dimanche 20 juin 2010

Le fil à couper le beurre vient d’être réinventé

Je me souviens quand j’étais plus jeune, que mon père rentrait à la maison en pestant contre ceux qui disait-il, s’imaginaient avoir découvert le fil à couper le beurre. Généralement ses propos visaient soit un nouvel arrivé dans la sphère administrative, soit encore aux lendemains d’élections, un nouveau conseiller général ou un nouveau conseiller municipal, les conseils régionaux n’existaient pas encore.

Cette sentence pour quelqu’un qui était généralement réservé dans ses critiques, mais avait plutôt tendance à chercher à comprendre ce que certains voulaient exprimer, avant de les juger, m’avait toujours paru relever de cet agacement d’entendre des « nouveaux » s’exprimer en docte pour énoncer les ya ka et faut qu’on, comme si avant leur arrivée ou leur présence rien n’avait jamais existé.

Eh bien durant deux jours nous avons entendu des journalistes d’abord, puis des éminents politiques dans des habits neufs de nouveaux présidents, ou encore des élus de base en quête de reconnaissance, se contorsionner avec la langue de Molière, pourtant si décriée par eux-mêmes en d’autres lieux, pour rechercher les mots, adjectifs, superlatifs ou autres afin de qualifier de première des premières, d’exceptionnel, d’historique et autres dithyrambes doublés de néologismes style « bravitude » cette réunion de 3 exécutifs qui voulaient se dire solidaires dans leurs contradictions.

Quelle belle œuvre de philosophie politique, qui sans nul doute fera passer aux oubliettes les actions oh combien valables et performantes d’abord de Présidents de Chambres de Commerce et d’Industrie de ces mêmes territoires qui avaient eux inventés la formule « D.F.A. » Départements Français d’Amérique, pour justement signifié aux autorités tant politiques qu’économiques et que ce soit au plan national ou local, que ces territoires avaient une volonté commune de complémentarité et de développement concerté.

Sera aussi passé par « pertes et profits » les avancées politiques menées par les Exécutifs départementaux de La Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion, qui sous l’impulsion du Ministre Paul DIJOUD et de ses Collaborateur, qui avait initié ces réunions périodiques et tournantes dans les 4 DOM. C’est ce travail au plus prés des responsables sans exclusives du monde politique, économique, associatif, syndical et de toute la société civile, qui aura fait tomber ces a priori qui faisaient que chacun de ces territoires s’ignorait ou nourrissait envers l’autre des ressentiments basés sur des faux propos ou de fausses idées et préjugés. Ces réunions et contacts ont été tellement productifs et utiles au point que les projets de lois, les propositions de décrets, ou autres mesures favorables à l’évolution des DOM étaient soumis pour avis préalables à ces instances des Conseils Généraux, qui eux se donnaient la peine de consulter les autres partenaires.

Mais alors y a-t-il eu un cyclone dévastateur ou une action de crémation sur les actes et documents vivants, pour oublier que de Basse-Terre à Cayenne en passant par Fort de France et même par Gourbeyre, des Exécutifs régionaux de l’époque ont pris la relève de ce que leurs homologues des Conseils Généraux avaient déjà su faire, et ont mis en place cette Conférence des Présidents, avec tous les travaux écrits, publiés, développés et transmis partout ou cela était nécessaire, avec ces appellations de « Déclaration » suivi du lieu de leur rédaction, pour développer la teneur des idées travaillées, des propositions élaborées et des messages à l’attention de tous concernés.

Evidemment rien n’a pu faire taire des ambitions et querelles personnelles pour chercher à gommer ces avancées de meilleure connaissance des Hommes entre eux vivant et évoluant au sein de ces 3 régions les D.F.A.

On peut ne pas être d’accord sur ce qui a été écrit, ni sur les résolutions adoptées ou sur les préconisations faites par ces Femmes et ces Hommes représentants démocratiques de leurs populations, mais il est ingrat, avec un brin de comportement plagiaire, que de vouloir se déclarer en 2010 comme les géniteurs uniques et universels (excusez du peu) des rencontres entre élus de ces trois régions Guadeloupe, Guyane et Martinique.

