lundi 21 mars 2011

Le second tour des élections présidentielles haïtiennes


4,7 millions d’électeurs haïtiens étaient appelés à élire le remplaçant de l’actuel président René Préval dont le mandat est arrivé à terme au mois de février.


Souvenez-vous des  circonstances ubuesques où le CEP avait qualifié Jude Célestin, candidat officiel du pouvoir et  « gendre » de René Préval pour le second tour des élections haïtiennes,  avant  qu’il ne soit disqualifié sous la pression  de la rue, notamment des partisans de Michel Martelly  et des puissances étrangères (les donateurs), car des fraudes manifestes avaient entaché  la sincérité du scrutin.

Alors, afin de mettre fin aux  contestations et faire tomber  le regain de violence, les Américains se sont impliqués dans le processus électoral,  prenant diverses mesures de rétorsion  et des sanctions  à l’encontre d’un certain nombre de personnalités politiques haïtiennes proches du parti au pouvoir (INITE), de même qu’à l’encontre  de leur famille.

Les sanctions ont porté leurs fruits,  Jude Célestin a été rétrogradé de la deuxième  à la troisième place et au final, c’est  Michel Martelly (Sweet Micky)  un chanteur  de konpa extrêmement populaire dans son pays et l’ex éphémère première dame d’Haïti,  Mirlande Manigat, une professeure universitaire de droit constitutionnel qui se sont retrouvé le 20 mars à solliciter les suffrages des électeurs.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme,  sans grande violence, hormis  2 morts et des incidents mineurs qui n’ont pas eu de conséquences  graves sur le bon déroulement des opérations électorales.

Globalement, tout le monde semble satisfait de la tournure qu’a pris les choses, d’autant que le retour d’exil de Jean-Bertrand Aristide, l’ex président d’Haïti, chassé du pouvoir   en février 2004 par les autorités américaines et françaises, forcé de démissionner après qu’il fut  enlevé  par les commandos US et déporté contre son gré en Afrique.

Les analystes et les observateurs pensaient que sa présence risquait  de compromettre la bonne tenue du scrutin, car il jouit d’une forte estime de la part de ses compatriotes, entre autres celle des couches les plus pauvres de la société haïtienne.

Les résultats préliminaires du second tour seront annoncés le 31 mars et les résultats définitifs le 16 avril.   Toutefois, les premiers  décomptes donnent une confortable avance à Michel Martelly,  confirmant  ainsi les sondages opérés quelques jours avant le vote, indiquant que 53 % des sondés ainsi  porteraient leur suffrage sur Michel Martelly, aussi surnommé : « Tèt kalé[1] » .

Porter Michel Martelly à la présidence de la république,  traduit en quelque sorte la grande suspicion  et défiance dans laquelle la population haïtienne tient son élite et sa classe politique, l’une des plus corrompue au monde.

Par ailleurs, gardons à l’esprit  que plus de 800 000 personnes vivent toujours dans des tentes suite au tremblement de terre  de janvier 2010, subissant  la faim, vivotant dans des conditions sanitaires et économiques déplorables, sans parler de la forte insécurité régnant en Haïti, entre autres à Port au Prince.

La précarité, la misère, la violence au quotidien,   la corruption et l’incurie des gouvernants a contribué  à ce que  la population  vote pour un populiste de droite, un homme  totalement inexpérimenté, ayant  un parcours si peu conventionnel.

Nous ne pouvons préjuger de l’avenir, mais espérons quel que soit  le candidat  remportant la présidence, que cela n’ouvre pas la voie à des désordres et à la violence, car Haïti  a besoin de  paix et d’ordre  afin de se reconstruire.


Evariste Zéphyrin



[1]  Le chauve

Aucun commentaire: