 février, mais ceci ne serait possible que s'il a l'appui des acteurs puissants de la Communauté internationale (…) Or, « aujourd'hui on constate que le président fait tout pour plaire aux représentants de la communauté internationale. Il leur offre toutes les possibilités et la loi d'urgence est une loi donnant les commandes du pays à la communauté internationale ‘’ . M Leblanc vient donc confirmer la thèse de plus d’un dont celle du journaliste Québécois, Vincent Marissal du quotidien La Presse, qui écrivait encore la semaine dernière: ‘’ On entend beaucoup de mensonges et de demi-vérités à propos d'Haïti dans les cercles de la communauté internationale, mais la plus grande supercherie est de continuer de parler de la souveraineté d'Haïti et de son gouvernement (…) On le savait, on l'a bien constaté dans les jours suivant le tremblement de terre et c'est encore plus vrai aujourd'hui, trois mois plus tard: c'est Washington qui dirige et dirigera Haïti ‘’. Si l’on s’en tient aux propos du sénateur Hector Anacasis à l’AFP, affirmant que ‘’ face au risque de voir le Sénat rejeter le projet de loi, une réunion a été convoquée avant le vote dans une ambassade occidentale "pour pousser les parlementaires à voter la loi (…) Les étrangers ont mis tout leur poids dans la balance pour faire adopter la loi ‘’ , la mise sous tutelle d’Haïti est désormais un fait indéniable.
Bill Clinton aux commandes d’Haïti
La Communauté internationale a toujours joué les faux semblant avec le gouvernement mais cette fois-ci, personne n’est dupe : la reconstruction d’Haïti se fera sous le contrôle de la Communauté internationale, les États-Unis en tête. Selon le Professeur Daniel Holly du Département de Sciences Politiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), ‘’ toutes les structures avaient été mises à cette fin depuis longtemps. Le plan de reconstruction aussi bien que la Commission intérimaire qui sera dirigée par Bill Clinton le confirme. Qui peut faire le poids à côté de Bill Clinton ? ‘’ questionne-t-il. De plus, sur les 16 membres de cette Commission, 12 sont des étrangers.
‘’ D'emblée, la commission intérimaire aurait toute latitude pour financer des acquisitions foncières en Haïti, afin de lancer des opérations d'urbanisme et de logement à Port-au-Prince où plus de quatre cents camps de tentes côtoient des bidonvilles et des immeubles en ruine’’, révèle le quotidien français Le Figaro. ‘’ Il est également prévu de procéder à des privatisations - celle, notamment, du port et de l'aéroport de la capitale. Les compagnies étrangères auraient la possibilité d'investir dans la plupart des secteurs d'activité, dont ceux agricole et touristique, qui paraissent les plus porteurs. Dans le cadre du dialogue entre grandes puissances et le pouvoir haïtien, sur ces aspects les plus économiques, pour ne pas dire les plus rentables, de l'opération, les discussions sont serrées entre les compagnies internationales et les milieux d'affaires ¬haïtiens ‘’, précise le quotidien.
Le vin est donc tiré et les cris des nationalistes pourront difficilement changer le jeu. L’opposition a beau s’agiter : il est trop tard. En effet, elle s’est fourvoyée dans le passé avec Préval, a été incapable de se montrer à la hauteur des attentes du peuple et aujourd’hui, elle n’a plus aucun pouvoir de convocation sur lui. Pire ! Il est de plus en plus commun d’entendre les Haïtiens dans la rue réclamer que les étrangers prennent le pays en main et ce n’est pas les manifestations de quelques dizaines de partisans de l’opposition ces jours-ci qui changeront la donne pour le moment.
Les deux questions essentielles auxquelles il faudra répondre sont les suivantes : la Communauté internationale permettra-t-elle au président de prolonger son mandat face au vide politique ? Les Haïtiens seront-ils capables de s’approprier la reconstruction d’Haïti ?
Nancy Roc, Montréal le 21 avril 2010. >
J'aime
J'aime Jésus pour sa compassion,
j'aime les femmes pour leur affection,
j'aime les fleurs pour leur émotion,
j'aime la foi et l'espérance,
j'aime l'amour et la charité,
car ce sont des vertus théologales,
elles m'ouvrent à la beauté du monde,
à une plénitude de vie...
Evariste Zephyrin
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dimanche 25 avril 2010
Assassinat Nadim Hyppolite : 3 ans après
Pétion Ville, 24 avril - Trois ans après, le mystère plane encore autour de cet assassinat. Nadim Hyppolite venait à peine de laisser son bureau sis à la rue Faubert à Pétion Ville. Elle s’apprêtait à prendre place derrière le volant de son véhicule quand un homme l’approcha. Elle fut atteinte d’une balle à la tête et mourut sur le champ alors que deux enfants en bas âge se trouvaient dans le véhicule.
Selon des témoins, le tireur était à pied et a vraisemblablement attendu Nadim Hyppolite près de son véhicule garé de l’autre côté de la rue.
Les responsables de police d’alors avaient privilégié la thèse de vol ou de tentative de vol suivi d’assassinat. Un individu lui aurait demandé son sac à main, elle a tenté de résister et il lui tira une balle à bout portant. Pour certains il s’agit d’un crime planifié. Si Nadim Hyppolite avait des ennemis, elle les ignorait, ont toujours maintenu ses proches.
Cependant, la police avait annoncé avoir récupéré la douille du projectile tiré le soir même. Par contre le lendemain, une douille de calibre 9mm a été retrouvée sur les lieux du crime. A noter qu’un passant avait été atteint d’un projectile au bras ce soir là indiquant qu’au moins deux projectiles avaient été tirés. Ce qui rend moins plausible la thèse d’un simple vol qui aurait mal tourné.
Deux arrestations avaient été effectuées. Une marchande de fruits qui se trouvait sur le trottoir non loin de la scène et le passant blessé par un projectile. Ils ont été par la suite relâchés. Depuis lors les autorités n’ont jamais soufflé mot sur les progrès de l’enquête. Nadim Hyppolite n’aura pas vu l’inauguration du projet Oasis, un projet immobilier en plein cœur de Pétion Ville. Il s’agissait d’un projet auquel elle tenait beaucoup, l’une de ses dernières œuvres selon ses proches collaborateurs.
Du commissaire Francène Moreau responsable de la police de Pétion Ville lors du crime, au commissaire Jean Gardy Muscadin responsable aujourd’hui, verra t-on un jour l’aboutissement de cette enquête ? la suite de l’enquête on ne la verra peut être jamais.
Appel aux citoyens du monde : La reconstruction d’Haïti prise en otage
Après la loi votée par le Parlement sur l’état d’urgence, et considérant le mépris avec lequel un exécutif sous pilotage automatique traite les opinions haïtiennes, la bataille sera rude entre ceux qui ont (pris) le pouvoir de décider et ceux qui ont toutes les chances de subir des décisions allant dans tous les sens ou ne faisant pas sens. Les « chefs » - les grands, pas les petits – ont beau parler d’une reconstruction dirigée par les Haïtiens, ce n’est pas ce qui se dessine. On a pu constater – le président Préval a lâché le morceau en révélant aux parlementaires, s’il faut les croire, que « l’international » souhaitait que la loi sur l’Etat d’urgence soit votée sans modifications – que « l’international » institutionnel et le président s’entendent sur au moins deux choses. La première : la Constitution, quand elle contrarie nos intentions, on fait contre. La deuxième : on fait ce qu’on veut et rien que ce qu’on veut.
Aujourd’hui, tout haïtien responsable ne peut être que dans l’opposition. Je ne parle pas d’opposition à Préval. On sera dans la nécessité historique de s’opposer à Préval s’il veut prolonger son mandat. Je parle de l’opposition, au sens où des voix portant de véritables projets haïtiens devront se battre pour se faire entendre, se battre pour avoir une influence, se battre pour que, dans ce qu’on considère déjà comme la chronique d’un gâchis annoncé, il sorte des actions positives pour le pays, pour la transformation du pays en une société plus juste, plus riche en biens et en services, mais en justice sociale aussi.
C’est de cette transformation nécessaire en une société plus juste que l’international et l’exécutif semblent se moquer. Les déclarations aussi malheureuses que précipitées de diplomates étrangers, d’ordinaire mieux inspirés, accueillant avec joie cette loi de la honte, contredisent tous les bavardages sur la souveraineté d’Haïti. Même dans l’hypothèse d’un vouloir agir bien intentionné qui craint les lenteurs, comment se réjouir de l’économie du contrôle strict et de la participation des institutions haïtiennes ? L’Etat haïtien, le Parlement haïtien se privent de tout droit de regard sur la gestion du pays, et privent ainsi la société haïtienne de tout contrôle sur sa destinée immédiate. En considérant le budget haïtien, les promesses d’aide, les dettes annulées, sur dix-huit mois c’est une somme avoisinant les 10 milliards de dollars que « l’international » et des politiques haïtiens en fin de mandat, qu’une majorité de citoyens dénonce à la radio et ridiculise dans ses conversations, vont gérer sur des projets dont ils décideront, et qu’ils appliqueront comme bon leur semblera. Le mandat du président Préval arrive à terme dans quelques mois, cette loi place son successeur dans un carcan. Que va-t-il se passer ? (On ne peut s’empêcher de penser à la vieille pratique coloniale des « engagés » ou dix-huit mois)
Ce qui s’annonce ne promet rien d’une reconstruction conduite par les Haïtiens. C’est pourtant de cela pourtant dont le pays a le plus besoin, une reconstruction allant dans le sens de la transformation des rapports sociaux : vers une école pour tous, des services de base pour tous, du travail, une législation qui protège le travail et les travailleurs, une société en rupture avec ses préjugés, ses divisions.
