mercredi 11 mai 2011

En Jamaïque, la légende de Bob Marley demeure mais son message se perd


Trente ans après sa mort, Bob Marley  demeure une icône en Jamaïque et son culte est devenu une fructueuse industrie, mais l'engagement politique du pape du reggae tend à se perdre auprès de la jeunesse nationale.
                  
"Sa musique est si pleine de vie qu'il est difficile de le pleurer", dit Bernadette Hellwanter, touriste autrichienne de 24 ans en visite au Musée Bob Marley  de Kingston, la capitale jamaïcaine où l'artiste vécut et composa plusieurs de ses titres.
                  
Comme beaucoup d'autres fans, Bernadette voit l'anniversaire de sa mort comme une célébration festive plutôt qu'un véritable deuil.

"Ma première prestation musicale, dans mon lycée de Virginie, 'était 'No Woman No Cry'!", s'enthousiasme Nickia Palmer, chanteur jamaïcain de 33 ans installé aux Etats-Unis, en regardant l'une des célèbres photos de Bob Marley 
armé de sa guitare Gibson.
                  
Dans les rues de Kingston, la légende de la superstar du reggae, morte à l'âge de 36 ans le 11 mai 1981 des suites d'un cancer, reste forte.
                  
Mais son culte est avant tout devenu un marché juteux. Des visites sont organisées tous les jours à Nine Mine, son village natal, où pullulent les boutiques de souvenirs vendant toutes sortes de gadgets à l'effigie de l'enfant du pays.
                  
A tel point que les proches de l'artiste craignent que le message de justice et de défense des opprimés véhiculé dans ses chansons soit au final complètement effacé. "Son but n'a jamais été commercial", explique Herbie Miller, un ami de Bob Marley. "L'argent n'était pas sa motivation première".
                  
L'image du chanteur rasta engagé politiquement commence à perdre de son éclat en Jamaïque, selon la Fondation Marley, qui regrette qu'aucun événement ne soit prévu pour l'anniversaire des trente ans de sa mort.
                  
Les chansons du père du reggae, première star mondiale issue du tiers monde, ne sont plus que rarement diffusées par les stations de radio locales, qui préfèrent les tubes faciles tels que "One Love" aux titres militants comme "Exodus".
                  
D'après Herbie Miller, "le pouvoir en place en Jamaïque essaie d'adoucir" le message révolutionnaire de l'artiste, malgré tout ce qu'il a fait pour son pays. Peu de visites sont ainsi organisées à Trench Town, le ghetto voisin de Kingston où Bob Marley  vécut dans les années 1960 et qui lui inspira certaines de ses chansons les plus engagées.
                  
"En tant qu'enfant de Trench Town, 'Gong' (le surnom de Bob Marley) a eu un énorme impact pour moi", témoigne le chanteur de roots-reggae I-Cient-Cy Mau, 48 ans. "Il accordait beaucoup de temps aux jeunes et c'est quelque chose qui manque dans le reggae d'aujourd'hui", poursuit-il.
                  
La jeunesse jamaïcaine ne se reconnaît plus dans les chansons des années 1970 et préfère la musique des boîtes de nuit.
                  
A l'étranger, en revanche, la légende reste vivante, notamment en Belgique, où l'artiste donna à deux reprises un concert. Selon Brice DePasse, de la radio Nostalgie, Bob Marley  a laissé une marque indélébile dans le pays: "Il a eu du succès en Belgique dès son premier concert en 1977; depuis, pas un jour ne  passe sans que sa musique soit reprise".
               
Anthony FOSTER

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