samedi 5 juin 2010

Les promesses non tenues d’Éric Besson pour Haïti


Les Haïtiens de France peinent à faire venir leurs proches et réclament 
la mise en place réelle de mesures d’exception.


Après le séisme survenu en Haïti en janvier dernier, qui a causé la mort de 300 000 personnes, Éric Besson, ministre de l’Immigration, annonçait des mesures exceptionnelles concernant l’accueil des Haïtiens en France. « Elles ont tenu un mois, pas plus », estime Judith Duperoy, avocate au barreau de Paris. Et, contrairement aux promesses d’assouplissement pour l’obtention de visas, les familles françaises d’origine haïtienne qui ont procédé à des demandes de regroupement familial se sont heurtées à des refus administratifs fréquents et injustifiés.

Pour dénoncer « le double langage des autorités françaises », la plate-forme des associations franco-haïtiennes a organisé hier une conférence de presse à l’Assemblée nationale, avec de nombreux témoignages de familles. Jean-Louis Soublin, l’un des responsables associatifs présents hier, ne manque pas d’exemples : « Nous avons une adhérente qui essaie désespérément de faire venir sa mère de quatre-vingt-cinq ans, qui est malade et qui erre dans les rues d’Haïti. On nous a renvoyés d’une administration à une autre, pour finalement nous refuser le visa. Il y a aussi un autre monsieur qui vit en France depuis 1988 et qui a voulu faire venir ses trois enfants. La seule dont il ait des nouvelles et qui vient d’avoir un bébé a fait sa demande de visa. Elle a été refusée, sans raison. » D’autant qu’en Haïti les frais engagés dans les dépôts de dossier sont considérables. « Pour un dépôt, c’est entre 60 et 90 euros, précise Jean-Louis Soublin, sans compter le prix du passeport qui s’élève à 2 000 dollars haïtiens, voire plus. Le tout en espèces, bien sûr… »

Cinq mois après le séisme, les familles sont démunies face à un dispositif qui ne tient pas compte du contexte d’une des plus graves crises humanitaires au monde. Associations et familles réclament une mise en conformité législative des annonces d’assistance exceptionnelles faites par le ministre de l’Immigration lui-même. Lequel, à l’époque, n’hésitait pas à déployer « son humanisme » : « La réaction de la France doit être à la hauteur de sa tradition républicaine d’accueil, de solidarité et d’humanité et des liens historiques et culturels qu’elle entretient avec le peuple haïtien. Dans des circonstances aussi effroyables et douloureuses, tous nos efforts doivent se concentrer sur l’aide aux Haïtiens. » Résultat des courses : les guichets « urgence Haïti » qui devaient gérer les demandes ont fermé. Autres points dénoncés par les associations : « Les critères du regroupement familial n’ont guère été assouplis ; le consulat de France en Haïti et les administrations françaises maintiennent des exigences irréalistes en matière de production de documents d’état civil. » Pire, « les préfectures continuent à signer des obligation à quitter le territoire ou des arrêtés de reconduite à la frontière ». Comme si le séisme n’avait jamais eu lieu.

Ixchel Delaporte

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