Dans la rue, chez des honnêtes citoyens, chez des intellectuels et des cadres, un sentiment d’abattement. L’impression d’avoir perdu, que se met en place du n’importe quoi, pouvant laisser beaucoup de place aux calculs privés de quelques politiques haïtiens et d’hommes d’affaires amis à eux. L’impression que quelques cadres de l’international, « experts », coopérants et o-n-gistes vont jouer aux apprentis sorciers pour justifier leurs beaux salaires.
L’impression que les institutions internationales et peut-être certains Etats vont utiliser une « stratégie de choc » pour régler l’heure d’Haïti à leur propre montre, sans forcément de mauvaises intentions, mais à leur montre. Tout cela se met sans doute en place, de manière plus ou moins réfléchie, de manière plus ou moins instinctive.
Dans la rue, de la colère qui monte et qu’on aurait tort de sous-évaluer. Pour une reconstruction haïtienne, il faut commencer par dénoncer le caractère impopulaire de cette loi. Etrange façon pour l’Exécutif et « l’international » de commencer la reconstruction « dirigée par les haïtiens » par une loi dont beaucoup d’haïtiens ne veulent pas.
Lyonel TROUILLOT
Fleurissure
Le matin est à peine réveillé, mais la lumière déjà belle et le ciel bleu, on a le sentiment que jour aspire à la sérénité, à la quiétude.
Je m'en vais !
Le long du chemin, j'aperçois les arbres s'enfeuillant et les haies buissonner.
A chaque détour de rue, je me convaincs que Dieu est à l'ouvrage, la vie à la renaissance, la nature en prise avec sa fleurissure vernale.
Le monde renaît !
Evariste Zephyrin
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samedi 24 avril 2010
La vraie question !
Haïti: Je ne sais pas si on atteint le fond de l'abîme, mais le tremblement de terre du 12 janvier 2010, nous a renvoyé en pleine figure la fragilité et le délabrement à la fois physique et mental de notre pays. Certains maintenant ont beau protester contre une mise en tutelle en douce de notre pays, suite au vote de la loi sur l'état d'urgence dans des conditions prouvant encore une fois comment il est facile quelque part de faire soulever la patte à nos dits parlementaires, il est un fait incontestable que le passif accumulé par les gouvernements et l'opposition depuis des décennies ne peut justifier une demande de souveraineté complète dans la gestion des milliards de dollars prévues pour la « reconstruction » . Ces milliards proviendront des taxes payées par des citoyens. Les gouvernements qui gèrent ces milliards devront en rendre compte devant leur peuple. Ces gouvernements et les institutions qui gravitent autour d'eux n'ont pas le même passif d'impuissance et de corruption que les nôtres en Haïti. Aucun des peuples qui ont porté au pouvoir ces gouvernements ne manifeste un tel mépris envers leurs dirigeants que le peuple haïtien envers le sien.
Maintenant que les pouvoirs haïtiens vont être réduits à faire de la représentation obligée, la question qui se pose reste celle-ci. La reconstruction va-t-elle servir au peuple haïtien où à de grandes compagnies étrangères, quelques miettes laissées à des entreprises haïtiennes qui dans le temps s'étaient toujours arrangées avec le pouvoir pour être en situation de quasi-monopole ? Va-t-on enfin s'attaquer aux problèmes du logement, du chômage, de la santé et de l'éducation en Haïti ? Car la vraie question est sur le tapis, qu'on le veuille ou non. Va-ton continuer à ignorer, à exclure cette population jusqu'à ce qu'elle continue à développer des stratégies de survie qui sont malheureusement préjudiciables à notre survie à tous ?
L'autre question aussi importante est celle-ci. Que va-t-on faire pour que dans un laps de temps assez court- dans une histoire de peuple bien entendu- pour que notre matériel humain change complètement ? Pour que dans une élection libre et démocratique des charlatans, des nuls, des repris de justice ne soient plus élus pour venir vicier les institutions nationales. Pour que dans un parlement, des élus puissent effectivement travailler au bonheur présent et futur de la nation sans qu'on puisse constamment les acheter à la majorité du corps pour faire passer des lois préjudiciables à l'intérêt national. Bref, pour que la population dans son ensemble puisse faire des choix acceptables sans que des politiciens véreux viennent acheter leurs voix pour des pécules.
Car, nous ne sommes à aucune année zéro. Nous sommes à un carrefour où tout échec va signifier dans le court terme la disparition pure et simple de notre pays, sa mise en quarantaine dans l'espace continental et caribéen. La République dominicaine a été la première à manifester sa solidarité après les secousses du 12 janvier 2010. Curieusement, elle semble quelque peu mise à l'écart dans toutes ces tractations pour la reconstruction d'Haïti. Pourtant, beaucoup plus que nos grands amis du Nord, c'est elle surtout qui a intérêt à ce que notre pays prenne une autre voie, une voie qui serait dans l'intérêt de la majorité du peuple haïtien. Car si ce plan pour la « reconstruction » échoue, si dans deux ou trois ans, Haïti se somalise, ce seront trois à quatre millions de personnes qui vont se presser à ses frontières ! Un scénario apocalyptique qui doit bien effrayer les dirigeants dominicains et qui doit forcément les mettre du côté du peuple haïtien et pas du côté des dirigeants haïtiens et des affairistes étrangers et haïtiens qui se pourlèchent déjà les babines.
Gary Victor
source
vendredi 23 avril 2010
Les Ateliers de jardinage du Week end
samedi 24 avril 2010
Heure :
08:00 - 15:00
Lieu :
Gros Morne - Route du Vert Pré - Saint Maurice - Martinique
Ce week-end : 2 petits ateliers :
Atelier 1 : "un potager sur mon balcon" de 8h à 10h (28 €)
Atelier 2: atelier d'art floral de 13h à 15h (28 €).
C'est sur la route du Vert Pré et c'est samedi 24 avril.
Renseignements au 0596 60 40 89 ou au 0696 91 34 75.
Deux ateliers "initiation" pour ceux qui ont encore un peu peur de se mettre au jardinage !
AN KOMBIT POU HAYTI - GRAND CONCERT DE SOLIDARITE
dimanche 25 avril 2010
Heure :
19:00 - 22:00
Lieu :
Grand Carbet Aimé CESAIRE - Parc Floral - Fort de France
Concert de Solidarité organisé par l'AKPA avec une pléïade d'artistes :
Syto Cavé, Rudy Filaire, Ymelda, Kombit Racines, pour Haiti et Jocelyne Bérouard, Eric Virgal, Imaniyé Dalila Daniel, Jean-Luc Guannel, Jacquie Defoi, Ana Téko, les Ballets Pomme Cannelle, Papa Slam, etc.
Prix des places : 20 €. Les tickets sont à retirer à Intersport Dillon et Lamentin, Nature Coiffure Terres Sainville et Geannitte Bazar rue François Arago
Journée commémorative de l'abolition de l'esclavage.
lundi 10 mai 2010
Heure :
16:30 - 20:00
Lieu :
Maison de l'Espérance
Adresse :
13 rue Gracieuse
Ville :
Paris, France
plan
A l'occasion de la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage, la librairie 7ici, les éditions Empreinte temps présent, l'association Agir et la maison de l’Espérance ont le plaisir de vous inviter au vernissage de l'exposition « La liberté a un visage ».
Cette grande soirée célèbrera également le lancement du livre de Fabrice Desplan: Entre espérance et désespérance, pour enfin comprendre les Antilles.
Rendez-vous le 10 mai 2010 à 17h, en présence de l'auteur.
L'entrée libre, alors invitez vos amis à cet évènement pour que nous soyons le plus possible, c'est un jour important !
A bientôt.
Sortie pédagogique Yo Té Pou Nou Sé
UNIVERSITÉ POPULAIRE DE YO TÉ POU NOU SÉ
Sortie pédagogique découverte des sites de pétroglyphes (roches gravées) à Trois-Rivières, le dimanche 25 avril 2010.
6h30 précises : R-D-V au parking de UNIK à GRAND-CAMP (ancien MATCH) pour ceux qui prendront le bus collectif.
7h00 : Départ en transport collectif pour TROIS-RIVIERES
8h00 : Départ de la visite pédagogique à Louisville (Trois-Rivières), près du centre d’empotage
8h à 11h30 : Marche découverte des pétroglyphes avec Carloman BASSETTE
12h : retour à Louisville et départ pour la rivière du Carbet à CAPESTERRE
12h30 : Déjeuner et baignade à la rivière du Carbet
Animation KA
17h00:Retour sur P-A-P
(Se munir de chaussures de marche, eau, maillot de bain, k-way, natte, bloc notes et crayon)
PRIX:
Adulte→25 €
Enfant jusqu'à 12 ans →12 €
Ce prix comprend le transport aller et retour, la visite, le déjeuner
Sans bus→23 €
Renseignements : 0690 64 31 81-0690 17 88 84 – 0690 43 50 45
Jouné pou kilti "Kilti a'w avan tout"
Mouvman Kiltirèl Akiyo ka envité zòt adan on jouné kiltirèl an lokal-la Mòn Lwi Chovèl Dimanch 25 Avril 2010.