Cela est du théâtre et pourrait même s’apparenter à de bonnes farces de boulevards.

De plus comment peut on « glapir » ou « barrir », selon sa condition, que les différences ne sont pas un problème, que les volontés politiques même en opposition ne sauront faire obstacle à cette union sacrée inédite qui vient d’être scellée dans cette « Charte au sigle prometteur», et que c’est désormais 1 million d’électeurs-consommateurs-promoteurs qui va dire à l’Etat ce qui est bon pour les D.F.A., pardon le « pays antilles-guyane caribéo-brésilo-surinamo-guyanais » !!!! Quelle acte de grande bravoure que d’avoir mis bas de ce grand défi, que seuls les inventeurs du fil à couper le beurre pouvaient jusqu’ici se prévaloir d’un tel prodige. Dommage le concours Lépine est passé et malgré les présences à la Foire de Paris des représentants de ces Pères de cette Charte, un brevet d’invention n’a pas été déposé pour une reconnaissance à inscrire au livre des records.

Mais soyons un peu sérieux.

Au moment où il est écrit que le sort de la Martinique et de la Guyane sera réglé par une loi en cours de « négociation » et par des ordonnances aussi bien celles prises dans le cadre de l’article 38 de la Constitution, que celles qui peuvent l’être au titre de cette délégation permanente donnée au Gouvernement dans le cadre de l’article 74 de la Constitution, doit-on en conclure que la Guadeloupe par phénomène d’osmose découlant de cette liaison parfaite de 3 Exécutifs, sera dotée elle aussi des mêmes dispositions institutionnelles et statutaires que celles enlevées au forceps en janvier 2010 à ces deux entités Guyane et Martinique ?

A moins que par une lueur de lucidité , nos géniteurs de charte inédite et historique, n’aient enfin compris que seule la REGION ANTILLES-GUYANE, au sens constitutionnel, administratif et juridique, devrait exister pour un vrai développement de ces 3 départements ?

Si c’est le vrai sens de leur démarche, alors auront-ils réellement fait une annonce historique, depuis le temps que cette idée est avancée et battue en brèche régulièrement. Vite faisons en sorte qu’ils ne changent pas d’avis ou que certains ne se réveillent pour leur clamer haut et fort que ce plat réchauffé ils n’en veulent pas……

Mais n’oublions pas non plus qu’un des Pères fondateur de cette Charte, a dès septembre 2009, clairement exprimé sa position :

Une démarche en deux temps : une consultation rapide pour installer une collectivité unique dotée de la possibilité de légiférer pendant une durée de 5 à 6 ans et dans un deuxième temps l’expérimentation et l’organisation du changement de statut. A la clé le PPM demande la modification de la Constitution pour permettre que le fait de demander l’autonomie ( défini comme l’expression de la différence) ne fasse pas perdre le principe de l’égalité des lois.

Mais à entendre avant de lire les conclusions des rapports qui ont guidé la motion finale de ces trois exécutifs érigés en « constituants », ces volontés de demander plus pour avoir plus et sans contrôles ni a priori ni a posteriori, cela au non de l’expression de la différence…., n’est-ce pas ce choix du leader PPM constant dans ses démarches, que les deux autres sont en train d’accepter et d’épouser ?

Alors il faut plus que jamais être vigilant et particulièrement attentif, car « acheter chat en sac » ne plaisait pas à certain, mais aujourd’hui est-ce un tour de prestidigitation que l’on est en train de nous faire en dissimulant la vérité ?

Décidemment avec leur souci d’être les inventeurs du fil à couper le beurre, ils finiront soit par se couper un bras soit par se couper la langue. Là au moins on cessera de les entendre glapir et barrir…….

Mais ne vaut-il pas mieux les renvoyer chez eux, au moins en ce qui nous concerne en Guadeloupe et ils pourront grâce aux lois de la République et aux règlement de l’Assemblée, bénéficier durant au moins 6 ans d’une bonne retraite et expérimenter ce que c’est que l’avenir.

Electeurs à vos bulletins et sans abstention ni pression, changez ces équipes qui ne gagnent pas, mais gagneraient à se retirer.

Jean-M CIREDERF
18 JUIN 2010

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