jeudi 24 mars 2011

Créolité ou le crime contre l’humanité

Enfants créoles- photo Evariste Zephyrin


« Si nous voulons être pris au sérieux nous devons être sérieux »


En octobre ou novembre dernier, j'écoutais Alban Coulibaly qui m'expliquait que  Dominique Monotuka  et lui (tous deux docteurs en droit et avocats au barreau de Fort de France) avaient décidé d'attaquer en justice le terme créolité et tout ce qui y ressemble... Je suis resté estébéqué, mais je n'ai rien dit, les avocats étant habitués à défendre des causes perdues, puis  je me suis dit qu’ils sont en train de s’offrir une belle opération de communication.

J
e l'écoutais, sans pour autant abonder dans son sens, surtout que  son argumentation me semblait tirer par les cheveux, franchement bancal.

Les mois ont passé, et j'ai plus ou moins relu le même argumentaire  à travers les articles de D. Monotuka et aussi ceux du Maire de Saint Anne : Garcin Malsa, ce dernier et le M.I.R Martinique qu'il préside étant habitué à lancer  des scuds médiatiques et déposer ce type de plainte, qui en principe n’aboutissent nulle part.

Puis, ce fut au tour de l'accusé le président de Tous Créoles Roger de Jaham de tenter de se défendre et pondre lui aussi à travers son association des articles, allant même à initier dans le cadre de l'année de l'Outre-Mer une demande pour adapter ce terme à une réalité, du moins à sa perception de la réalité.

Et hier, je découvre le site de D. Monotuka ne m'appelez pas créole 

Ce qui me semblait relever d'une vue de l'esprit ou de l’opération de com  s'amplifie, sans doute à travers le prisme de l'internet, de la presse, et des supposés enjeux identitaires, ne sommes-nous pas en présence des descendants d'esclavagistes et des descendants d'esclaves, cette affaire relève d’un contentieux historique, vous dis-je !

Généralement, dans ce type de conflit, chacun reste sourd au propos de l'autre, nous sommes dans le passionnel, la raison  n’a pas de prise et la vérité est absente du débat.

Les protagonistes se construisent leur vérité et tentent de l'imposer à tous.

Nous sommes dans des haines tenaces et des colères pluri-centenaires. Allez leur faire entendre raison, c’est peine perdue à moins de mettre la main au portefeuille, il faut avouer que c’est le seul argument qui réconcilie tout le monde.

Toutefois, pour ne pas rester idiot,  sachez que le terme créole (aux Antilles) était appliqué aux gens nés  sur les îles, notamment aux esclaves pour les différencier des Africains, qui se retrouvaient dans les champs de canne ou autres, les créoles ayant une meilleure position sociale dans la hiérarchie esclavagiste et dans l’habitation. 

Donc, ce fut  un moyen de distinguer l'esclave acheté (l'Africain) et l'esclave  né sur l'habitation ou dans l'île.  Ce terme n'était pas à proprement parler,  usité entre les blancs nés aux Antilles, ils ne se définissaient par leurs titres, fonction, mais les gens de la métropole  leur appliquaient ce terme de créole, d'autant que ces békés n'étaient pas si blancs que cela, et  vers 1791  ou un peu avant, lors des discussions sur l’abolition de l'esclavage, les membres de la Société des Amis des Noirs le faisaient remarquer à la délégation de créoles « blancs » venue des "îsles d'Amérique" afin de maintenir l'esclavage aux Antilles françaises.

Ce pour vous dire que le terme créole a toujours recouvert sa réalité sémantique, en s'appliquant à ceux qui sont nés dans les îles, pour se restreindre à nous-mêmes.

Je vous avoue, que je ne comprends pas que l'on perde son temps et son argent en vaines querelles, à moins que l'objectif recherché par les uns et les autres soient autres.





Evariste zephyrin

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