Ké tini manjé pou préparé, é pou manjé pita, konkou lèkti kréyòl (9è), dikté kréyol (9è), ékriven kréyòl ké vin palé dè liv a yo (2è), nou ké dékouvé jenn slamè, ké ni iinisiasyon a tanbou chan, fim pou gadé (5è) é on paket dòt biten...Nou ka mandé zòt vin avè ji lokal, tidousè (sik-a-koko, douslèt, gato...) on dékwa pou ékri, tenbal é kwi pou manjé é bwè, padavwa nou péké sèvi avè plastik. Bay la vwa souplé .... mèsi onchay !
DÉCLARATION AU JUGE D'INSTRUCTION AVANT QU'IL NE PRONONCE MA MISE EN EXAMEN
Fort-de-France Vendredi 23 avril 2010
Monsieur le juge, Je suis venue vous dire, et je cite Aimé Césaire qui s’exprimait en décembre 1974 dans le Nouvel Observateur :
« Le régime dans lequel nous sommes est la Négation de notre personnalité…. » Il y a ici un conflit Colonial et c'est l'Identité, la Survie de notre Peuple qui est en question.
Monsieur le juge, je suis venue vous dire que nous n’avons pas, France Télévisions et moi le même sens de l’honneur. Et je vous expliquerai pourquoi :
Le 6 mars dernier, Eric Zemmour, journaliste vedette de la télévision française, déclare, dans une émission de France ô, la télé dite des « minorités visibles » :
"discriminer c'est choisir, discriminer c'est, sélectionner, discriminer c'est la liberté. On a le droit de choisir avec qui on veut travailler" !
Nadir Djennad, journaliste à Beur FM, prend l'exemple d'employeurs qui demandent aux agences d'intérim de ne pas leur présenter de noirs et d'arabes. "Mais ils ont le droit !", lui répond Zemmour. Une pratique pourtant illégale, réprimée par le Code du Travail.
France Télévisions n’a pas porté plainte contre Monsieur Zemmour.
Faut-il en conclure que c’est au nom de cette idée de la République française, que la rédaction de RFO Martinique a décidé de ne choisir, aucun martiniquais pour animer une émission sur l’homme Martiniquais le plus connu, le plus respecté, le plus aimé de notre pays Martinique, je parle d’Aimé Césaire, décédé un an plus tôt.
Et c’est à ses funérailles, que l’un de ses plus proches compagnons, le docteur Pierre Aliker a affirmé, en présence des plus hautes autorités de la République française, en présence du chef de l’Etat :
« Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises, sont les Martiniquais ! » Honneur et respect au docteur Pierre Aliker.
Monsieur le juge je suis venue vous dire que je considère que je n’ai diffamé personne, que je revendique ma liberté d’expression, je revendique mes cris d’indignation, mes cris de survie !
Cri d’indignation que j’ai exprimé le 16 février 2006, dans une lettre ouverte à Patrick de Carolis, l’actuel Président de France Télévisions. Lettre co-signée par plusieurs organisations syndicales.
Je dénonçais l’esprit colonial qui sévit « quand la mobilité, cet autre leurre, ne concerne que les déplacements du Nord vers le Sud. »
Je rappelais mes collègues « à cause de la couleur de leur peau et de leur accent n'ont d'autres choix que de travailler au pays.
« Nous savons bien écrivais-je, qu'avec Audrey PULVAR, le quota de couleur sur les chaînes publiques est atteint. »
J’écrivais à Patrick de Carolis :
« Monsieur le Président, au moment où vous vous apprêtez à aller serrer la main d'Aimé Césaire, le nègre fondamental, gardien de notre dignité, de notre résistance, (et pour cela interdit de nos antennes jusqu'à l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand), nous vous souhaitons la bienvenue et vous invitons à regarder notre pays tel qu'il est.
Un pays fort de femmes et d'hommes qui ont bâti une Martinique libérée de l'esclavage depuis seulement 158 ans. Dans un brassage culturel nourri de tolérance, ces femmes et hommes de Martinique ne quémandent pas quelques sous de la France. Debout, la population de Martinique exige le respect. »
Monsieur le juge, Au nom de ce respect, je n’accepterai jamais que les Martiniquais soient exclus de leurs affaires. Et à l’occasion de la mort d’Aimé Césaire, que le choix ait été fait ne pas choisir un seul journaliste martiniquais pour animer une émission sur aimé Césaire, c’est fouler au pied notre dignité de Martiniquais. C’est utiliser ce mépris ancestral que nourrit le système colonial.
Monsieur le juge je suis venue vous dire que je n’accepterai, jamais, que des Lataste ou d’autres viennent me soupçonner de racisme quand je suis née du crime le plus odieux de l’histoire, de l’esclavage, de la déportation.
Je dis aux donneurs de leçons comme Monsieur Réné Lataste que jamais je ne pourrai tolérer que leur indignation sélective ne se réveille que sous les cocotiers, où le préjugé colonial, comme un nuage toxique, comme un mirage, laisse croire encore que nous serions encore des sous hommes avec comme seul droit, celui de baisser la tête en silence.
Monsieur le juge, je veux dire que j’enlève aucun mot, aucune virgule à la lettre ouverte que j’ai adressé à René Lataste. j’ai conclu ma lettre ouverte à Monsieur René Lataste en ces termes :
« Sachez que je suis bien décidée à vous dire et à tous ceux qui veulent faire taire ce peuple : ......qui ne dit mot, consent à disparaître.
Cessez de croire que ce peuple est couché, vous trouverez encore quelques larbins, profitez-en, mais le mouvement du 5 février 2009 démontré qu’ils sont moins nombreux qu’on veut le croire.
« Par ailleurs, jugeant l’action colonisatrice, j’ai ajouté que l’Europe a fait fort bon ménage avec tous les féodaux indigènes qui acceptaient de servir ; ourdi avec eux une vicieuse complicité ; rendu leur tyrannie plus effective et plus efficace » Extrait du « Discours sur le colonialisme » d’Aimé Césaire.
Avec toutes celles et ceux qui naissent ou choisissent de vivre dans ce pays, avec nous, en nous respectant, je chante :
Martinique sé ta nou !
Lisa DAVID
jeudi 22 avril 2010
NOUS
Une parole catharsique pour réveiller les souvenirs traumatiques enfouis, à l'origine de troubles, générant ainsi une décharge émotionnelle à valeur libératrice. Une parole salvatrice, qui dans sa dimension conflictuelle crée l’altérité, le Nous et le Eux. Qu’émergerait de cette prise de parole, des toussotements velléitaires passéistes ayant pourvu le vent ou une détermination d’action finalisant une fin d’histoire ou concrétisant cette volonté de faire un Nous sans ou contre Eux, mais dans le Nous, il y a des hommes qui n’ont plus leur place, ces chiens de cour dont nous ne savons quel maître servent-ils ou de quelle habitation se font-ils le commandeur.
Nombreux sont-ils, nombreux sont ces petites gens qui se croient et se voient grand, mais qui dans la réalité ne sont pas plus que ce qu’ils sont, des petites gens, qu’il convient de renvoyer à leur petitesse et à leur bassesse avec tout le mépris qui se doit.
Ces hommes n’ayant jamais eu le souci de Nous, fruit d’une génération d’aliénés, se plaisant à jouer à des ersatz d’Eux, c’est de ces petites gens dont nous devons nous défaire pour avancer dans la construction d’un pays dirigé par des hommes et des femmes ayant l’intérêt des leurs avant leurs propres soucis.
Pour que le Nous existe dans sa résolution et dans son intention, le chemin passe par la néantisation d’Eux, le bourgeonnement émancipateur roussira à leur jonction, aucune liaison possible, car Eux féaux à leur histoire et le Nous amé de la tragédie.
Le Nous et le Eux en mésintelligence multiséculaire, irréconciliable. Et tant que le Eux briguera, seul les rais de lumière du soleil, le Nous en perpétuelle revendication n’aspirera qu’aux rais de lune, d’où pour l’existence du Nous, l’étouffement chancreux du Eux passe par une parole irréfragable : Cela suffit, le siècle est dépassé...
Tony Mardaye
Libellés :
Tony Mardaye
UNIVERSITE DES ANTILLES ET LE LA GUYANE.
Faculté de Droit et d’Economie de la Martinique.
Centre d’Etudes et de recherches Juridiques en Droit des Affaires (CERJDA)
En partenariat avec l’Ecole des Avocats de la Martinique
La Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique
www.meetaw.com vous signale un colloque organisé par l'Université des Antilles et de la Guyane portant sur la fixation des prix et la liberté des entreprises en ce domaine.
C'est pendant 38 jours que l'île a été bloquée à cause de revendications qui portaient sur la vie chère, donc les prix...
Il est intéressant pour tous, syndicalistes, travailleurs, juristes, monde de l'économie et associations de consommateurs de préciser leurs connaissances en ce domaine. Ce colloque est ouvert à tout public intéressé.
Colloque sur :
« LA FIXATION DE SES PRIX : QUELLE LIBERTE POUR L’ENTREPRISE ? »
Vendredi 30 Avril 2010
FACULTE DE DROIT ET D’ECONOMIE DE LA MARTINIQUE
Amphi Frantz FANON.
