lundi 18 janvier 2010

Un sismologue haïtien accuse : «On savait que ça arriverait»


Alors qu'Haïti continue à enterrer ses morts après le séisme de mardi dernier, la polémique commence à monter autour de la prévention de la catastrophe et du rôle des Etats-Unis dans les opérations de secours. Un spécialiste en sismologie haïtien, le docteur Daniel Mathurin, accuse le gouvernement de son pays de ne pas avoir pris en compte les mises en garde répétées sur un risque de tremblement de terre en 2010.

«On savait que ça devait arriver», a-t-il asséné lundi matin sur Europe 1. Le chercheur, qui avait lui même prédit de forts risques sismiques pour cette année, assure que des universitaires américains avaient placé des capteurs tout au long de la ligne de faille et qu'ils auraient averti les autorités dominicaines et haitiennes des risques. «En République dominicaine, ils ont pris 20 des 22 dispositions préconisées : informer la population, renforcer les bâtiments.... Il n'y a eu aucun mort, indique le scientifique. Haïti n'a pris aucune de ces dispositions. Ils n'ont rien fait»

Réserves en hydrocarbures

Cela fait vingt ans que Daniel avertit les autorités du risque sismique en Haïti, des dangers posés par les constructions anarchique et par la déforestation.

Avec sa femme Ginette, il a également étudié les gisements en hydrocarbures et en combustibles fossibles du sous-sol haïtien. «Nous avons relevé 20 sites pétrolifères», expliquait-il en 2008, assurant que les réserves pétrolifères d’Haïti étaient plus importantes que celles du Vénézuela. Une richesse qui augmente l'intérêt stratégique du pays. Pourquoi, dans ce cas, ces réserves ne sont-elles pas exploitées ? Pour Ginette Mathurin, «ces gisements sont déclarés réserves stratégiques des Etats-Unis d’Amérique».

L'aide américaine en question

Bien que saluée, l'aide massive des Américains envers Haïti - où la secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est rendue samedi - a suscité de nombreuses questions. Lundi, Alain Joyandet a demandé à ce que le rôle des Etats-Unis soit précisé par l'ONU. «Il s'agit d'aider d'Haïti, il ne s'agit pas d'occuper Haïti, il s'agit de faire en sorte qu'Haïti puisse reprendre vie», a estimé le secrétaire d'Etat à la coopération sur Europe 1. De son côté, le président sandiniste du Nicaragua Daniel Ortega, connu pour ses positions anti-américaines, n'a pas hésité à déclarer : «On est en train de profiter d'un drame pour installer en Haïti des troupes américaines qui ont déjà pris le contrôle militaire de l'aéroport».

Les Etats-Unis assument de facto la coordination des secours sur place et contrôlent l'aéroport de Port-au-Prince. Ils ont déployé une aide massive après le séisme : 48 millions de dollars apportés au fonds du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, un projet de pont aérien entre Haïti et les Etats-Unis et des centaines de spécialistes sur le terrain. Un navire commercial est attendu lundi au port des Cayes avec une cargaison de farine et d'huile végétale susceptible de nourrir 130.000 personnes pendant 30 jours. Enfin, le porte-avions nucléaire Carl Vinson, avec 19 hélicoptères à bord, et plusieurs autres navires militaires amarrés à proximité de Port-au-Prince, servent de base logistique.

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