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mercredi 7 avril 2010
Le Blanc qui s’achetait du plaisir en Haïti
Le premier blanc que nous avons rencontré à Jacmel ne faisait de mal à personne. Sur le wharf (port) de Jacmel, ce sud-africain costaud était missionné par une ONG religieuse. Il a planté sa tente à côté du quai où il passe ses journées. Il est là depuis trois semaines : il a, nous dit-il, de grands projets pour Jacmel, notamment la construction d’un hôpital. Mais personne ici, même pas l’ONU, ne sait vraiment ce qu’il fait là.
Le second blanc que nous avons rencontré avait des motivations bien plus dégueulasses.
4 euros la passe
Plantons le décor. La plage de Jacmel, fin d’après-midi, sous un soleil encore écrasant. Nous buvons une Prestige, la bière locale brassée à Port-au-Prince. Pour profiter d’un minuscule carré d’ombre, nous sommes obligés de nous installer juste à côté de la table voisine.
Et la scène qui s’y joue va virer au très glauque.
Un homme, un Canadien, est attablé avec une jeune haïtienne à qui il a offert une bière. A quelques mètres, un homme haïtien. Le Canadien a la cinquantaine bien passée, les cheveux grisonnants, sa chemise à fleurs largement ouverte, poitrail velu. Un « vieux beau » comme l’on dit. La jeune fille a 17 ans. A son regard, empreint de gêne, de dégoût et de tristesse, on comprend très vite qu’elle n’a pas son mot à dire et qu’elle préfèrerait mille fois être ailleurs.
Et durant de longues minutes glaçantes, on écoute l’homme négocier avec son mac haïtien, assis juste à côté, les faveurs de cette jeune fille. Le Canadien, sans jamais lui adresser un mot, pose à plusieurs reprises sa main sur la cuisse de la jeune fille, puis revient aux négociations avec l’homme haïtien. Le prix, qui longtemps butait à 250 gourdes la passe (5 euros) s’achèvera finalement à 200 gourdes (4 euros).
Ecoeurant !
“Ma façon d’aider Haïti”
Interloqués, nous décidons d’aller dire ses quatre vérités à l’homme. Avec une envie assez irrépressible de lui casser la gueule.
On s’approche de sa table.
- Bonjour, nous sommes journalistes français, nous réalisons un article sur le tourisme sexuel. Est-ce que nous pouvons vous poser quelques questions ?
- Bien-sûr, asseyez-vous.
- Alors, qu’est-ce que cela vous fait de payer 4 euros pour coucher avec une jeune fille mineure ?
- (lui pas gêné) C’est pour aider le pays. En général, je viens tous les ans. J’aime beaucoup ce pays.
- Qu’est-ce qui vous attire dans les jeunes haïtiennes ?
- Elles sont douces et pleine d’amour. Sexuellement, pas très expertes, mais très tendres.
- Mais jamais, une seule seconde, vous n’avez l’impression de profiter de la misère de ces gens ?
- Ah, mais j’ai donné pratiquement 1000 dollars depuis que je suis ici.
- Vous êtes un bienfaiteur, alors (ironie) ?
- J’essaye, j’essaye. Et croyez-le ou pas, je n’ai pas demandé de déduction d’impôt pour mes dons alors que j’y aurais droit.
La discussion a continué ainsi pendant un quart d’heure. L’aplomb de l’homme et sa capacité à assumer nous a complètement sciés en deux. Et la colère a laissé la place à l’impuissance.
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