Centre d’Etudes et de recherches Juridiques en Droit des Affaires (CERJDA)
En partenariat avec l’Ecole des Avocats de la Martinique
La Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique
www.meetaw.com vous signale un colloque organisé par l'Université des Antilles et de la Guyane portant sur la fixation des prix et la liberté des entreprises en ce domaine.
C'est pendant 38 jours que l'île a été bloquée à cause de revendications qui portaient sur la vie chère, donc les prix...
Il est intéressant pour tous, syndicalistes, travailleurs, juristes, monde de l'économie et associations de consommateurs de préciser leurs connaissances en ce domaine. Ce colloque est ouvert à tout public intéressé.
Colloque sur :
« LA FIXATION DE SES PRIX : QUELLE LIBERTE POUR L’ENTREPRISE ? »
Vendredi 30 Avril 2010
FACULTE DE DROIT ET D’ECONOMIE DE LA MARTINIQUE
Amphi Frantz FANON.
mercredi 21 avril 2010
HAÏTI : Aide médicale exceptionnelle de Cuba et du Brésil
René Préval, président de Haïti, vient de signer un accord tripartite Cuba-Brésil-Haïti en matière de santé. A cette occasion, il a tenu à déclarer :
En 1998, la République de Cuba a initié un programme de collaboration en matière médicale avec Haïti.
Cette collaboration avait deux volets : d’une part, c’était d’envoyer des médecins cubains en Haïti dans tous les départements pour offrir des services à la population et, d’autre part, de former des médecins haïtiens en république cubaine pour remplacer au fur et à mesure les spécialistes cubains qui étaient ici.
Les services rendus par les spécialistes cubains en Haïti ont été grandement appréciés par la population.
Ce sont des médecins qui étaient dans tous les villages dans les conditions les plus difficiles pour apporter leur soutien aux Haïtiens et cette collaboration a toujours pris soin de ne pas entrer en compétition avec les médecins haïtiens qui pratiquent la médecine privée.
Les médecins cubains ont toujours eu le souci d’aller dans les coins les plus reculés où il n’y avait pas de médecin et j’ai entendu dans un village des populations qui appréciaient tellement ces services qu’un jour, il y a un villageois qui a dit "Après Dieu, les médecins cubains..."
Aujourd’hui, c’est avec plaisir que nous accueillons la présence du Brésil à côté de Cuba, pour une collaboration complémentaire.
Cuba est un pays qui est sous embargo depuis 50 ans et qui va profiter des ressources et de l’expertise également du Brésil pour être mieux efficace.
En plus des médecins cubains qui sont venus aujourd’hui, le fruit de cette collaboration avec Cuba a fait qu’il y a déjà 5.756 médecins haïtiens formés à Cuba et plusieurs d’entre eux sont ici actuellement à l’occasion du tremblement de terre pour aider.
Le Brésil a apporté également sa collaboration lors du tremblement de terre mais, pour que Haïti puisse sortir de l’assistance permanente d’autres pays, le Brésil s’est mis au service d’Haïti pour former mieux et plus de médecins et également pour améliorer les infrastructures de santé en Haïti.
C’est pour nous l’occasion de remercier, au nom du peuple haïtien, le Brésil et de remercier également Cuba pour s’être mis ensemble avec le système de santé d’Haïti pour délivrer de meilleurs soins médicaux à la population haïtienne. Merci".
JPD
17-04-10
source
Guadeloupe : déclaration du LKP relative à la problématique des carburants
La sollicitation de l’ANACT par le Ministère des DOM relève de la démagogie.
Depuis des mois, les Guadeloupéens, rassemblés autour du LKP, n’ont cessé de dénoncer la pwofitasyon en cours dans notre pays et singulièrement autour de la question des prix des carburants.
Pendant longtemps, les compagnies pétrolières, la Raffinerie des Antilles, l’Etat, ont laissé entendre que l’approvisionnement de la Guadeloupe en carburants provenait d’Europe (Brent) ; documents douaniers à l’appui, il n’en est rien.
Le carburant consommé en Guadeloupe provient principalement du Venezuela, de Trinidad et Tobago, et des Iles Vierges Américaines.
Mettre en avant la problématique de la production des carburants, aux normes européennes, relève donc d’une méconnaissance de ce dossier.
Différents rapports et non des moindres (Autorité de la Concurrence, Rapport OLLIER, CESR…) mettent en exergue l’opacité qui existe tant en matière de fixation des prix et d’approvisionnement du marché Guadeloupéen que dans le contrôle quasi-total d’une compagnie pétrolière sur notre approvisionnement, avec un droit de vie et de mort sur les gérants et employés des stations services de Guadeloupe. Et pourtant, rien n’a été fait, les pwofitan sévissent toujours malgré leurs soi-disant états généraux et comité interministériel pour l’outre-mer. Une vaste blague. Il y a là, une volonté manifeste de l’Etat français, principal pwofitan, de revenir sur ses engagements.
Aussi, est-il curieux, malgré les rapports d’experts officiels et de parlementaires, malgré le protocole du 04 mars, que l’on veuille nous faire revenir au point de départ. C’est là l’objectif poursuivi par Mme PENCHARD, bras armé de la pwofitasyon aux ordres des compagnies pétrolières.
Force est de constater qu’à ce jour, l’Etat, principal appui des compagnies pétrolières, ne respecte pas les termes de l’accord du 4 mars. Rien n’a changé. Le Préfet fixe les prix décidés par les compagnies pétrolières et les Guadeloupéens paient.
Et que dire des autorisations données par l’Etat français aux compagnies pétrolières pour stocker des carburants dans les îles anglophones de la Caraïbe, au mépris de dispositions commerciales et douanières ?
Et que dire de l’accord donné par le Ministère du Budget à la Raffinerie des Antilles lui garantissant une marge bénéficiaire annuelle alors que c’est une entreprise privée ?
Et que dire de l’exportation de carburants de la Guadeloupe vers l’Europe ?
Et que dire du fait qu’aucune sanction n’ait été prise à l’encontre des pwofitan par l’Autorité de la Concurrence ?
Et que dire de la compagnie pétrolière française qui a investi pour plus de 20 milliards d’euros dans des installations pétrolières au Venezuela ?
Et que dire de la nouvelle raffinerie flambant neuve sur le point de voir le jour en Guyane Hollandaise ?
Et que dire de la Raffinerie des Antilles qui nous vend depuis tantôt les 70% de notre consommation achetée en produits finis aux prix le plus bas, dans la Caraïbe même, aux coûts de production de la Raffinerie ?
Vous l’aurez compris, mais visiblement vous ne le savez pas, il s’agit d’un système mafieux savamment organisé par les compagnies pétrolières avec la complicité de l’Etat, et cela au détriment des Guadeloupéens.
Le LKP continue la lutte et réaffirme ses exigences, notamment :
• le reversement de toutes les sommes abusivement perçues par la Raffinerie des Antilles et les Collectivités dans un fonds destiné à la Formation et à l’Emploi des Jeunes et à l’organisation d’un véritable service public des transports de passagers ;
• la création d’un véritable service public d’approvisionnement et de distribution des carburants, garantissant la transparence dans la formation des prix et le circuit d’approvisionnement, la qualité et l’accès à un carburant au meilleur coût ;
• l’annulation des augmentations des prix du carburant du 16 septembre 2009 et 1er janvier 2010, prises en totale illégalité par le Préfet ; un référé en annulation a été déposé depuis 4 mois maintenant devant le Tribunal Administratif de Basse-Terre ; aucune réponse du tribunal à ce jour ;
• la restitution des 3 millions d’euros versés en compensation à la Raffinerie des Antilles par la Région et le Département Guadeloupe, en décembre 2008 ;
• la restitution des 94 millions versés par le Ministère des DOM à la Raffinerie des Antilles, sous prétexte d’un manque à gagner ;
• la collecte des taxes sur le volume réel de carburants livrés aux distributeurs (prise en compte de l’effet température dans la structure des prix du carburant).
Vous l’aurez compris, nous avons bien compris que les problématiques du prix des carburants relèvent d’une escroquerie dont les acteurs bénéficient du soutien de l’Etat en personne, et nous LKP ne saurons servir de caution ou d’alibi pour quelque décision que ce soit, à qui que ce soit.
Que chacun assume ses responsabilités, nous LKP nous assumons et assumerons les nôtres.
A bas la pwofitasyon.
Le Porte Parole du LKP
Elie DOMOTA
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mardi 20 avril 2010
LES VIOLS DANS LES CAMPS : LEVER LE VOILE DU TABOU ! Par Nancy Roc ds Le Matin
Les viols dans les camps : lever le voile du tabou !
Déjà traumatisées par le séisme qui a dévasté Port-au-Prince le 12 janvier, des femmes, des adolescentes et même des fillettes sont victimes de viols dans les camps de sinistrés, en particulier à Port-au-Prince. Faute de sécurité et de forces de l'ordre, les violences faites aux femmes et notamment les agressions sexuelles se multiplient dans les camps. Les organisations humanitaires ont commencé à tirer la sonnette d'alarme le mois dernier ; mais ce sujet demeure encore tabou dans la presse haïtienne. Pourtant, il est clair que la catastrophe du 12 janvier a rendu les Haïtiennes encore plus vulnérables au fléau que constitue le viol.
Sans éclairage ni sécurité, les camps deviennent particulièrement dangereux à la tombée de la nuit. La journaliste Michelle Faul de l’Associated Press, rapporte, dans un article intitulé « Les femmes victimes de viols après le séisme » , qu’une « jeune mère de 21 ans a été violée par trois hommes après être sortie de son abri le soir du 27 février pour se rendre aux latrines. Elle explique également que sa famille n'a pas reçu d'aide alimentaire car les hommes haïtiens remettant les coupons pour la distribution de vivres réclament des faveurs sexuelles.
Le chantage «sexe contre nourriture» n'est pas rare dans les camps, note un rapport publié le mardi 16 mars par l'Institut interuniversitaire pour la recherche et le développement en Haïti. « En particulier, les jeunes filles doivent négocier sexuellement pour obtenir un abri (...) et avoir accès à l'aide alimentaire.»
Fritznel Pierre, un défenseur des droits de l'homme a recensé plusieurs autres cas et les a rapportés à la journaliste Michelle Faul. Ainsi, il a évoqué le cas d'une adolescente de 17 ans violée par six hommes. « Elle dit qu'elle voit ses assaillants, mais a peur de les dénoncer parce qu'elle devrait alors quitter le camp et n'a nulle part où aller », explique-t-il. À Pétion-ville, une victime de viol de sept ans a été soignée après avoir été violée dans un campement installé sur le parcours de golf près de l’Ambassade américaine. Une enfant âgée de seulement deux ans avait été violée dans le même camp deux semaines plus tôt.
Outre le danger des infections sexuellement transmissibles classiques et d’une grossesse non désirée, les victimes sont également exposées au risque de contracter le virus du SIDA. Haïti a le taux d'infection au VIH le plus élevé du continent américain avec une personne sur 50 contaminée.
Pour des camps sécurisés et à dimension humaine
Cette semaine, nous avons rencontré la militante féministe et Directrice de l’organisation canadienne Droits et Démocratie en Haïti, Mme Danièle Magloire, qui a corroboré ce phénomène grandissant. Face à ce dernier et avec l’appui du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), Droits et Démocratie a mis sur pied des cellules d’accompagnement psychologique qui ont pour mandat, d’une part, de sensibiliser et d’informer sur la violence de genre et les recours aux viols, notamment les soins applicables à la victime dans les 72h suivant un viol ; d’autre part, de repérer les cas et les référer aux autorités. Des accompagnateurs et accompagnatrices ont reçu une formation en ce sens de janvier à février.
Toutefois, comment comprendre que dans la promiscuité des camps, des femmes, adolescentes et des fillettes puissent se faire violer sous les yeux des membres de leurs familles ou de leurs voisins sans que personne n’essaye d’arrêter les agresseurs ? « Il y un seuil de tolérance qui est assez élevé par rapport au viol », regrette Danièle Magloire qui souligne que la plupart des fillettes qui ont été agressées sexuellement l’ont été lorsqu’elles se rendaient, à la tombée de la nuit, dans les points d’eau ou aux latrines. Pour Mme Magloire, « les organismes humanitaires n’ont pas été très sensibles aux normes qui sont pourtant édictées par les organisations internationales telles que les Nations Unies. Normalement, dans les camps, les toilettes devraient être séparées selon le sexe ; en Haïti, c’est très loin d’être le cas ». Quant aux agresseurs, « beaucoup mais pas tous » précise-t-elle, « sont des membres de gangs ou y sont affiliés ». Selon la Directrice de Droits et Démocratie en Haïti, les victimes gardent souvent le silence car, n’ayant pas de protection de la police ou d’aucune autre force de sécurité, elles ont peur des représailles. « À Port-au-Prince, il n’existe que quatre commissariats dédiés à la prise en charge de ce type d’agression », révèle-t-elle. Danièle Magloire se dit très concernée par l’absence de mesure prises pour prévenir les viols dans les camps : « Il faut aussi comprendre que les gens ne se trouvent pas dans les camps toute la journée ; certains ne s’y rendent que pour dormir mais n’y vivent pas. D’autres y vivent mais doivent se déplacer pour aller chercher les moyens de survivre. C’est à ce moment là que des jeunes filles et même des enfants se retrouvent seuls dans les camps et deviennent vulnérables à de telles agressions ». Face à cette configuration, Mme Magloire plaide pour des camps à dimension humaine : « lorsque les camps sont trop grands, nous n’avons pas la capacité en Haïti de les gérer correctement et en respectant les droits des personnes. » Elle dénonce aussi l’absence de patrouilles permanentes dans les camps en rappelant que la plupart des familles haïtiennes sont souvent monoparentales. « Ainsi, lorsque la mère sort pour gagner sa vie et celle de ses enfants, ces derniers deviennent totalement vulnérables ».
Le chef de la police, Mario Andresol, a imputé ces viols aux quelques 7000 détenus qui se sont évadés lors du séisme. « Nous sommes conscients du problème (...) mais ce n'est pas une priorité », a déclaré en février la ministre de l'Information Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, rapporte Michelle Faul.
À son arrivée en Haïti, le Chef de la MINUSTAH, M. Edmond Mulet avait promis des camps «sûrs». On les attend encore.
Nancy Roc, Montréal, le 14 avril 2010.
Déjà traumatisées par le séisme qui a dévasté Port-au-Prince le 12 janvier, des femmes, des adolescentes et même des fillettes sont victimes de viols dans les camps de sinistrés, en particulier à Port-au-Prince. Faute de sécurité et de forces de l'ordre, les violences faites aux femmes et notamment les agressions sexuelles se multiplient dans les camps. Les organisations humanitaires ont commencé à tirer la sonnette d'alarme le mois dernier ; mais ce sujet demeure encore tabou dans la presse haïtienne. Pourtant, il est clair que la catastrophe du 12 janvier a rendu les Haïtiennes encore plus vulnérables au fléau que constitue le viol.
Sans éclairage ni sécurité, les camps deviennent particulièrement dangereux à la tombée de la nuit. La journaliste Michelle Faul de l’Associated Press, rapporte, dans un article intitulé « Les femmes victimes de viols après le séisme » , qu’une « jeune mère de 21 ans a été violée par trois hommes après être sortie de son abri le soir du 27 février pour se rendre aux latrines. Elle explique également que sa famille n'a pas reçu d'aide alimentaire car les hommes haïtiens remettant les coupons pour la distribution de vivres réclament des faveurs sexuelles.
Le chantage «sexe contre nourriture» n'est pas rare dans les camps, note un rapport publié le mardi 16 mars par l'Institut interuniversitaire pour la recherche et le développement en Haïti. « En particulier, les jeunes filles doivent négocier sexuellement pour obtenir un abri (...) et avoir accès à l'aide alimentaire.»
Fritznel Pierre, un défenseur des droits de l'homme a recensé plusieurs autres cas et les a rapportés à la journaliste Michelle Faul. Ainsi, il a évoqué le cas d'une adolescente de 17 ans violée par six hommes. « Elle dit qu'elle voit ses assaillants, mais a peur de les dénoncer parce qu'elle devrait alors quitter le camp et n'a nulle part où aller », explique-t-il. À Pétion-ville, une victime de viol de sept ans a été soignée après avoir été violée dans un campement installé sur le parcours de golf près de l’Ambassade américaine. Une enfant âgée de seulement deux ans avait été violée dans le même camp deux semaines plus tôt.
Outre le danger des infections sexuellement transmissibles classiques et d’une grossesse non désirée, les victimes sont également exposées au risque de contracter le virus du SIDA. Haïti a le taux d'infection au VIH le plus élevé du continent américain avec une personne sur 50 contaminée.
Pour des camps sécurisés et à dimension humaine
Cette semaine, nous avons rencontré la militante féministe et Directrice de l’organisation canadienne Droits et Démocratie en Haïti, Mme Danièle Magloire, qui a corroboré ce phénomène grandissant. Face à ce dernier et avec l’appui du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), Droits et Démocratie a mis sur pied des cellules d’accompagnement psychologique qui ont pour mandat, d’une part, de sensibiliser et d’informer sur la violence de genre et les recours aux viols, notamment les soins applicables à la victime dans les 72h suivant un viol ; d’autre part, de repérer les cas et les référer aux autorités. Des accompagnateurs et accompagnatrices ont reçu une formation en ce sens de janvier à février.
Toutefois, comment comprendre que dans la promiscuité des camps, des femmes, adolescentes et des fillettes puissent se faire violer sous les yeux des membres de leurs familles ou de leurs voisins sans que personne n’essaye d’arrêter les agresseurs ? « Il y un seuil de tolérance qui est assez élevé par rapport au viol », regrette Danièle Magloire qui souligne que la plupart des fillettes qui ont été agressées sexuellement l’ont été lorsqu’elles se rendaient, à la tombée de la nuit, dans les points d’eau ou aux latrines. Pour Mme Magloire, « les organismes humanitaires n’ont pas été très sensibles aux normes qui sont pourtant édictées par les organisations internationales telles que les Nations Unies. Normalement, dans les camps, les toilettes devraient être séparées selon le sexe ; en Haïti, c’est très loin d’être le cas ». Quant aux agresseurs, « beaucoup mais pas tous » précise-t-elle, « sont des membres de gangs ou y sont affiliés ». Selon la Directrice de Droits et Démocratie en Haïti, les victimes gardent souvent le silence car, n’ayant pas de protection de la police ou d’aucune autre force de sécurité, elles ont peur des représailles. « À Port-au-Prince, il n’existe que quatre commissariats dédiés à la prise en charge de ce type d’agression », révèle-t-elle. Danièle Magloire se dit très concernée par l’absence de mesure prises pour prévenir les viols dans les camps : « Il faut aussi comprendre que les gens ne se trouvent pas dans les camps toute la journée ; certains ne s’y rendent que pour dormir mais n’y vivent pas. D’autres y vivent mais doivent se déplacer pour aller chercher les moyens de survivre. C’est à ce moment là que des jeunes filles et même des enfants se retrouvent seuls dans les camps et deviennent vulnérables à de telles agressions ». Face à cette configuration, Mme Magloire plaide pour des camps à dimension humaine : « lorsque les camps sont trop grands, nous n’avons pas la capacité en Haïti de les gérer correctement et en respectant les droits des personnes. » Elle dénonce aussi l’absence de patrouilles permanentes dans les camps en rappelant que la plupart des familles haïtiennes sont souvent monoparentales. « Ainsi, lorsque la mère sort pour gagner sa vie et celle de ses enfants, ces derniers deviennent totalement vulnérables ».
Le chef de la police, Mario Andresol, a imputé ces viols aux quelques 7000 détenus qui se sont évadés lors du séisme. « Nous sommes conscients du problème (...) mais ce n'est pas une priorité », a déclaré en février la ministre de l'Information Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, rapporte Michelle Faul.
À son arrivée en Haïti, le Chef de la MINUSTAH, M. Edmond Mulet avait promis des camps «sûrs». On les attend encore.
Nancy Roc, Montréal, le 14 avril 2010.
La gouverneure générale livre un vibrant plaidoyer pour les femmes africaines
OTTAWA, ONTARIO--(Marketwire - 20 avril 2010) -
Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean, gouverneure générale du Canada, a livré un vibrant plaidoyer hier sur l'important rôle que doivent jouer les femmes africaines pour l'avenir de l'Afrique devant l'Assemblée nationale et le Sénat de la République démocratique du Congo (RDC).
« Il n'y a pas de démocratisation ni d'avancement possible sans la reconnaissance du rôle des femmes dans le développement des sociétés et sans l'assurance que leur intégrité physique et psychologique est protégée », a déclaré Michaëlle Jean.
« Tous les combats que nous menons pour le respect des droits des femmes sont, à mon sens, purement et simplement, une affirmation de la dignité humaine. C'est donc en misant ensemble sur les forces collectives des femmes, et des hommes qui croient en leur égalité, que nous triompherons des forces de la destruction. »
En après-midi, toujours hier, Son Excellence a visité la clinique Ngaliema. Ce centre de santé reçoit l'appui de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) pour la formation des infirmières accoucheuses et la professionnalisation de leur pratique.
La gouverneure générale termine sa visite en RDC aujourd'hui en se rendant à Goma, dans le nord-est du Congo, pour rencontrer des survivantes de violences sexuelles et des intervenantes et intervenants qui leur viennent en aide. Cette visite permettra à la gouverneure générale de saluer les Canadiennes et les Canadiens qui œuvrent au sein des ONG présentes dans cette zone, ainsi que les membres des Forces canadiennes engagés dans la MONUC, la force de maintien de la paix des Nations-Unies en RDC.
Les membres du public sont invités à suivre le déroulement de la visite d'État en RDC. Les discours que prononcera la gouverneure générale et des photos seront affichés sur www.gg.ca. Les blogues de Son Excellence et des délégués qui l'accompagnent seront mis en ligne sur www.ecoutedescitoyens.gg.ca.
Discours de la gouverneure générale devant l'Assemblée nationale et le Sénat de la RDC :
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
Je suis ravie de cette occasion qui m'est donnée de prendre la parole devant cette auguste assemblée et de partager avec vous quelques réflexions qui m'apparaissent vitales pour l'avenir de cette nouvelle Afrique où la démocratie cherche à s'enraciner.
C'est la troisième fois que je viens en Afrique, et je constate qu'un vent de changement souffle sur le continent de mes ancêtres.
En 2006, lors de mes premières visites d'État à titre de gouverneur général du Canada, qui m'ont conduite en Algérie, au Mali, au Ghana, en Afrique du Sud et au Maroc, j'ai voulu identifier les forces qui représentaient l'Afrique de tous les espoirs.
Au cœur même de ces espoirs, il y a la femme africaine.
L'an dernier, au Liberia, à l'invitation de la première femme du continent africain à être élue à la tête d'un État, Son Excellence Ellen Johnson-Sirleaf, j'ai participé au Colloque international sur le renforcement des capacités des femmes, le développement du leadership et de la sécurité.
Partout, sur mon passage, du nord au sud, et de l'ouest au cœur, j'ai vu de mes yeux vu les Africaines porter le continent sur leurs épaules, et je suis convaincue que c'est par elles que passera la renaissance de l'Afrique.
Donnez des moyens aux femmes de vivre en sécurité et dans la dignité.
Donnez des moyens aux femmes d'agir.
Et, comme j'aime à le répéter, vous verrez reculer la violence, la corruption, la pauvreté, la maladie, l'injustice, l'analphabétisme.
C'est en donnant des moyens aux femmes que l'on donne aux familles, aux communautés, aux pays auxquels elles appartiennent des chances d'une vie meilleure et plus juste.
Faut-il rappeler que dans la région des Grands Lacs, la voix des femmes a transcendé les frontières, les divisions, la cupidité, pour rétablir le dialogue et contrer la haine.
Il m'importe de leur rendre hommage aujourd'hui devant vous.
Je le fais avec d'autant plus de bonheur et d'insistance que la femme qui se tient devant vous a consacré plusieurs années de sa vie à combattre l'exclusion et la violence faite aux femmes et aux filles car, pour être éminemment condamnable, ce fléau sociétal n'est pas exclusif à une seule région du monde.
Je suis aussi une femme noire des Amériques, née dans l'un de ses pays les plus pauvres, Haïti, et dont les racines plongent dans ce continent africain d'où mes ancêtres ont été arrachés pour être réduits à l'esclavage.
Je suis aussi la mère d'une petite fille de dix ans.
Et je suis gouverneure générale d'un pays de tous les possibles, le Canada, qui veut croire en vos espoirs de stabilité, de paix, de justice et de prospérité.
C'est donc à tous ces titres que je m'adresse à vous aujourd'hui, distingués membres de l'Assemblée nationale et du Sénat de la République démocratique du Congo.
Sachez que l'une des valeurs chères aux Canadiennes et aux Canadiens est l'égalité de la femme et de l'homme, et nous nous réjouissons que la liberté de la femme, son droit à l'éducation et sa participation au pouvoir politique soient reconnus formellement dans la Constitution de votre pays.
Nous applaudissons également aux efforts déployés pour promouvoir les droits de la femme congolaise dans vos programmes et plans nationaux.
Comme vous, nous estimons qu'il n'y a pas de démocratisation ni d'avancement possible sans la reconnaissance du rôle des femmes dans le développement des sociétés et sans l'assurance que leur intégrité physique et psychologique est protégée.
Or, vous le savez mieux que nous, il se vit dans plusieurs régions du pays une crise dont le degré d'horreur est inouï.
Une crise qui piège les femmes et les enfants, et qui suscite partout de vives inquiétudes.
Malgré une volonté ferme d'en finir avec les années de conflits, qui ont laissé des séquelles profondes dans la population, les massacres et les crimes se poursuivent en certains points chauds du territoire congolais.
Cette recrudescence de la violence constitue un terreau fertile pour la violation des droits humains les plus fondamentaux, notamment ceux des plus vulnérables, c'est-à-dire les femmes et les enfants à la merci des groupes armés.
Comme en fait foi le constat du Rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, que vous avez accueilli chez vous en octobre dernier : « Le fait, affirme-t-il, est que le nombre et la gravité des attaques ne s'estompent pas et semblent même s'aggraver. La violence sexuelle à grande échelle continue de sévir… »
On parle, dans certains cas, de graves violations du droit international humanitaire, voire de « crime contre l'humanité », rapportait le mois dernier l'Organisation des Nations unies.
La République démocratique du Congo demeure, hélas, l'un des pays les plus dangereux où naître.
Encore plus dangereux si l'on est une fillette.
Nous toutes et tous ici présents savons que l'ampleur des violences sexuelles atteint des proportions endémiques.
Qu'elles sont utilisées comme armes de guerre pour humilier les femmes, voire les détruire sans scrupules.
Qu'elles sont en partie responsables de la propagation de maladies comme le VIH/SIDA, dont le coût social est incommensurable.
Que les enfants et les jeunes en sont aussi victimes, eux qui représentent plus de la moitié de la population, eux sur qui se fonde l'espoir d'une République démocratique du Congo enfin pacifiée.
Dans votre Constitution, il est reconnu que toute violence sexuelle faite sur toute personne, dans l'intention de déstabiliser, de disloquer une famille et de faire disparaître tout un peuple, représente un crime contre l'humanité et est passible de condamnation.
Comme vous, chers amis, le Canada condamne ces violences qu'il juge inacceptables, indignes, déshumanisantes.
Aux souffrances et au courage de toutes les victimes, nous n'avons d'autre choix que de répondre par une plus grande solidarité et une meilleure coopération.
Solidarité et coopération avec vous, qui avez engagé votre pays sur la voie lumineuse de la démocratie, et qui avez à cœur de le faire progresser.
Avec la communauté internationale qui ne peut ignorer cette tragédie qui se déroule au cœur même de l'Afrique, son cœur battant, trop souvent en toute impunité.
Avec les organismes qui œuvrent sur le terrain auprès des victimes de violences sexuelles et auxquels le Canada apporte son appui.
Avec les femmes congolaises, dont nous saluons le courage, et qui aspirent à plus de sécurité, de justice, d'égalité et de possibilités pour le plus grand nombre.
C'est ce qu'affirmait sans détour la militante reconnue de la lutte contre les violences sexuelles, Bernadette Ntumba, lors de son passage au Canada, l'an dernier : « Les choses vont changer, a-t-elle dit, si tout le monde s'implique : la société civile, le gouvernement et la communauté internationale. »
À cet égard, je me réjouis que, dans le programme d'action régional de 2010-2014 sur les questions humanitaires et sociales de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, vous vous soyez engagés, en tant qu'État membre, à « prévenir, éradiquer et punir toutes les formes de violence, d'exploitation et d'abus contre les femmes, les filles et les jeunes garçons et, ce faisant, à fournir l'assistance aux survivants ».
Il va sans dire que ces problématiques font d'ailleurs l'objet d'une mobilisation qui transcende les cultures, les frontières et les sexes, non seulement ici, en République démocratique du Congo, mais à l'échelle du continent et de la planète.
Certes, il s'agit là d'un gage d'espoir sur lequel nous devons miser.
Tous les combats que nous menons pour le respect des droits des femmes sont, à mon sens, purement et simplement, une affirmation de la dignité humaine.
C'est donc en misant ensemble sur les forces collectives des femmes, et des hommes qui croient en leur égalité, que nous triompherons des forces de la destruction.
C'est, du moins, le vœu que je formule devant vous, en toute fraternité, en cette année du cinquantième anniversaire de l'indépendance de la République démocratique du Congo.
Je suis impatiente d'aller à la rencontre des populations et de la société civile congolaises, notamment dans la région de Goma, pour entendre et voir quelles sont les solutions mises de l'avant pour en finir une fois pour toute avec cette violence inacceptable parce que dévastatrice. Il y va de la paix que nous souhaitons ardemment pour le Congo.
Je vous remercie chaleureusement de votre écoute et souhaite de tout cœur paix, bonheur et prospérité à toutes les Congolaises et à tous les Congolais.
Haiti-Histoire : La nécessité d’une pensée stratégique
Cinquième de sept segments d’un dialogue de Leslie Péan avec Vertus Saint Louis [1]
Ils ont échangé des notes à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de ce dernier « Mer et Liberté : Haïti 1492-1794 ». Ces entretiens de janvier 2010 abordent un certain nombre de questions essentielles pouvant aider à contribuer à augmenter la capacité à penser ce qui se passe en Haïti.
Soumis à AlterPresse et publication débutée en janvier 2010
Leslie Péan : Votre critique de l’intériorisation par les élites haïtiennes du projet colonial au niveau du savoir scientifique, du commerce et de l’industrie est originale. En effet, depuis 1492, Haïti a fait le plein avec trois siècles de colonialisme et deux siècles de colonialité. Cette façon de voir rejoint la critique postmoderne de la colonialité, en tant que condition de la domination, formulée dans les travaux des chercheurs du Conseil Latino Américain des Sciences Sociales (CLACSO en espagnol) dirigé par le politologue argentin Atilio Boron. Loin de tout fondamentalisme tiers-mondiste, la critique de la stratégie épistémique de l’Occident rejette la modernité eurocentrée sur le discours de violence auto-justificatrice pour en garder les éléments émancipateurs de base de cette modernité. Le CLACSO montre que la géopolitique ne concerne pas seulement le pétrole ou le gaz mais également la connaissance. Au cours du développement historique, un espace dominant fabrique de la connaissance qu’elle présente comme universelle, neutre et objective. C’est ce que l’Europe a fait en se voulant le « point zéro » de la connaissance. La critique de l’épistémologie dominante est faite par le philosophe colombien Santiago Castro-Gomez, questionnant le cogito ergo sum (je pense, donc je suis) de Descartes adossé à 150 ans de conquitus ergo sum (je conquiers, donc je suis), autant que par les philosophes argentin Enrique Dussel et portoricain Nelson Maldonado Torres. Cette problématique du CLASCO qui montre la face cachée de la modernité se développe dans d’autres champs tels que la sociologie avec le péruvien Aníbal Quijano, le vénézuélien Edgardo Lander, le portoricain Ramón Grosfoguel ; l’anthropologie avec le colombien Arturo Escobar, le vénézuélien Fernando Coronil ; l’économie avec le canadien Michael Lebowitz, le chilien Orlando Caputo du Chili, l’argentin Aldo Ferrer, le sud-coréen Ha-Joon Chang ; la sémiotique avec le théoricien culturel argentin-américain Walter D. Mignolo. Toute une nouvelle axiologie pour remettre en question ce que l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano nomme « la culture d’impotence » basée sur la consommation et non la création, imposée par le colonialisme. La pensée haïtienne a longtemps été prise dans une forme d’insularité qui la maintient éloignée des grands courants de la pensée mondiale. Depuis un certain temps, il existe une percée significative pour rompre l’isolement dans lequel le prisme coloriste indigéniste (mulatrisme/noirisme) l’a enfermée. Après les travaux pionniers de Rémy Bastien et Gérard Pierre-Charles, le rebondissement opéré avec Rolph Trouillot et Jean Casimir, vous inaugurez une déconnexion épistémologique pour rendre intelligible la récupération du projet émancipateur original de libération et sa reconversion dans la colonialité du pouvoir. Pouvez-vous élaborer sur les éléments constitutifs de cette rupture ?
Vertus Saint Louis : Ma méthode consiste à décentrer l’histoire sur les chefs et à dégager les problèmes et faire ressortir comment les différents secteurs sociaux et leurs représentants y font face. J’articule trois éléments : la terre, le commerce maritime, la navigation et la science qu’elle suppose. A l’assemblée de 1764, pour décider du mode de paiement de l’octroi, les planteurs de Saint-Domingue avaient déclaré que le commerce de France était le véritable propriétaire des habitations, qu’ils n’en étaient que les fermiers. Au lendemain de 1794, les officiers indigènes entrés en possession des habitations des colons partis n’en sont que les fermiers, par rapport au commerce américain qui s’est substitué à celui de France. Or, le commerce de France à travers ses agents commissionnaires faisait des avances sous formes de fournitures (équipements et comestibles) aux plantations. Celui des Etats-Unis se contente de jouir du peu qu’elles produisent, de vendre très cher et chichement des armes et comestibles, en pratiquant non l’échange monétaire mais le troc. Il applique à son niveau la formule politique de Jefferson qui se propose de jouir de la colonie sans en consentir le coût. Face à cette situation les chefs indigènes sont désarmés. Ils ne disposent pas de liquidités monétaires pour remplacer l’esclavage par un salariat productif. Ils ne disposent pas d’une science encore à naître en Europe pour augmenter la productivité. C’est surtout dans le domaine de la navigation des Européens que s’applique la science. Ils n’ont que la terre et leur seul recours, c’est la contrainte contre les cultivateurs plus enclins à la culture des vivres de subsistance que celle des denrées. Il leur apparaît que ces derniers ne comprennent pas qu’il faut restreindre leur liberté et écarter les principes de droit qui ont inspiré la révolution. Les chefs indigènes n’ont pas eu à inventer la colonialité, ils se sont trouvés de fait dans une situation de colonialité. Ils s’y sont installés au lieu de la répudier.
Leslie Péan : Je reviens sur la politique de William Pitt qui en 1793, à 24 ans, en tant que premier ministre anglais, détermine que la stratégie fondamentale pour le développement de son pays est de combattre la France en lui faisant perdre Haïti d’une part et en détruisant sa flotte marine de guerre et marchande d’autre part. Il y arrivera en bloquant les ports d’Haïti permettant la victoire des insurgés haïtiens en 1804, mais aussi après les défaites de la marine française à Aboukir en 1798-1799 et Trafalgar en 1805, consacrer l’Angleterre comme maitresse des mers. Si Haïti ne pouvait choisir ou se confondre avec son environnement, au moins pouvait-elle s’imposer pour transformer cet environnement ? Cela demandait un niveau de rationalisation au niveau de la pensée, et un certain pragmatisme, pour formuler une politique générale en rapport avec les opportunités identifiées et les ressources disponibles. Les buts et objectifs d’une telle stratégie ne peuvent s’accommoder des petits desseins de prise du pouvoir pour s’affirmer en tant qu’être humain. Pourquoi ce genre de pensée stratégique n’a jamais pu germer dans les cerveaux des élites haïtiennes ? N’est-ce pas là qu’il faut cerner ce que Roger Gaillard nomme « la déroute de l’intelligence ». En dehors d’une incontournable rencontre nationale pour envisager des avenirs alternatifs, comment peut-on arriver à la construction d’une telle pensée stratégique aujourd’hui ?
Vertus Saint Louis : Gaillard a bien parlé de « la déroute de l’intelligence » à propos de Firmin. Je ne nie pas les mérites de ce dernier, en particulier, ses connaissances, son intégrité, son amour et dévouement pour le pays. Cependant, il se trouvait dans le camp de Hyppolite, favorisé par les Allemands, et largement soutenu par les Américains, contre Légitime mollement soutenu par une France défaillante. On s’interroge sur les concessions faites aux Américains par Firmin pour obtenir leur appui décidé et décisif à la cause d’Hyppolite. De plus, à la chute de Sam, Firmin s’est empressé d’emprunter de l’argent du commerce allemand du Cap pour financer la marche sur Port-au-Prince des troupes de Nord Alexis, alors son allié. Firmin a agi suivant la pensée traditionnelle : c’est à l’intérieur de l’espace de pouvoir qu’il faut agir. Il nous faut nous demander ce que vaut cet espace de pouvoir. L’étranger a pris l’habitude de se donner le beau rôle en laissant à ceux qui rentrent dans le modèle traditionnel les tâches inférieures, les sales besognes : arrêter, emprisonner, torturer, exiler, assassiner des compatriotes. Alors, l’étranger peut avantageusement invoquer les droits de l’homme. Aujourd’hui, il nous faut apprendre à négocier nos désaccords pour nous mettre en mesure de négocier avec l’étranger au lieu de nous constituer ses dépendants individuels.
Ils ont échangé des notes à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de ce dernier « Mer et Liberté : Haïti 1492-1794 ». Ces entretiens de janvier 2010 abordent un certain nombre de questions essentielles pouvant aider à contribuer à augmenter la capacité à penser ce qui se passe en Haïti.
Soumis à AlterPresse et publication débutée en janvier 2010
Leslie Péan : Votre critique de l’intériorisation par les élites haïtiennes du projet colonial au niveau du savoir scientifique, du commerce et de l’industrie est originale. En effet, depuis 1492, Haïti a fait le plein avec trois siècles de colonialisme et deux siècles de colonialité. Cette façon de voir rejoint la critique postmoderne de la colonialité, en tant que condition de la domination, formulée dans les travaux des chercheurs du Conseil Latino Américain des Sciences Sociales (CLACSO en espagnol) dirigé par le politologue argentin Atilio Boron. Loin de tout fondamentalisme tiers-mondiste, la critique de la stratégie épistémique de l’Occident rejette la modernité eurocentrée sur le discours de violence auto-justificatrice pour en garder les éléments émancipateurs de base de cette modernité. Le CLACSO montre que la géopolitique ne concerne pas seulement le pétrole ou le gaz mais également la connaissance. Au cours du développement historique, un espace dominant fabrique de la connaissance qu’elle présente comme universelle, neutre et objective. C’est ce que l’Europe a fait en se voulant le « point zéro » de la connaissance. La critique de l’épistémologie dominante est faite par le philosophe colombien Santiago Castro-Gomez, questionnant le cogito ergo sum (je pense, donc je suis) de Descartes adossé à 150 ans de conquitus ergo sum (je conquiers, donc je suis), autant que par les philosophes argentin Enrique Dussel et portoricain Nelson Maldonado Torres. Cette problématique du CLASCO qui montre la face cachée de la modernité se développe dans d’autres champs tels que la sociologie avec le péruvien Aníbal Quijano, le vénézuélien Edgardo Lander, le portoricain Ramón Grosfoguel ; l’anthropologie avec le colombien Arturo Escobar, le vénézuélien Fernando Coronil ; l’économie avec le canadien Michael Lebowitz, le chilien Orlando Caputo du Chili, l’argentin Aldo Ferrer, le sud-coréen Ha-Joon Chang ; la sémiotique avec le théoricien culturel argentin-américain Walter D. Mignolo. Toute une nouvelle axiologie pour remettre en question ce que l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano nomme « la culture d’impotence » basée sur la consommation et non la création, imposée par le colonialisme. La pensée haïtienne a longtemps été prise dans une forme d’insularité qui la maintient éloignée des grands courants de la pensée mondiale. Depuis un certain temps, il existe une percée significative pour rompre l’isolement dans lequel le prisme coloriste indigéniste (mulatrisme/noirisme) l’a enfermée. Après les travaux pionniers de Rémy Bastien et Gérard Pierre-Charles, le rebondissement opéré avec Rolph Trouillot et Jean Casimir, vous inaugurez une déconnexion épistémologique pour rendre intelligible la récupération du projet émancipateur original de libération et sa reconversion dans la colonialité du pouvoir. Pouvez-vous élaborer sur les éléments constitutifs de cette rupture ?
Vertus Saint Louis : Ma méthode consiste à décentrer l’histoire sur les chefs et à dégager les problèmes et faire ressortir comment les différents secteurs sociaux et leurs représentants y font face. J’articule trois éléments : la terre, le commerce maritime, la navigation et la science qu’elle suppose. A l’assemblée de 1764, pour décider du mode de paiement de l’octroi, les planteurs de Saint-Domingue avaient déclaré que le commerce de France était le véritable propriétaire des habitations, qu’ils n’en étaient que les fermiers. Au lendemain de 1794, les officiers indigènes entrés en possession des habitations des colons partis n’en sont que les fermiers, par rapport au commerce américain qui s’est substitué à celui de France. Or, le commerce de France à travers ses agents commissionnaires faisait des avances sous formes de fournitures (équipements et comestibles) aux plantations. Celui des Etats-Unis se contente de jouir du peu qu’elles produisent, de vendre très cher et chichement des armes et comestibles, en pratiquant non l’échange monétaire mais le troc. Il applique à son niveau la formule politique de Jefferson qui se propose de jouir de la colonie sans en consentir le coût. Face à cette situation les chefs indigènes sont désarmés. Ils ne disposent pas de liquidités monétaires pour remplacer l’esclavage par un salariat productif. Ils ne disposent pas d’une science encore à naître en Europe pour augmenter la productivité. C’est surtout dans le domaine de la navigation des Européens que s’applique la science. Ils n’ont que la terre et leur seul recours, c’est la contrainte contre les cultivateurs plus enclins à la culture des vivres de subsistance que celle des denrées. Il leur apparaît que ces derniers ne comprennent pas qu’il faut restreindre leur liberté et écarter les principes de droit qui ont inspiré la révolution. Les chefs indigènes n’ont pas eu à inventer la colonialité, ils se sont trouvés de fait dans une situation de colonialité. Ils s’y sont installés au lieu de la répudier.
Leslie Péan : Je reviens sur la politique de William Pitt qui en 1793, à 24 ans, en tant que premier ministre anglais, détermine que la stratégie fondamentale pour le développement de son pays est de combattre la France en lui faisant perdre Haïti d’une part et en détruisant sa flotte marine de guerre et marchande d’autre part. Il y arrivera en bloquant les ports d’Haïti permettant la victoire des insurgés haïtiens en 1804, mais aussi après les défaites de la marine française à Aboukir en 1798-1799 et Trafalgar en 1805, consacrer l’Angleterre comme maitresse des mers. Si Haïti ne pouvait choisir ou se confondre avec son environnement, au moins pouvait-elle s’imposer pour transformer cet environnement ? Cela demandait un niveau de rationalisation au niveau de la pensée, et un certain pragmatisme, pour formuler une politique générale en rapport avec les opportunités identifiées et les ressources disponibles. Les buts et objectifs d’une telle stratégie ne peuvent s’accommoder des petits desseins de prise du pouvoir pour s’affirmer en tant qu’être humain. Pourquoi ce genre de pensée stratégique n’a jamais pu germer dans les cerveaux des élites haïtiennes ? N’est-ce pas là qu’il faut cerner ce que Roger Gaillard nomme « la déroute de l’intelligence ». En dehors d’une incontournable rencontre nationale pour envisager des avenirs alternatifs, comment peut-on arriver à la construction d’une telle pensée stratégique aujourd’hui ?
Vertus Saint Louis : Gaillard a bien parlé de « la déroute de l’intelligence » à propos de Firmin. Je ne nie pas les mérites de ce dernier, en particulier, ses connaissances, son intégrité, son amour et dévouement pour le pays. Cependant, il se trouvait dans le camp de Hyppolite, favorisé par les Allemands, et largement soutenu par les Américains, contre Légitime mollement soutenu par une France défaillante. On s’interroge sur les concessions faites aux Américains par Firmin pour obtenir leur appui décidé et décisif à la cause d’Hyppolite. De plus, à la chute de Sam, Firmin s’est empressé d’emprunter de l’argent du commerce allemand du Cap pour financer la marche sur Port-au-Prince des troupes de Nord Alexis, alors son allié. Firmin a agi suivant la pensée traditionnelle : c’est à l’intérieur de l’espace de pouvoir qu’il faut agir. Il nous faut nous demander ce que vaut cet espace de pouvoir. L’étranger a pris l’habitude de se donner le beau rôle en laissant à ceux qui rentrent dans le modèle traditionnel les tâches inférieures, les sales besognes : arrêter, emprisonner, torturer, exiler, assassiner des compatriotes. Alors, l’étranger peut avantageusement invoquer les droits de l’homme. Aujourd’hui, il nous faut apprendre à négocier nos désaccords pour nous mettre en mesure de négocier avec l’étranger au lieu de nous constituer ses dépendants individuels.
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